Le système éducatif
Au cours des années 60, des refontes institutionnelles et administratives se sont axées sur le système éducatif pour le moderniser et le démocratiser. L’aboutissement, en 86, est un accroissement de scolarité de la population, une spécialisation accrue et une multiplication des filières. Une démocratisation de l’accès à l’éducation dans les niveaux supérieurs s’est bel et bien produite malgré qu’un constat de persistance d’inégalités sociales reste posé. La proportion d’étudiants universitaires issus de couches aisées demeure supérieure à celle des gens fortunés dans l’ensemble de la société. Au point de vue financier, l’éducation représentait en 1988 plus de 28% des dépenses étatiques. Le secteur éducatif constitue donc une priorité gouvernementale et malgré les critiques, les institutions d’enseignement bénéficient toujours d’un niveau relativement élevé de confiance. Pour ce qui est des écoles publiques, le pourcentage des personnes qui leur accordait énormément ou beaucoup confiance à oscillé entre 54 et 56 % entre 1979 et 1984. Dans la foulée de l’accroissement du niveau de scolarité, s’est dessinée une hausse de la fréquentation scolaire à temps complet chez les jeunes de 15 à 24 ans. Le taux de fréquentation est passé de 50,2 % en 1975 à 61,9 en 1989 avec une prépondérance féminine marquée. Les retards scolaires au primaire et au secondaire ont diminué puis repris suite au relèvement de la note de passage. En 1987, 52% de ces élèves avaient accumulé du retard par rapport au cheminement normal. 14 L’abandon scolaire au secondaire a suivi une évolution similaire. Jusqu’en 1986, le taux s’est progressivement résorbé pour n’atteindre plus que le tiers des garçons et le cinquième des filles. Il a repris en 87 suite au resserrement des préalables à l’obtention d’un diplôme secondaire et dit-on suite à la concurrence du marché du travail pour les garçons en période économique favorable. Du coté universitaire, on assiste à un quasi doublement de fréquentation avec une présence féminine accrue parmi les diplômés. Le phénomène de hausse est également sensible dans les inscriptions à temps partiel. Dans le secteur de la formation professionnelle, se voit une diminution des élèves au secondaire professionnel. Les pressions sociales et familiales se sont exercées pour que Jes jeunes terminent leurs études dans la formation générale. Le contrecoup a été une dévalorisation de l’enseignement professionnel· au secondaire perçu comme destiné aux moins performants dans les matières de base. A la diminution du secondaire professionnel fait suite une augmentation du nombre d’étudiants et de diplômés du secteur collégial professionnel. Suite aux réformes de la décennie des années 60, l’éducation des adultes a pris un essor considérable. Avec la récession des années 80, les objectifs initiaux de démocratisation, égalité des chances, respect des libertés individuelles, développement intégral des personnes ont été délaissés pour mettre d’avantage l’accent sur des besoins en corrélation directe avec ceux des entreprises. Les stratégies individuelles de perfectionnement ont emboîté le pas à la demande d’affronter une évolution technologique incessante. Un constat cependant demeure : les personnes les plus instruites se prévalent davantage des services de formation continue.
Les inégalités
Nonobstant les inégalités relevées dans le secteur éducatif, d’autres ont aussi une existence. Nous relèverons plus particulièrement :
Les inégalités économiques
L’augmentation progressive de l’impôt et le paiement de transferts ·par l’état ont contribué à faire diminuer, entre 1971 et 1981, les inégalités croissantes entre les revenus privés. Ces mesures ont permis de neutraliser après 1982 une augmentation croissante des inégalités entre les revenus privés. Les couples à deux revenus jouissent cependant d’une suprématie de position par rapport aux familles monoparentales. Le facteur le plus influent de maintien des inégalités économiques est localisé dans la possession d’un patrimoine. La moitié environ de la richesse des familles et des personnes seules est possédée par 10% de la population. L’inégalité de la répartition de la richesse va en augmentant et les avoirs monnayables sont davantage concentrés dans un nombre restreint de ménages. 16 En contraste avec cette situation des nantis, le niveau de pauvreté a cessé de diminuer durant les années 80 et il a même augmenté depuis. En 1986, on considère qu’un peu moins d’une personne sur cinq au Québec pourrait être classée comme étant sous le seuil des faibles revenus. Certaines catégories sociales sont plus particulièrement menacées par la pauvreté : les jeunes frappés par le chômage, les familles monoparentales, les femmes âgées vivant seules. Pendant d’une situation financière défavorable se lit la hausse de la marginalité sociale, de la pauvreté visible et des sans-abri.
Les inégalités sociales
D’une société comportant plus de travailleurs en dessous de la moyenne, le passage s’est réalisé vers une société pyramidale avec l’apparition de classes moyennes de revenus, de statuts sociaux, de qualifications après les années 50. Si, coinme souligné, sont apparues des inégalités inter familiales, entre les groupes d’âges les inégalités se sont accrues. Les personnes les plus âgées (plus de 45 ans) accaparent une part grandissante des ressources et la précarité des emplois chez les jeunes augmente. Les inégalités entre hommes et femmes restent élevées tandis que celles entre femmes augmentent.Dans une interview Simon Langlois précise que les québécois n’ont amélioré leur niveau de vie depuis 10 ans qu’en travaillant plus et en s’endettant. L’augmentation de la consommation de 30% résulte : a) du plus grand nombre de personnes au travail et cela chez les femmes particulièrement. Le cumul des salaires a été également un incitant; b) la dénatalité entraîne une augmentation de l’argent disponible pour les autres membres de la famille; c) les prêts hypothécaires et personnels sont passés de 27 à 59 milliards de dollars. L’épargne a diminué de moitié. Ceux qui avaient 10 000 dollars en banque en 1982 n’en avaient plus que la moitié en 1988. «Le njveau monte mais pas pour tous» titre de l’article. Les gagnants sont les cadres, les salariés des grandes entreprises et les personnes âgées. Les jeunes, les travailleurs des services et les employés au salaire minimum sont restés sur le carreau. Les 18 à 30 ans représentent le quart des assistés sociaux et sont les plus touchés par la précarité de l’emploi. Pendant ce temps, les régimes sociaux universels avantagent de plus en plus les familles favorisées. La classe moyenne est en train de se séparer entre ceux qui continuent à s’enrichir et ceux qui ne peuvent plus suivre.