La farce dorienne
Un genre de farce, où les acteurs présentaient des scènes comiques improvisées, sans intrigue particulière, dans des lieux organisés de façon sommaire, se développa dans les régions doriennes de la Grèce (Sparte – Mégare), d‟où son nom de farce dorienne. La tragédie, la comédie et le drame satyrique, en suivant les étapes naissance-croissance-décadence, aboutirent à une forme technique et scénique stable (masques, costumes, etc.). Au contraire, la farce dorienne improvisée n‟eut pas une évolution aussi noble. Ce genre de représentation, au cours de tous ses siècles d‟existence, ne s‟écarta que très peu de la forme première sous laquelle il était apparu – et qui consistait à ridiculiser les gens par des moqueries et des railleries graveleuses. Il continua jusqu‟à la fin de son histoire à présenter de courtes scènes comiques qui reproduisaient des instantanés de la vie quotidienne, faisaient la satire d‟individus et de coutumes, ou bien parodiaient et démystifiaient des épisodes de la mythologie395. Les scènes que jouaient les interprètes de la farce dorienne, les mimes, étaient essentiellement improvisées. Les sketches de ces mimes contenaient des plaisanteries grossières et des obscènités débridées, dont le but immédiat était de faire rire396. Dion Chrysostome mentionne397 : « …γέισηάο ηε ἀθξάηνπο θαὶ ηνηνύηνπ γέισηνο πνηεηὰο κεηὰ ζθσκκάησλ, ἐκκέηξνπ ηε θαὶ ἀκέηξνπ… = par leurs obscénités en prose ou en vers, les poètes suscitent des rires incoercibles. » Quinze siècles plus tard, en 1548, Thomas Silibert comparera les farces ou « sotties » françaises aux Mimes, parce qu‟elles utilisaient les mêmes moyens et avaient le même objectif, susciter le rire : « Le vrai sujet de la farce ou sottie française sont badineries, nigauderies et toutes sorties esmouvantes à ris et plaisir… Nos farces sont vraiment « Ils jouaient et moquaient comme ils voulaient, là où ils voulaient, qui ils voulaient et quand ils voulaient. Comme c‟étaient de simples amuseurs populaires, ils n‟attendaient pas les grandes fêtes civiles et religieuses (Dionysies, Lénéennes) pour faire leur apparition, mais jouaient toute l‟année. Et comme ils étaient dispensés de l‟obligation d‟avoir de la Danse (contrairement à la tragédie et à la comédie), ils pouvaient donner des représentations n‟importe où. Des tréteaux de bois improvisés, un croisement, une place, une fête populaire, mais aussi une dorienne, au 4e siècle av. J.-C., furent appelé mimes. Cependant la catégorie mime recouvre une multitude d‟artistes divers, différents et hétéroclites tels que : dicélistes, skeuopioi, mimetai, phallophores, autokabdaloi, phlyaques, sophistes, ithyphalles, éthélontes, biologues, arétologues, éthologues, hilarodes, lysiodes, magodes, etc.
Ceci s‟est produit à cause de l‟incapacité des spécialistes à classer en du plane403. Ce qui constituait le critère commun fondamental de regroupement de tous ces artistes en une catégorie était – contrairement aux autres genres de représentations (comédie, tragédie) – non la nature de leur art, mais la classe sociale des spectateurs auxquels ils montraient leur art. Alors, comme la majorité des spectateurs était les petites gens du peuple, ces spectateurs eux-mêmes constituèrent le critère, de sorte que dans la catégorie « mime »404. La principale tentative de détermination du genre du mime fut faite par Helmut Wiemken. Il sortit le mime du cadre des cultes et des cérémonies, en le soustrayant du genre de représentations qui s‟y rattachent. Il en écarta aussi les formes liées à la poésie ïambique, considérant qu‟elles sont davantage en rapport avec la comédie attique. D’ailleurs, comme l’observe Reich, les troupes des cérémonies rituelles n’ont rien à voir avec les mimes mais sont de nature complètement différente. Ces troupes se présentent d’abord comme un choeur que mène un exarchonte, elles commencent par danser avant de chanter un chant choral dans une langue littéraire raffinée. Ensuite elles se mettent à ridiculiser et moquer différentes personnes du public. Et le lieu de leur action est de toute façon l‟orchestra du théâtre. Au contraire, les mimes ne se présentent jamais comme un choeur, mais un par un ou en très petit groupe. L‟ensemble de leur spectacle ne contient aucun choeur et bien sûr ils n‟ont pas non plus d‟exarchonte. Leur jeu ne se situe pas dans l‟orchestra du théâtre mais ils présentent leurs spectacles n‟importe où Ŕ sur une place, dans une salle de banquet, à un carrefour et même sur la scène des théâtres Ŕ et ce à n‟importe quel moment de l‟année, c‟est-à-dire indépendamment des dates des fêtes et cérémonies religieuses. Dans une des Lettres de paysans d‟Alciphron.