Écoute flottante (Définitions et analyse)

Écoute flottante

Définitions et analyse

En l’occurrence, l’anglais est plus riche que le français pour désigner ces phénomènes de communication de groupe (trois agents et plus). Deux termes reviennent souvent dans la littérature : eavesdropping et surtout overhearing. Voyons les définitions que nous en donne le dictionnaire MerriamWebster : 4.2.1 Eavesdropping DÉF. 4.1 – Eavesdropping. Listening secretly to what is said in private (trad. écouter secrètement ce qui est dit en privé). L’eavesdropping (que l’on peut qualifier d’écoute indiscrète) se distingue surtout par son caractère « illégal ». Il s’agirait par exemple pour la concierge d’ouvrir le courrier de ses locataires puis de le refermer, ou encore de mise sur écoute téléphonique. Dans le cadre de SMA, cela correspondrait plutôt à une sorte de suivi de l’activité du système depuis l’extérieur (par exemple par un opérateur qui surveille l’évolution de la situation). Cette notion implique donc un agent extérieur au fonctionnement normal du système et dont l’activité est inconnue du ou des locuteurs. 

Overhearing 

DÉF. 4.2 – Overhearing. Hearing without the speaker’s knowledge or intention (trad. entendre sans que le locuteur le sache ou ait l’intention qu’on l’entende) Si l’on s’en tient uniquement à cette définition de l’overhearing (que nous traduisons par écoute flottante) il pourrait sembler que l’écoute indiscrète soit une forme d’écoute flottante : le fait d’écouter implique bien d’entendre, le faire secrètement implique que le locuteur ne le sait pas, et le fait que cela soit privé implique que le locuteur n’a pas l’intention d’être entendu par un tiers. Pourtant, si on interprète quelque peu cette définition et si l’on étudie la manière dont ce terme est employé dans la littérature (voir par exemple [Dignum et Vreeswijk, 2003]) on se rend compte que l’écoute indiscrète ne peut pas être considérée comme une forme d’écoute flottante du fait de son caractère « illégal » (voir figure 4.1). En effet, avec l’écoute flottante le locuteur ne sait pas nécessairement qu’il est écouté et certains agents peuvent entendre ses messages sans qu’il en ait eu l’intention (ce qui est bien le cas avec l’écoute indiscrète), mais l’important est que le locuteur sache que cela est susceptible d’arriver. Les auditeurs restent dans la « légalité », autrement dit cela fait partie du fonctionnement du système. Si l’écoute indiscrète a lieu en dehors du fonctionnement normal du système de communication, l’écoute flottante, elle, en est un élément à part entière D’après la définition, deux cas d’écoute flottante sont possibles : (1) entendre sans que le locuteur le sache et (2) sans qu’il ait l’intention qu’on l’entende. Le premier cas peut s’illustrer par les exemples de quelqu’un arrivant dans une maison et disant « il y a quelqu’un ? », du système des petites annonces, ou encore d’une bouteille à la mer. Il s’agit de situations dans lesquelles le locuteur veut s’adresser à tous ceux susceptibles de l’entendre, mais sans qu’il les connaisse. Cela revient en quelque sorte à s’adresser à la cantonade. Dans le deuxième cas, le locuteur connaît un ou plusieurs tiers à qui il désire s’adresser en particulier, mais le mode de communication qu’il emploie fait que d’autres l’entendent sans pour autant que cela soit son intention. Ce genre de cas apparaît par exemple lors d’une discussion sur un forum électronique, ou tout simplement si l’on parle à voix haute avec quelqu’un dans le métro à une heure de pointe. 

Analyse 

Nous pouvons analyser ce qu’implique pour un agent A (agent au sens large, c’est-à-dire artificiel ou non) de se livrer à l’écoute flottante, c’est à dire « entendre sans que le locuteur le sache ou ait l’intention qu’on l’entende ». Perception Tout d’abord, A doit être capable d’« entendre », c’est-à-dire de percevoir dans l’environnement le phénomène qui correspond à cette communication. Cela peut prendre une multitude de formes : sonore, radioélectrique, chimique (phéromones chez les animaux) ou encore matérielle. Une fois passée cette étape, A est déjà en possession de certaines informations. Tout d’abord, A peut conclure que ce message a été émis par un autre agent B, l’écoute flottante peut donc avoir une fonction de découverte de l’existence d’autrui dans le système. De plus, selon le mode de communication utilisé et les connaissances de A, d’autres informations peuvent être obtenues à propos de B, comme par exemple une approximation de sa position actuelle dans le cas de communication sonore ou radioélectrique. Mais bien d’autres possibilités existent comme par exemple celle d’obtenir des informations sur la nature de B : on peut reconnaître l’espèce d’un oiseau à son chant même si l’on n’en comprend pas la signification. Enfin, si l’on peut faire l’hypothèse d’un émetteur B rationnel, A peut, en plus de celle de B, déduire l’existence d’un ou plusieurs récepteurs potentiels, ou du moins déduire que B croit à cette existence. Ces récepteurs peuvent d’ailleurs inclure A lui-même si l’on se trouve dans le premier cas d’écoute flottante : « entendre sans que le locuteur le sache » (voir plus haut).

Compréhension

Le plus souvent, l’agent A ayant « entendu » un message est capable d’en tirer plus que la simple existence d’un émetteur, d’un ou plusieurs récepteurs potentiels et quelques informations à leur propos. La théorie classique de la communication de Shannon (voir section 3.2) implique des fonctions de codage et de décodage. Si l’agent A connaît la fonction de décodage correspondant au message de B, il peut obtenir l’information qu’il contient (ou une partie de cette information si A ne connaît pas parfaitement cette fonction). Mais obtenir le contenu d’un message ne suffit pas pour pouvoir l’exploiter. Pour cela, il faut pouvoir attribuer un sens aux symboles obtenus, on rejoint en cela le concept de terrain commun de Clark (voir section 3.4.2). Entre des interlocuteurs « classiques » on peut considérer que le terrain commun s’établit graduellement au cours de la communication ou bien que les agents ont été dotés des connaissances nécessaires pour communiquer. Mais dans le cas de l’écoute flottante (et plus particulièrement dans le deuxième cas : « sans que le locuteur en ait l’intention ») le récepteur ne dispose pas nécessairement des informations nécessaires pour « comprendre » le contenu du message. Si A n’est pas toujours capable de comprendre entièrement le message, son contenu lui permet en revanche de tirer plus facilement des informations sur l’identité de l’émetteur ou des destinataires.

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