Effets de la formation musicale sur la perception de l’anglais
Perception des contrastes vocaliques »
Le but de cette expérimentation est de déterminer si la pratique musicale induit une meilleure perception des contrastes vocaliques d’une langue étrangère. Chapitre VII – Effets de la formation musicale sur la pratique de l’anglais La Langue en Harmonie : influences de la formation musicale sur l’apprentissage précoce d’une langue étrangère
Variable indépendante « musique »
La variable indépendante « musique » est composée de deux modalités : le groupe d’enfants « musicien » G1 et le groupe d’enfants « non musiciens » G2 (voir 1.1.2.).
Variables dépendantes
En nous fondant sur l’analyse des interférences entre les contrastes vocaliques du français et de l’anglais (chapitre V, 3), nous avons réalisé une batterie de trois tests de perception, la batterie « Contrastes vocaliques » (pour une description détaillée, voir Volume II, annexe n°4.2.2. et pour leur écoute, CD2). Nous étudierons donc trois variable dépendantes (le tableau n°30 expose le plan expérimental de l’étude n°2) : • la variable dépendante « Voyelles NN », correspondant au test T6 ; • la variable dépendante « Voyelles N/NN », correspondant au test T7 ; • la variable dépendante « Diphtongues et triphtongues », correspondant au test T8. « Contrastes vocaliques » T6 « Voyelles NN » T7 « Voyelles N/NN » T8 « Diphtongues et triphtongues » Groupe G1 Groupe G2 Tableau n°30 : plan de l’étude n°2 (G1 pour « groupe musiciens » et G2 pour « groupe non musiciens » ; N pour natif et NN pour non natif). 2.2. Passation Les tests ont été administrés aux vingt-sept enfants composant notre échantillon dans les mêmes conditions que les tests de la batterie « Prosodie » (se reporter à la partie n°1.2.). Chapitre VII – Effets de la formation musicale sur la pratique de l’anglais La Langue en Harmonie : influences de la formation musicale sur l’apprentissage précoce d’une langue étrangère
Moyennes générales aux tests
les tests les plus discriminants « Contrastes vocaliques » T6 Voyelles NN T7 Voyelles N/NN T8 Diphtongues et triphtongues Moyenne 6,85 6,48 6,44 σ 2,14 2,15 2,45 Tableau n°31 : moyennes obtenues par l’ensemble des enfants aux trois tests de la batterie « Contrastes vocaliques » (N pour natif et NN pour non natif). Les épreuves de la batterie « Contrastes vocaliques » sont nettement plus difficiles (moyenne générale de 6,59 sur 10) que les épreuves de la batterie « Prosodie » (moyenne générale de 7,60 sur 10). La note moyenne générale des enfants concernant les trois tests « Contrastes vocaliques » est de 19,33 sur 30 , alors qu’elle était de 24,25 sur 32 (ramenée à 22,73 sur 30 dans un but de comparaison) pour les cinq tests « Prosodie ». L’épreuve T8 portant sur la discrimination des diphtongues et des triphtongues par rapport aux productions déviantes des francophones est la plus difficile des trois avec la moyenne la plus faible (m=6,44) et les notes les plus dispersées (σ =2,45), non seulement dans cette batterie, mais dans la première également (voir tableau n°31). Dans l’ordre des difficultés, viennent ensuite T7 (m=6,48), portant sur la discrimination des voyelles de l’anglais par rapport aux voyelles du français de timbre correspondant et T6 (m=6,85), portant sur la discrimination des voyelles de l’anglais. Les tests T6, T7 et T8 sont assez difficiles et peuvent se montrer discriminants. Chapitre VII – Effets de la formation musicale sur la pratique de l’anglais La Langue en Harmonie : influences de la formation musicale sur l’apprentissage précoce d’une langue étrangère
Est-ce qu’il y a transfert de compétence entre la pratique musicale et les résultats obtenus aux tests concernant les contrastes vocaliques ?
Pertinence du classement « Contrastes vocaliques » T6 Voyelles NN T7 Voyelles N/NN T8 Diphtongues et triphtongues Groupe G1 7,90 8,00 7,50 Groupe G2 6,23 5,58 5,82 F 4,28 10,88 3,18 p 0,0491 0,0029 0,0865 σ 2,14 2,15 2,45 Tableau n°32 : moyennes et signifiance des trois tests « Contrastes vocaliques » en fonction du classement retenu pour les tests de musique (G1 pour « groupe musiciens » et G2 pour « groupe non musiciens » ; N pour natif et NN pour non natif). Les trois tests T6, T7 et T8 se sont révélés difficiles pour les deux groupes. Mais, est-ce qu’ils permettent de faire la différence entre G1 et G2 ? L’analyse de variance révèle que oui (tableau n°32). On constate un effet de groupe significatif pour T6 (F(1,25)=4,28 ; p=0,0491) et T7 (F(1,25)=10,88 ; p=0,0029). Quant à T8, l’effet de groupe approche de la signifiance (F(1,25)=3,18 ; p=0,0865). Les deux premiers tests peuvent donc être considérés comme discriminants et le troisième approche la signifiance. Si on fait une analyse de variance sur les trois tests, on relève un effet de groupe très important (F(1,25)=9,57 ; p=0,0048). Les voyelles qui ont été utilisées dans le test T6 n’existent pas en français, elles sont toutes spécifiques à l’anglais et certaines ont des timbres très proches. Le fait d’avoir une oreille entraînée par la pratique musicale paraît aider à mieux discriminer les différences entre les contrastes vocaliques d’une langue étrangère. Le test le plus discriminant (T7) a été réalisé à partir d’une expertise des interférences qui pouvaient intervenir entre les voyelles du français et celles de l’anglais, en fonction de la proximité de leurs timbres (voir chapitre V, 2. et Volume II, annexe 3.5.2.). Le fait d’avoir une oreille entraînée semble combattre la « surdité phonologique déjà évoquée au chapitre V (1.2. ) et améliorer la perception des sons non natifs. Quant au test T8, il est le plus difficile des trois. Il est moins significatif que les deux autres car il a été moins bien réussi par les musiciens. Mais la moyenne de G1 est quand même nettement plus élevée (m=7,50) que celle de G2 (m=5,82). Une oreille entraînée permet donc de mieux faire la différence entre ces deux types de sons.