La notion de « Mime » grec antique
De nos jours, le terme « mime » signifie : a. L‟artiste qui interprète son rôle par les mouvements du corps, c‟est-à- dire bannit le discours articulé et s‟exprime uniquement grâce au langage corps et les mimiques sans avoir recours à la parole6. » En effet, dans l‟art dramatique actuel, il n‟y a pas de limite nette entre le mime et la pantomime. L‟opposition entre mime et pantomime se fonde sur une question de stylisation et d‟abstraction. Le mime tend vers la poésie, élargit ses moyens d‟expression, propose des connotations gestuelles que chaque spectateur interprètera librement. La pantomime dénote fidèlement le sens de l‟histoire montrée7. Au sujet de ce genre particulier et captivant d‟art théâtral, le théâtrologue grec Alexis Solomos nous dit qu‟il plonge ses racines aux origines de l‟humanité : « Il est né en même temps que le monde et que le l‟humanité9. » Les chercheurs nous donnent l‟étymologie du mot « mime » : il est issu du grec κίκνο (mimos) qui signifie « imitateur » et est lié étymologiquement au verbe κηκνχκαη (mimoumé) qui signifie représenter et condensées sur la signification de ce terme pour les anciens Grecs, que nous trouvons dans les dictionnaires de grec ancien, prêtent à ce mot des sens très simples : 1. Celui qui imite la voix de quelqu‟un d‟autre : « … γιώζζεο απηήο Φσθίδνο κηκνπκέλσ » (glossis aftis fokidos mimouméno) = nous imiterons l’accent phocidien (Eschyle, Les Choéphores, 564)13, « … Κνύξαη Γειηάδεο … πάλησλ δ΄αλζξώπσλ θσλάο θαί θξεκβαιηαζηύλ κηκεïζζαη ίζαζηλ » (Kourai Diliades … panton d‟anthropon fonas kai krembalistin mimeïsthai isasin) = Les jeunes Déliades qui savent bien avec des cymbales imiter les voix de tous les hommes (3e hymne créé par les Doriens de Sicile21. Comme nous le constatons dans les interprétations sémantiques ci- dessus, trois éléments fondamentaux constituent la notion de « κίκνο » : 1) L‟imitation comme représentation, 2) L‟imitation (le mime) comme performance, et 3) Le Mime comme genre de texte dramatique.
En accord avec ces éléments – éléments fondamentaux qui définissent Le mot « κίκνο », qui fut entendu pour la première fois dans les colonies doriennes de Sicile, signifiait à l‟origine une courte œuvre dialoguée, en « La comédie a atteint son apogée comme genre littéraire en deux endroits de la Grèce à partir de deux racines différentes : en Sicile, à l‟époque où cette île, sous l‟autorité de tyrans ambitieux et puissants, a connu la période la plus belle mais la plus brève de son épanouissement, et à Athènes vingt ans plus tard, quand la démocratie a atteint son apogée24. » (Wilamowitz-Moellendorff, 2003) Les créateurs de ce genre littéraire étaient Épicharme, Sophron, Xénarque et Phormis. Les premiers stades de la comédie sicilienne furent « les jeux facétieux des bouffons », c‟est-à-dire des épisodes comiques sans intrigue particulière, que présentaient des bouffons sur les marchés ou dans les maisons des riches, sous forme soit de pantomime, soit de chant improvisé, soit de texte en prose. Elle apparut d‟abord à Sparte, Mégare, forme proprement philosophique. Platon, admirateur d‟Épicharme et de Sophron, emprunte le style dialogué des mimographies siciliennes en vue de rédiger ses thèses philosophiques Ŕ exemple que suivront d‟autres philosophes Ŕ mais également la notion d‟imitation, et le mime devient ont éclipsé les auteurs28. Désormais les auteurs de tragédie donnent davantage de poids aux péripéties de l‟intrigue. Leurs œuvres sont des « tragi-comédies romantiques ». La récompense du juste et le châtiment du méchant constituent l‟éthique et l‟esthétique de l‟époque. Aristote, critiquant les œuvres des auteurs de son époque, dit que « … αθνινπζνχζη γαξ νη πνηεηαί θαη‟ επρήλ πνηνχληεο ηνηο ζεαηαίο» (akolouthousi gar oi poiitai kat‟efchin poiountes tois theatais) (Aristote 1453 α,35), c‟est-à-dire que les poètes suivent le public en écrivant ce qui lui plait. Ainsi, l‟acteur est primordial et la représentation repose plus sur sa virtuosité que sur celle de l‟auteur « … δύλαληαη ησλ πνηεηώλ λπλ νη ππνθξηηαί» (dinantai ton poiiton nun oi upokritai) (Rhétorique III 1403b, lesquels seront ensuite reproduits ou modifiés par d‟autres30. Malheureusement, cette identification a conduit de nombreux chercheurs à la conclusion erronée que le mime romain est une variante du genre dramatique du Mime qui s‟est développé en Sicile. Ce point de vue est arbitraire parce que, tant dans la comédie sicilienne que dans le Mime de l‟époque hellénistique qui en est issu, nulle part on ne voit le mime interprète Ŕ c‟est-à-dire le comédien des Mimes Ŕ improviser par la danse ou le mouvement, en supprimant la partie dialoguée ou en faisant autre chose que ce que demande le sujet de la pièce.