Terrains et travaux pratiques Brésil-France

 Terrains et travaux pratiques Brésil-France 

Notre expérience et les enquêtes que nous avons pu mener tant dans notre région d’origine (Vallée du Paraíba), qu’en région parisienne, expliquent le choix des terrains que nous développerons dans ce chapitre. Nous aborderons sur les deux terrains des questions de coopération institutionnelle, nous considérerons les accords territoriaux et les acteurs des politiques publiques et des entreprises privées qui agissent dans les territoires dans le domaine des déchets. Convient-il de rapprocher les démarches ? Une modeste action de coopération entre la France et le Brésil l’a fait, nous entraînant dans cette tentative de regard croisé sur deux réalités distantes, mais qui gagnent à être analysées ensemble. D’une part, la modernisation de la gestion des déchets dans une étroite vallée industrielle enkystée entre les montagnes (Serras do Mar et da Mantiqueira) a supposé une organisation intercommunale forte, ainsi qu’un partenariat public- privé conséquent pour entreprendre les nouvelles structures. Volta Redonda, fleuron symbole de l’industrialisation du Brésil dut, comme Rio de Janeiro, se débarrasser de ses décharges, quels compromis obtint-elle de ses voisins ? la Fondation France-Liberté103. La France met les moyens et assure la prise en charge de la construction des locaux d’une coopérative de 300 Catadores à Belo Horizonte (l’ASMARE), ainsi que du suivi technique. Le succès de ce programme au Brésil conduisit à partir de 2009 à un échange dans le sens Brésil-France afin de transmettre l’expérience brésilienne de gestion de l’informel, d’abord à l’intercommunalité Saint -Denis-Aubervillers (programme financé par l’Ile-de-France). Trois rencontres animées par une demi-douzaine de Catadores, eurent lieu en région parisienne en 2009, 2010 et 2013. Mais trop d’asymétries entre les réalités française et brésilienne ne permirent ni des échanges concrets, ni la pérennité du projet. Cependant, ces visites sur des sites de déchets en région parisienne, les débats qui s’en suivirent et la participation à une enquête dans l’Essonne, ont alimenté notre réflexion sur la géographicité des déchets dans le tissu urbain d’un milieu métropolitain en rapide mutation. Le rejet continue des déchets en périphérie semble atteindre des limites, notamment parce qu e le cercle vertueux du recyclage commence à porter ses fruits.

Toutefois, c’est bien la multiplication des dialogues et des échanges d’expériences qui ont permis de nourrir ce travail. La prise en compte des parcours individuels et des trajectoires collectives autour des questions d’aménagement et de services publics ont alimenté la communication entre les praticiens, les universitaires et les travailleurs ; ainsi, les documents cartographiques que nous avons réalisés ont toujours été de bons objets de transaction et de dialogue. Les deux parties de ce chapitre font écho à notre travail de terrain qui outre les entretiens menés, comporte une grande part d’outils cartographiques qui ont favorisé les échanges avec nos interlocuteurs, en particulier sur les qu estions d’échelles et les emboîtements des organisations territoriales. Le terrain le plus détaillé, concerne les enquêtes effectuées dans la Vallée du Paraíba entre 2012 et 2014 au moment de l’installation de la nouvelle décharge qui a relancé quelques-unes des pratiques des aménageurs. L’autre terrain constitue un élément de travaux pratiques lié à une démarche entamée avec une équipe pluridisciplinaire de l’Université de Marne la Vallée (Defalvard, Negrao et la grande banlieue parisienne pour évaluer les possibilités d’insertion d’un secteur informel au cœur des activités de recyclage.

Comme pour Rio de Janeiro, la problématique des déchets de cette région montagneuse fortement marquée par l’industrie, a trait à la recomposition territoriale due à l’ouverture d’un nouveau site d’enfouissement technique , le CTRS de Barra Mansa. Celui-ci a été dimensionné pour recevoir les déchets des 880 000 habitants de cette vallée industrielle du moyen Paraíba et ce, dans le cadre du programme Lixão Zero (Zéro décharge sauvage) de fermeture des anciennes décharges municipales. métropole, a commencé avec le déclin du café et les débuts de l’industrialisation de l’ère Vargas, lors de la construction de la Compagnie sidérurgique nationale, CSN (Companhia Siderurgia Nacional). Jusqu’à la fin des années 1980, l’industrie se concentrait autour de cette sidérurgie, quasiment sur le seul territoire de la ville de Volta Redonda, toutes les autres municipalités du Médio Paraíba de Rio de Janeiro restant essentiellement rurales. Le tournant qui a conduit à l’émergence d’une deuxième métropole à Rio de Janeiro serait la privatisation de la CSN qui avait, dans un premier temps, provoqué une période de crise sociale et économique entraînant une réduction drastique de ses effectifs et la réorganisation de ses opérations. La conséquence de ce changement a été la désarticulation et la fermeture du réseau de fournisseurs locaux qui a provoqué, à son tour, des licenciements dans quasiment tous les secteurs de l’économie municipale, bien au -delà du secteur industriel (Bentes, op cit).

 

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