Valoriser la danse basque et sa transmission
L’école participe à la transmission de la danse basque, parfois directement grâce à des intervenants extérieurs venant apprendre les bases des pas aux jeunes élèves, ou indirectement grâce à des projets pédagogiques interdisciplinaires autour de la culture. L’école est une cellule sociale en interaction avec la communauté villageoise ancrée dans la vallée. Ainsi, le milieu scolaire est d’abord en relation avec le village. L’école est souvent au cœur du bourg et considérée comme le poumon du village : à Barcus par exemple les enfants que j’ai rencontrés à l’école de danse étaient profondément affectés face à l’éventuelle fermeture de leur école. Dans ce cas l’école est au centre des conversations des adultes et l’un des sujets principaux du discours de Kabana cette année là en 2016. Par conséquent, il s’agit également d’un sujet préoccupant les enfants. Prenons maintenant l’exemple de Licq, l’école de danse donne ses cours dans la salle communale située dans la cour de l’école : les deux sont donc proches géographiquement mais aussi socialement. Les enseignants de l’école de danse utilisent l’Association des parents d’élèves ou sollicitent directement l’institutrice pour faire passer des informations relatives aux sorties des jeunes danseurs par exemple. Mixel Etxekopar112 m’explique lors de notre entretien :
Mes jeunes témoins mettent souvent en relation l’école et l’école de danse. Ils connaissent souvent leurs camarades de danse du milieu scolaire. Je demande à Élodie Bagolle113 lors de notre entretien si elle connaissait les autres enfants avant de venir à l’école de danse. Elle me répond : « Oui, la plus part car ils sont du village sinon pas les nouveaux, ni ceux des villages plus loin qui ont pas de cousin à Licq. Parce que si ils ont des cousins à Licq je les connais du fronton l’été ou des anniversaires ou comme ça. Sinon je connaissais ceux de l’école aussi. » Les relations sociales au sein du groupe de danse se basent également autour de l’école, le cour de danse étant en continuité de la journée d’étude. Leur sociabilité est construite principalement autour de cette structure durant la semaine, la danse prenant le relaie le week-end. Il était donc pour moi important de mettre en relation la transmission de la danse basque en Soule avec le milieu scolaire pour mieux comprendre son fonctionnement interne.
L’école publique et la culture régionale
La valorisation de la transmission de la danse basque et de son organisation en école de danse par village passe par le système éducatif scolaire. Intéressons-nous dans un premier temps à l’école publique. Depuis les années 1980, l’Éducation Nationale offre une plus grande place à la transmission de la culture locale, de la tolérance vers la mise en valeur. Les enfants scolarisés à l’école en Soule ont deux possibilités pour apprendre le basque : ils peuvent être soit dans une école bilingue où tous les enseignements scientifiques sont fait en langue basque ou soit dans une école primaire classique au sein de laquelle un professeur itinérant de basque passe une fois par semaine pour enseigner la langue aux élèves. Dans les deux cas, les élèves ont accès en plus ou moins grande qualité à l’apprentissage de la langue qui se fait souvent au travers de la découverte de la culture locale. La danse, le chant, le sport sont autant d’occasions d’acquérir du vocabulaire spécifique de façon ludique pour les enfants. Au collège, les élèves de Mauléon et de Tardets (les deux collèges publics de la vallée), ont la possibilité de continuer leur cursus en bilingue ou de suivre une option de basque de deux heures par semaine. En comparaison, la langue étrangère à l’école primaire est enseignée par le professeur des écoles titulaire du poste, choisissant entre l’anglais ou l’espagnol suivant sa spécialité, à hauteur de 1h par semaine. Les collégiens ont quant à eux quatre heures de langue étrangère par semaine similairement l’espagnol ou l’anglais à leur entrée en sixième.