Choix de l’unité géomorphologique
Sur les rivières à successions seuil‐mouille, divers auteurs ont montré que les perturbations physiques, dues à des modifications hydrologiques naturelles ou non, entraînent des changements de peuplements entre les deux types d’unités géomorphologiques (Minshall & Minshall, 1977 ; Brussock & Brown, 1991 ; Brown & Brussock, 1991; Carter & Fend, 2001 ; Pedersen, 2003 ; Brooks et al., 2005). Des travaux portant sur les invertébrés ou les poissons peuplant ces mêmes successions, parfois associés aux effets saisonniers, ont mis en évidence des différences de distribution taxonomique (Huryn & Wallace, 1987 ; Parsons & Norris, 1996 ; Robson & Chester, 1999; Baptista et al., 2001 ; Boyero & Bailey, 2001; Lamouroux et al., 2002 ; Boyero, 2003; Schmera & Eros, 2004). De manière générale, ces études montrent essentiellement des différences entre la zone du seuil peu profonde, présentant des vitesses d’écoulement rapides, et la zone de la mouille plus profonde avec des vitesses lentes. D’autres études ont permis d’illustrer les différences de distribution des macroinvertébrés entre les biotopes plat, radier et mouille (Jowett, 1993; Crosa et al., 2002 ; De Crespin de Billy & Usseglio‐ Polatera, 2002), qui se rencontrent dans ces UG. Le rôle de la relation taxon – substrat dans la distribution des organismes a également été démontré (Cummins & Lauff, 1969 ; Hildrew et al., 1980; Reice, 1980; Gurtz & Wallace, 1986 ; Ward, 1992; Leopold, 1994), conduisant cependant sur ce point, à Cette macrofaune benthique est en effet sensible aux caractéristiques de son environnement telles que des variables interdépendantes comme la température, l’oxygénation, le débit, la turbulence, la lumière, mais aussi la vitesse d’écoulement, la profondeur et le substrat (Southwood, 1977, 1988; Statzner et al., 1988; Townsend, 1989; Ward, 1992; Leopold, 1994; Verneaux, 1994; Evan & Norris, 1997; Rempel et al., 2000). Ainsi, la variabilité spatio‐temporelle des conditions environnementales induit des différences de distribution des organismes. De ce fait, dans le cadre de l’échantillonnage de la macrofaune, il est généralement déconseillé de privilégier un habitat plutôt qu’un autre sous peine de n’avoir qu’une image incomplète du peuplement présent. Cependant, dès qu’il s’agit d’échantillonner les zones profondes ou rapides, des difficultés techniques se présentent, même en tête de bassin. Rappelons que ce constat nous a conduite à rechercher des géoformes fluviales aisément accessibles et pérennes pour en étudier la macrofaune benthique. Sur les rivières à successions seuils ‐ mouilles où alternent des zones à haut fond et des zones plus profondes, nous avons cherché à privilégier la collecte des macroinvertébrés sur les seuils en raison de la plus facile accessibilité aux substrats.
variables qui les caractérisent diffèrent significativement indépendamment de la saison. Dans l’hypothèse où les variables diffèrent, il s’agit ensuite d’analyser si des différences significatives existent entre des biotopes communs à l’UG seuil et à l’UG mouille. Ce travail permettra ainsi de vérifier si, d’une saison d’échantillonnage à l’autre, les caractéristiques physiques du milieu ont changé ou non (et pourquoi), bien que les conditions morphodynamiques diffèrent d’un biotope à l’autre. significativement d’un biotope à l’autre au cours des deux saisons. Ensuite, de manière à limiter l’échantillonnage aux biotopes du seuil, il convient de vérifier s’il n’y a pas de perte d’information taxonomique, en ne retenant que les biotopes communs au seuil et à la mouille. Enfin, à l’échelle des habitats, il s’agit d’identifier lesquels sont potentiellement les plus biogènes. la granulométrie (classes de taille, cf. Tab. 11, p. 45) et traitées en retenant tous les prélèvements, indépendamment de la date à laquelle ils ont été faits. La variabilité saisonnière des conditions physiques a ainsi été analysée au moyen d’une Analyse en Composantes Principales simple complétée par une analyse inter‐groupes. Leurs résultats démontrent que les différences entre les conditions physiques printanières et estivales ne sont pas significatives (Tab. 12), ce qui nous autorise à prendre en compte de manière conjointe les données de printemps et d’été dans la poursuite du traitement. type de biotopes, et enfin par type d’UG subdivisées en biotopes (croisement UG*biotopes), (Tab. 12), de manière à détecter leurs différences respectives. Les deux UG sont discriminées sur l’axe F1, la majorité des prélèvements effectués sur le seuil ayant des coordonnées factorielles négatives et inversement pour les échantillons collectés sur la mouille (Fig. 14 B). En revanche, l’analyse inter‐UG demeure de faible qualité puisque seulement 5% de la variabilité totale est concernée (Tab. 12). IlL’analyse inter‐biotopes indique une bien meilleure discrimination (la variabilité expliquée est de 41%). Les biotopes s’organisent selon un double gradient fondé sur la vitesse et la profondeur. Les biotopes caractéristiques de l’UG seuil et de l’UG mouille, s’individualisent très clairement, les biotopes communs aux deux UG étant regoupés dans une zone commune de la carte factorielle. En revanche, ces biotopes ne diffèrent pas significativement d’un point de vue granulométrique, toutes les classes de taille étant bien représentées partout, comme l’illustrent les valeurs de la médiane et du degré de tri (Tab. 13).