Personnel : de la valeur de l’argent à celle de l’intelligence et du lien à l’autre
La question du sens et les critères de motivation seront certainement appelés à évoluer pour refléter l’évolution du rôle de la banque dans la société et par conséquent les impacts pour son personnel mais aussi de son écosystème coopérant avec (cas du crowdsourcing par exemple déjà intégré par ailleurs). De nouvelles compétences (cognitives, relationnelles et communication, stratégiques et organisation, attitudes) seront nécessaires avec l’IA (Athling, 2017). La cohabitation entre personnel (qui pourra par ailleurs être augmenté si c’est éthiquement et socialement acceptable), cobotique57 et tout impact de l’algorithmique et de l’IA auront des impacts conséquents sur le personnel même si la banque est a priori moins concernée que d’autres branches par l’industrie 4.0. Dans cette société transformée par la robotique, le rôle de l’humain et le relationnel avec une intelligence situationnelle devrait rester fondamental.
Organisation : apport de l’holacratie et des courants de management que d’aucuns disent appliqués par les GAFA notamment et des travaux en organizing
L’holacratie est un système d’organisation de la gouvernance, qui est fait de façon très formalisée pour permettre de générer de l’intelligence collective. Les équipes sont auto-organisées un peu comme chez Google avec des cercles qui ont une raison d’être et une finalité. Ses bénéfices sont la motivation des acteurs du fait également d’une plus grande transparence. Dans l’holacratie (Robertson, 2016), (Laloux, 2015), les ressources ne se limitent pas aux personnes. Ce sont également par exemple un bureau, un local. Le budget participe à la réalisation d’un rôle. Il s’agit de la parfaite adéquation avec la mission à accomplir avec le cas échéant des ajustements (formation, coaching, montée en compétence, binôme) et des itérations, de l’arbitrage. Ceci permet de rendre les organisations plus claires, de mieux appréhender leur environnement avec différentes vues. On rejoint aussi des apports des méthodes agiles58 comme Scrum (dont les piliers sont la transparence, l’inspection, l’adaptation) faites pour conduire le changement avec des sprints, c’està-dire une période courte (typiquement 2 à 4 semaines) où l’équipe avec le product owner et le scrum master se focalisent sur des tâches à réaliser. Ceci permet d’itérer vite en ayant rapidement des retours sur ce que veulent les clients, utilisateurs, etc. et évitant l’effet tunnel pour réajuster rapidement. Elles ont été inspirées par les règles de base des commandos où il convient d’être en mouvement, faire simple avec peu de règles et des équipes dédiées car l’ennemi bouge et peut intervenir par surprise. Ceci est complété par des points quotidiens de quelques minutes (stand-up meeting) avec un bilan de ce qui a été accompli la veille dans le cadre du sprint, ce qui est prévu aujourd’hui et les obstacles à franchir, ce qui permet de partager collectivement et de trouver des solutions. La vision de Scrum peut être couplée avec une vision kaizen d’amélioration continue. Elle est cependant axée sur les idées et les interactions alors que les méthodes se focalisent sur les procédures et les outils. La question est de donner une agilité à la méthode en se basant sur les apports respectifs59 . En tout état de cause, ces outils agiles peuvent être utilisés par l’organisation et au service de la transformation digitale. Des outils comme Slack, Trello, Symphony, Teams de Microsoft ou Holaspirit permettent de mettre en œuvre des techniques de travail collaboratif. Les working spaces qui pullulent à San Francisco permettent également à des start-up et tout un écosystème de se côtoyer et de se challenger, par exemple le fait d’une fintech de pouvoir avoir un regard croisé sur son pitch ou son business model de la part d’une start-up. Au-delà, la question des échanges, de leur qualité et de leur fluidité est essentielle pour la collaboration, les outils numériques n’étant que des moyens. Philippe Pinault60 indique que « Quand on ne comprend pas, on a tendance à se modérer. La culture qui n’autorise pas l’erreur nous restreint dans la tâche que l’on nous a demandé de remplir, ce qui constitue un obstacle à l’intelligence collective ».
Offre : nouveau rôle sociétal de la banque pour des usages différents
Outre la confiance qui demeurera essentielle dans la relation avec la banque, la question des cryptomonnaies pourra constituer un facteur disruptif pour l’offre des banques. En décembre 2015, Hyperledger61 (Cachin, 2016), projet open source basé sur la blockchain et inspiré par les cryptomonnaies, a été initié par la fondation Linux. Il comprend des briques modulaires (projets hyperledgers). De nombreuses entreprises sont partenaires comme IBM, Intel, Cisco, JP Morgan, SWIFT, Baidu, American Express, Fujitsu, SAP, Accenture, etc. L’objectif est la conception d’un système plus sûr et plus fiable pour négocier les actions et autres actifs. Plusieurs entreprises et banques ont annoncé s’appuyer sur Hyperledger pour bâtir leur propre système (Oracle, le London Stock Exchange Group, The Royal Bank of Canada). Un tel projet pourrait être de nature à placer les établissements bancaires dans deux catégories, ceux qui rejoignent le projet et ceux qui effectue un projet équivalent de façon autonome et en ne bénéficiant pas de la dynamique de la taille. Ce peut être à l’image des réseaux de cartes bancaires où des solutions universelles cohabitent avec d’autres propriétaires. (Beaudemoulin & al, 2017) pointe les limites actuelles de l’utilisation de la blockchain pour les banques : 1. Le système de confiance distribué, gage de sécurité, va à l’encontre du principe d’imputabilité en cas de litige avec un client par exemple ; 2. La blockchain est dépendante de quelques codeurs et de fermes de minage concentrées ; 3. La transparence pour la traçabilité des opérations est en opposition avec le secret des affaires (transactions par rapport aux concurrents) ; 4. L’anonymat va à l’encontre de l’identification des acteurs dans les politiques de lutte contre le blanchiment de l’argent et de financement du terrorisme. Ces limites se traduisent par une inadaptation des blockchains publiques pour des activités bancaires régulées. Il conviendrait de concevoir une blockchain publique qui inclue les spécificités du secteur financier intégration les questions de supervision.