ANALYSE DE LA PROSPECTIVE EN REGION CENTRE
Nous avons vu précédemment que la pratique de la prospective nécessite, pour être riche, complète et enrichissante pour les participants, des bases méthodologiques et conceptuelles pouvant parfois être complexes à mettre en œuvre. En effet, le recensement des acteurs et les contacts téléphoniques nous ont amenées à nous interroger sur l’adéquation entre le type de structure et les pratiques de la prospective. Ce raisonnement nous a conduit à la problématique générale suivante : est-ce que toutes les structures, des plus petites aux plus grandes, pratiquent la prospective territoriale d’une manière homogène? Les homogénéités pouvant se rapporter aux types de structures, aux types de documents produits ainsi qu’à leur méthode d’élaboration, aux responsabilités et aux compétences. C’est-à-dire, est-ce que toutes les structures élaborent leur document de la même manière ?Pour répondre à cette problématique, deux approches ont été menées en parallèle. La première est une analyse « verticale » des structures et la seconde une analyse « horizontale » des structures. L’approche « verticale », est un terme spécifique à la comparaison de différents échelons territoriaux. Dans ce cas précis, nous étudierons une région, un département et une commune. Nous avons choisi la formulation « verticale », puisque nous sommes dans un domaine d’administration française où l’on associe facilement échelons territoriaux avec échelons hiérarchiques comme dans une administration à proprement parler. Il s’agit de descendre échelon par échelon, en comparant leurs méthodes et pratiques, ici en termes de prospective. L’intérêt de cette démarche réside dans le fait que nous considérons que pour chaque échelon, il existe un registre de compétences et de responsabilités qui lui sont spécifiques. Ainsi, leurs approches de l’exercice prospectif peuvent être différentes, puisque les intérêts et pratiques de chacun sont distincts. Notre exercice consiste à vérifier si ces distinctions ressortent lors de l’élaboration d’un document prospectif, et ainsi savoir si à chaque échelon territorial correspond une méthode de prospective territoriale. Mais aussi, définir quels paramètres peuvent entrer en considération.
L’approche « horizontale » consiste, quant à elle, à étudier plusieurs structures appartenant au même échelon territorial. Au premier abord, à la différence de l’approche « verticale », nous pouvons penser que les structures d’un même échelon territorial fonctionnent sur un modèle identique. Dans cette analyse, au travers de l’exemple des pays nous tenterons de répondre à la question suivante : l’exercice de la prospective territoriale est-il traduit de la même manière au sein d’une même échelle territoriale ? Tous les pays se posent-ils la question de prospective de la même manière ? Ces deux entrées nous apporteront une vision globale de la pratique de la prospective. Ainsi, l’analyse de ces deux approches est un enjeu important en prévision de la préparation et de l’animation de la réunion prévue par la DATAR au mois d’octobre 2010 puisque les différentes structures présentes devront échanger et capitaliser leurs expériences. Afin d’essayer de vérifier notre hypothèse, nous nous appuierons sur trois documents identiques, en terme d’exercice, c’est-à-dire que nous nous servirons dans ce cas, d’Agenda 21. Celui-ci n’est pas un document spécifique à un échelon territorial, en effet, on ne peut pas associer un Agenda 21 à une échelle, comme un SCOT ou un PLU peuvent l’être aux communautés de communes. Ces Agenda 21 ont été produits par trois types de structures : tout d’abord la région Centre, le département de l’Eure-et-Loir et enfin la commune d’Orléans. Chaque structure a produit un document unique, initialement dans le même but, dans un souci de développement durable. A nous maintenant de vérifier si les méthodes appliquées lors de leur élaboration sont identiques. Les enjeux sont similaires mais le public et le territoire visés sont différents, de par leur taille et leurs moyens humains et techniques.
Agenda 21, un document prospectif ?
L’Agenda 21, est un document planifiant des actions en faveur du XXIème siècle. Lors du sommet de la Terre en 1992 à Rio, 173 chefs d’Etat l’ont adopté, dont la France. Celui-ci énonce les différents secteurs dans lesquels le développement durable s’applique pour les collectivités territoriales. Il doit réunir des recommandations dans divers domaines tels que la pollution, l’énergie, la gestion des déchets… L’Agenda 21 local découle d’un chapitre de l’Agenda 21 de Rio, dans lequel il est précisé que les collectivités territoriales sont amenées à mettre en place un programme d’Agenda 21 à leur échelle en intégrant le principe de participation de la population.