APPROCHE GENETIQUE ET EVOLUTION DE LA CULTURE
L’approche génétique de la culture nous permet d’approfondir le changement. Après une comparaison entre le processus de changement, le processus de conception et le processus de décision et le processus, nous montrons en quoi le changement est une démarche de résolution de problème. L’apport de l’Ecole de Palo Alto est mis en exergue dans le rôle de l’apprentissage dans le changement. Nous terminons cette section par le changement dans le contexte socioculturel et le changement culturel. L’approche génétique va nous permettre de ressortir des principes d’action pour prendre en compte la dimension socioculturelle dans la conduite du changement par la qualité. Nous avons vu dans la 1e partie que Tylor, déjà dans sa définition nous fait part que la culture est un résultat de la vie sociale, donc, sans société il n’y a pas de culture. L’acquisition et l’insertion dans une culture sont donc dues à la vie sociale. Dans la même définition Tylor, introduit l’aspect de mouvement dans la culture en mettant en évidence que la culture n’est pas statique et qu’elle peut ajouter, modifier ou éliminer des éléments et ils y seront acquis par tous les membres d’une même culture. Pour THEVENET et VACHETTE, la culture se construit tout au long de l’histoire en réaction à des problèmes d’environnement et de cohésion interne. « La culture résulte et se développe selon un processus d’apprentissage. La culture change tout au long de l’histoire au fur et à mesure de sa confrontation à des problèmes nouveaux au sein de l’entreprise. » [THEVENET et VACHETTE, 1992, p 206]. De même, pour DEMORGON, une culture est une dynamique d’ensemble qui conjugue passé, présent et futur. « Une telle genèse culturelle a opéré et opère à partir de l’ensemble des activités humaines, qu’elles soient religieuses, politiques, éthiques, scientifiques, artistiques ou techniques. [DEMORGON, 2000, p. 12]. HOFSTEDE considère que la culture est un acquis, pas un héritage; elle provient de l’environnement social d’un individu, pas de ses gènes. « La culture doit être distinguée à la fois de la nature humaine et de la personnalité individuelle même si les frontières entre ses trois concepts font toujours l’objet de discussions entre les experts des différentes sciences sociales. » [HOFSTEDE, 1994, p.20]. HOFSTEDE distingue à cet effet trois niveaux de la programmation mentale humaine.
Quant à YANEZ, il estime que le mouvement de la culture se manifeste par sa dynamique constante qui assure sa continuité aussi bien que ses changements. « La dynamique propre de la culture peut être interne et aussi externe. Ça veut dire que la dynamique de la culture peut se manifester par des raisons propres à elle-même ou qu’elle peut être le résultat d’un contact avec une ou plusieurs autres cultures. » [YANEZ, 1999]. DEMORGAN (2000), met bien en exergue cette dynamique lorsqu’il dit : « Si les cultures sont désormais plus présentes les unes aux autres qu’elles ne l’ont jamais été, les humains ne disposent pas encore des conceptions permettant de contribuer à leur coexistence certes toujours problématique mais qui pourrait être plus évolutive, dynamique et inventive. » [DEMORGON, 2000, p. 10]. Cet auteur souligne que la culture peut nous permettre d’agir et de penser « Les cultures doivent d’abord être considérées non comme des produits du passé en voie de disparition mais comme des matrices d’action et de pensée qui se testent en fonction des contraintes nouvelles. » [DEMORGON, 2000, p. 10]. Et l’auteur de continuer : « Une culture vit tout autant à travers ses stratégies et ses formations nouvelles qu’à travers ses formations antérieures. » [DEMORGON, 2000, p. 10]. De ce qui précède, nous pouvons conclure qu’en ce qui concerne la modélisation génétique : la culture est dynamique, elle résulte et se développe selon un processus d’apprentissage.
Changement, processus de décision et de conception
GIDEL a travaillé sur les processus de décision dans les projets de conception de produits nouveaux. Il a mis en parallèle le processus de décision [SIMON, 1977-1980], le processus de résolution de problème [DEWEY, 1910] et Processus de conception de produit [AOUSSAT, 1990]. Pour GIDEL, le processus de décision et de conception commence par l’étude de « ce que nous avons », c’est « la situation perçue ». Elle est confrontée à « ce que nous voulons», ce sont «les finalités ». Cette confrontation, Jean-Louis Le Moigne [1995, p.132] parle de mise en rapport. [GIDEL, 1999, p 85 ]. conséquence d’une logique extérieure à l’homme, que cette logique soit d’ordre économique, écologique, biologique, culturelle ou morale » [Crozier et Friedberg, p 328, 1977]. Dans le même sens, considérant le changement comme un problème, les chercheurs de l’école de Palo Alto [DILTS, 1994, p. 22] s’en inspirent dans leur modèle de changement et leur démarche de résolution de problème et proposent leur formule : Etat présent + Ressources = Etat désiré. Pour [DILTS, 1994, p. 24], voici comment créer les conditions de changement : toutes les interférences en utilisant ces ressources. Nous pouvons mettre en parallèle les processus de décision [GIDEL, 1999] et de résolution de problème [DILTS, 1995]. En effet, la réalité perçue (ce que nous avons) correspond à l’état présent, les finalités (ce que nous voulons) correspondent à l’état désiré et l’objectivation correspond aux ressources.