Traumatologie du sport

Traumatologie du sport

– la plainte concerne une sensation immédiate de douleur, d’inconfort ou de perte de fonction musculosquelettique secondaire à un transfert d’énergie isolé au cours d’une pratique sportive dont les qualités et/ou l’intensité sont ressenties comme discordantes avec l’état physiologique. L’examen clinique objective une perte ou une dysfonction d’une structure musculosquelettique secondaire à ce traumatisme isolé, répondant à une classification nosographique. On parle alors de macrotraumatisme (ou sports injury en anglais) (10). Par définition, il s’agit d’évènements « aigus » difficilement prévisibles. Cela regroupe par exemple les entorses, fractures ou luxations articulaires. Les mesures de prévention consistent à éviter l’expérience traumatogène en sécurisant l’environnement ou l’équipement (exemple : protège-tibia au football) et à augmenter le potentiel de résistance de l’appareil musculosquelettique à une contrainte isolée (exemple : échauffements) ; – la plainte concerne une sensation progressive de douleur, d’inconfort ou de perte de fonction musculosquelettique secondaire à des épisodes répétés de charges / contraintes physiques au cours d’une pratique sportive, sans période de récupération adaptée, dont les qualités et/ou l’intensité sont ressenties comme discordantes avec l’état physiologique. L’examen clinique objective une perte ou une dysfonction d’une structure musculosquelettique secondaire à ces traumatismes répétés, répondant à une classification nosographique. On parle alors de microtraumatisme (ou sports disease / overuse syndrome en anglais) (10). Ces traumatismes ont une installation longue et s’accompagnent de symptômes précurseurs. Selon la résilience individuelle de l’athlète, le diagnostic peut donc être aussi précoce que tardif. Cela regroupe par exemple les tendinites, conflits articulaires ou encore les fractures de fatigue. Les principales mesures de prévention sont axées sur la prévention de la « fatigue » sportive avec des temps de récupération suffisants et une diversification de la pratique (en évitant la répétition de mouvements schématisés ou en améliorant l’équipement).

Dans la littérature scientifique, la notion de traumatisme sportif peut alors répondre à plusieurs définitions : la simple plainte formulée par le sportif, le recours à une consultation médicale ou encore une définition axée sur le nombre de jours « perdus » (11). Dans notre étude, nous avons considéré le traumatisme sportif comme un recours à l’équipe médicale pour une des situations décrites précédemment. La blessure sportive peut impliquer toutes les composantes du système musculosquelettique, répondant chacune à des contraintes différentes : os, ligaments, tendons, muscles ou encore cartilages. Elle varie en fonction des activités en cause mettant en contrainte des segments musculosquelettiques différents. Dans l’armée française, l’étiologie la plus fréquente semble être l’entorse de cheville (3).  La prévention primaire en traumatologie du sport fait intervenir la notion de facteurs de risque intrinsèques (propres à l’individu) et extrinsèques (dépendants du contexte et de l’environnement). Ces catégories, modifiables ou non, augmentent de façon isolée ou conjointe le risque traumatique global : un individu « à risque » peut être plus « susceptible » d’être victime d’un traumatisme si l’environnement y est propice. La connaissance de ces facteurs de risque permet une action de prévention et de surveillance ciblée sur les populations à risque et d’intervenir précocement, en amont du traumatisme.  Il existe en premier lieu les conséquences médico-psychologiques en cas de guérison partielle avec non-retour à l’état antérieur, entrainant notamment une diminution de la qualité de vie. Dans les cas plus graves, le traumatisme sportif peut être à l’origine d’un handicap voire d’un décès. Dans une revue de la littérature s’intéressant aux conséquences des traumatismes musculosquelettiques, Maffuli et al. retrouvaient des conséquences directes des traumatismes chez les athlètes (comme l’arthrose dans les traumatismes de hanche, de genou et de cheville ou des limitations d’amplitude d’épaule après microtraumatismes) mais aussi des séquelles après les thérapeutiques (méniscectomie à risque de gonarthrose à long terme, diminution de l’activité sportive après traitement conservateur de rupture de ligament croisé antérieur) (15).

L’impact est également économique avec des journées de travail « perdues » (arrêt de travail ou accident de service dans le cadre du traumatisme en service). Par ailleurs, cela peut mener à une inaptitude temporaire voire définitive entrainant une adaptation du poste habituel ou un changement de poste. En Europe, 8,4 millions de personnes subissent un traumatisme sportif chaque année dont 5,4 millions consultent à l’hôpital pour ce motif. Cela correspond à un coût direct de santé de 2,4 milliards d’euros en 2012 (16). Dans les armées, cela correspond à un coût pour la Caisse Nationale Militaire de Sécurité Sociale (CNMSS) de 3,52 millions d’euros en 2011 pour une incidence de 4472 pour 100 000 PA. Ce chiffre est par ailleurs très probablement sous-estimé au vu du peu de description de pathologies microtraumatiques au sein de l’étude de Ressort et al. (3). Le parcours médical du militaire commence dès l’Expertise Médicale Initiale (EMI), aussi appelée visite de sélection. Elle est définie par l’instruction 1700/DEF/DCSSA/PC/MA de juillet 2014. Cette visite est préalable à la présentation d’un dossier pour rentrer dans l’armée. Elle a pour objectif d’évaluer l’aptitude d’un personnel civil à s’engager dans l’armée. Pour cela, un questionnaire médico-biographique (QMB, annexe 1) est rempli par l’intéressé, reprenant l’ensemble de ses antécédents personnels et familiaux, sa pratique sportive, ses habitudes toxiques (tabac, alcool ou autre). Un examen clinique complet est alors effectué avec mesure des données biométriques (poids, taille, tension artérielle, fréquence cardiaque). A cela s’associent des examens complémentaires standardisés (bandelette urinaire, mesure de l’acuité visuelle et du sens chromatique, électrocardiogramme). En fonction de l’évaluation médicale ou de la spécialité choisie, d’autres examens complémentaires peuvent être demandés (comme l’holorachis pour les personnels parachutistes).

 

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