PRODUCTION ET DE CONDITIONNEMENT DE LA BANANE FRUIT EN EQUATEUR
Les zones actuelles de production de banane en Equateur
En Equateur, les zones actuelles de production sont pour la plupart réparties dans les provinces du Guayas, de Los Ríos et d’El Oro ; elles sont également présentes dans les provinces de l’Azuay, du Cañar, du Cotopaxi, du Pichincha et de Bolívar, dans une moindre proportion. Les secteurs bananiers sont identifiés par zones, provinces et secteurs.
Un accès à la terre très inégal
En Equateur la structure qui régit la possession et la concentration des terres n’a guère varié au cours des 50 dernières années. Les données du recensement de l’an 2000 font apparaître que 75% des Unités productives agricoles (UPA), d’une superficie variant de 1 à 10 hectares représentent 11,8% des terres tandis que 0,8% des UPA, de 200 hectares ou plus représentent 29,1% des terres. Cependant il faut remarquer que les propriétés de 20 à 100 hectares représentent 37,3%. Beaucoup de grandes propriétés furent sous-divisées en propriétés plus petites afin d’échapper de cette manière à toute tentative de réforme agraire. L’indice de Gini qui mesure le niveau de concentration des terres au niveau national et toutes productions confondues, n’a pas varié de manière significative : en 1954 cet indice était de 0,86, en 1974 de 0,84 et en 2000 de 0,80. L’information fournie par le recensement de l’année 2000 ne permet pas de définir la qualité de la terre mais on peut cependant déduire que les terres de meilleure qualité sont, sans grand risque de se tromper, dans les mains des grands propriétaires tandis que les petits agriculteurs ne disposent très probablement que de terres de qualités inférieures.Dans le cas de la banane, le facteur d’inégalité dans la distribution des terres est moindre que si nous le comparons avec la taille moyenne des unités productives de la côte et de la région andine. Cependant la grande propriété n’a pas disparu et au contraire les terres se sont concentrées de plus en plus alors qu’on note des processus de division de terres dans les unités de petite et moyenne tailles. C’est ainsi qu’en 2000 il existait 5871 producteurs bananiers, chiffre qui est passé à 6190 en 2003 et à 6568 en 2007. 78% de ces producteurs peuvent être considérés comme de petits et moyens producteurs (plantations allant jusqu’à 30 hectares) et ils administrent 30% de la superficie cultivée. La taille moyenne d’une plantation de ce type de producteur est de 9,32 hectares. Par contre nous voyons que 4,2% des plantations sont de grande taille (plus de 100 hectares) et elles concentrent près de 33% des terres cultivées. Autrement dit, nous assistons à un taux de concentration très élevé de la production bananière chez peu de producteurs de grande taille ce qui permet d’affirmer que l’indice de Gini est de 0,63.
L’accès et l’abus de l’eau
La structure de la possession de la terre du pays reflète également la concentration de la superficie irriguée. Tandis que les petits propriétaires possèdent 25,29% de la superficie irriguée, les grands propriétaires (dont les exploitations font 50 hectares ou plus) en possèdent plus de 51%. Cela contribue à accroître les inégalités sociales dans l’agriculture et en réalité les grands investissements effectués par l’Etat dans l’irrigation favorisèrent surtout les moyens et grands propriétaires et de manière marginale les petits propriétaires. (INEC b, 2002) En ce qui concerne la banane il est important de préciser que jusqu’aux années 70 la culture de la variété Gros Michel se faisait la plupart du temps sur des terrains non irrigués car cette variété avait de faibles besoins en eau. Actuellement avec la culture de la variété Cavendish les grands producteurs entretiennent des systèmes d’irrigation dans toutes leurs exploitations tandis que presque tous les petits et moyens producteurs possèdent un accès à l’irrigation même partiel. Pour prendre un exemple de grands producteurs, le groupe bananier Reybanpac possède 47 exploitations bananières qui totalisent une surface de 9176 hectares cultivées ; 87% d’entre elles sont dans la province de Los Rios (Unité de la banane – MAG, 2007). Ce groupe ne dispose d’une autorisation délivrée par le Conseil national des Ressources hydriques – CNRH – que pour irriguer 4148 hectares soit 45% de la superficie et les 55% restants ne sont pas autorisés à bénéficier du système d’irrigation (CNRH, 2007). D’un autre côté le Groupe NOBOA S.A qui opère dans les provinces d’El Oro, de Los Rios, du Guayas et du Cotopaxi possède 110 exploitations bananières parmi lesquelles les plus représentatives sont La Julia et Los Álamos qui totalisent 3358 hectares de banane. Seuls 57% de la superficie sont irrigués légalement avec un droit d’utilisation des eaux du système d’irrigation et les 43% restants sont irrigués de manière illégale (CNRH, 2007) Une analyse plus approfondie permet de découvrir que si nous ajoutons les haciendas du groupe REYBANPAC et 4 des haciendas de NOBOA, nous constatons une forte concentration de l’utilisation de l’eau dans le secteur puisqu’à elles seules elles ont l’autorisation de recevoir un flux de 6375 litres/seconde ce qui représente 37% du débit total de l’eau (17 428 litres/seconde), autorisation délivrée par le Conseil national des Ressources hydriques pour tout le secteur 215 bananier équatorien en 2005. Avec ce débit le Groupe NOBOA est autorisé à irriguer 30271 hectares c’est à dire 22% de la surface bananière irriguée dans l’ensemble du pays selon les chiffres du CNRH tandis que REYBANPAC possède 14% de la surface irriguée. (tableaux 29 et 30) Mais deux ans plus tard ils parviennent à obtenir une autorisation d’utilisation de l’eau pour un volume 79 fois supérieur avec 11378 litres/secondes.
Niveaux de production et de rendements
L’analyse des conditions de propriété de la terre et de la sécurité engagée vis à vis de cette dernière indique la composition de la structure agraire en soi mais reflète également une concentration des ressources hydriques comme précédemment exposé. Cependant, la concentration croissante de l’eau et de la terre amène également une concentration des autres ressources de production comme la technologie, les crédits, les machines, etc. En raison de ces différences, mais surtout au niveau de l’accès et de la disposition des ressources naturelles limitantes (eau et terre) il existe de grandes différences de production et de rendements ce qui crée indubitablement une différence dans les revenus des producteurs, d’où une hiérarchisation entre eux. Nous pouvons affirmer que ceux qui perçoivent les plus gros revenus génèrent des processus de capitalisation plus rapides avec lesquels ils peuvent améliorer leurs processus de production, donc leurs rendements et bien sûr leurs revenus. Alors que de l’autre côté nous trouvons d’autres producteurs qui ont des processus de capitalisation très lents ou qui perdent peu à peu du capital, et dont les améliorations au niveau du système de production sont nulles ou très ralenties. Nous avons donc la formation d’une brèche entre les producteurs de banane. Au niveau national et selon les statistiques du SICA – MAGAP, le rendement moyen pour l’année 2000 fut de 26 tonnes/hectare/an ce qui correspond à un peu plus de 23 caisses/hectare/semaine88, mais pour 2003, et selon le 3ème recensement pour l’agriculture et l’élevage, le rendement aurait augmenté à 29,8 tonnes/hectares/an (27 caisses/hectare/semaine). D’autre part il existe d’importantes variations à l’intérieur du pays au niveau provincial avec des zones très productives comme par exemple la zone nord (Los Rios et Guayas) et d’autres très en-dessous de la moyenne nationale. Selon l’information obtenue à travers le sous-secrétariat régional du Littoral et les producteurs eux-mêmes, El Oro serait la province au plus faible rendement avec entre 20 et 27 caisses/hectare/semaine alors que la province de Los Rios dans la zone basse aurait un rendement moyen d’environ 38,5 caisses/hectare/semaine et 33 caisses/hectare/semaine pour la province du Guayas.