Spécificités des PME pour le transfert de technologie

Spécificités des PME pour le transfert de technologie

Préambule 

De la difficulté de définir la PME Aspects conceptuels1 La question essentielle qui se pose au chercheur porte sur la légitimité d’effectuer une différenciation entre PME et grandes entreprises. Il est donc nécessaire de pouvoir justifier ce choix. Une première réponse réside comme le rappelle Alain Desreumaux dans le fait que « la taille de l’organisation constitue un facteur prédictif majeur de la structuration »2 . Pourtant, ce constat n’est pas exempt de débats, car cette considération peut se décliner suivant une large échelle de compréhension : pour certain il s’agira de LA variable dominante sur toutes les autres aboutissant à une approche universalisante. A l’autre extrême, le facteur taille ne représentera qu’une variable parmi de nombreuses autres ; cette approche, poussée dans ses retranchements, n’offrirait alors qu’une multitude de cas particuliers sous prétexte qu’ils ne sont pas comparables en raison de leurs différences aussi minimes soient-elles. La discussion semble, à ce jour, rester ouverte à l’image de ces propos d’Alain Desreumaux : « Dans l’état actuel des recherches, on peut considérer que si la taille a un effet sur la structure, elle ne vaut pas nécessairement pour toutes les variables structurelles et que d’autres facteurs explicatifs sont vraisemblablement à l’œuvre »3 . Ainsi, à titre d’exemple, il apparaît clairement que l’appartenance d’une entreprise au secteur des services influe considérablement sur le rôle de sa taille. Mais comme le note très justement Olivier Torrès, la notion de différenciation par la taille pose aussitôt la délicate question de la frontière : Où se situe-t-elle ?, « Quel est le seuil au-delà ou en deçà duquel les configurations organisationnelles peuvent être considérées comme spécifiques ? »4 Une ébauche de réponse à été proposée à travers les théories évolutionnistes, celles-ci tentant de définir un modèle présentant les principales périodes de transition que rencontrerait toute entreprise. Or la limite est immédiate, « le modèle est trop général pour être opérationnel : une entreprise peut par exemple, simultanément avoir les caractéristiques d’une entreprise en phase de démarrage pour l’aspect structurel ou de maturité pour ce qui concerne la fonction production »1 . Toutefois, cette recherche a le mérite d’accréditer implicitement que le facteur taille représente un critère pertinent de discrimination. Un autre débat qui accompagne le statut de la PME dans la recherche réside dans sa plus ou moins grande spécificité : constitue-t-elle un modèle réduit de l’entreprise ou représente-t-elle une « espèce » distincte d’entreprise ? Là encore, les récents écrits tendent à montrer que le débat n’est pas tranché : ainsi voit-on au sein du congrès 2005 de l’AIMS2 entre autres travaux, d’un côté Claude Etrillard rapprocher les considérations stratégiques entre PME et Grandes Entreprises et de l’autre Jean-Claude Boldrini insister sur leurs spécificités en ce qui concerne leur accompagnement méthodologique. Pour les tenants de la spécificité, l’enjeu est double : il s’agit d’une part de tendre vers une définition suffisamment uniforme afin de permettre les comparaisons et surtout la viabilité d’un champ scientifique dédié à la PME. D’autre part, le but est aussi de pouvoir faire abstraction des théories concernant les grandes entreprises afin de porter un regard neuf sur la problématique. Cet objectif se heurte toutefois à une réalité de la PME qui semble difficilement conciliable: il s’agit de l’hétérogénéité des cas observés. La thèse de la spécificité devient alors trop réductrice et exclut de son champ certaines PME, imputant ainsi sa crédibilité en terme de valeur explicative. De fait, nombre de travaux concernant les PME font ressortir une multitude de variables dont la combinaison rend alors le modèle nettement plus riche que la réalité ! « A l’irréalisme des modèles universels s’oppose le surréalisme des approches contingentes. »3 Ainsi spécificité et diversité, qui encore de nos jours constituent les fondements des théories portant sur les PME, semblent devoir renvoyer le chercheur à des débats sans fin au risque même de le mettre parfois dos-à-dos avec la réalité…

 

Importance et rôle des PME dans le développement d’un pays

Une des spécificités de la thèse est de s’intéresser aux transferts de technologie au sein des PME alors que la plupart des théories se sont concentrées sur les grandes entreprises. Ce choix se justifiait par notre intime conviction de l’importance des PME dans le développement des PVD et sur l’égale importance des transferts technologiques dans le développement de ces dernières. C’est ce que nous allons détailler plus précisément dans ce chapitre. Robert Wtterwulghe juge « la rénovation du tissu industriel dans une économie en mutation, le développement de l’emploi, de l’innovation et des technologies nouvelles (comme étant) les éléments déterminants du rôle des PME »1 . Celles-ci tiennent ainsi à plus d’un titre une place prépondérante dans l’économie du point de vue de l’intérêt général :

Place des PME dans l’évolution de l’économie

Jusqu’aux années 1970, on assiste dans la plupart des pays occidentaux à un déclin des PME ; ce qui leur a valu, à l’époque, la réputation « d’espèce en voie de disparition. » C’est dans ce contexte que les autorités anglaises chargent la commission Bolton2 d’étudier le problème. Cette dernière constitue encore aujourd’hui une référence de l’analyse du monde des PME. Ce n’est qu’à partir de la fin des Golden Sixties que l’on assistera à une inversion durable de la tendance. Selon P.A. Julien et B. Morel « l’augmentation du nombre de PME et la confiance qu’on leur accorde à nouveau constituent une véritable rupture dans « l’évolution naturelle » du capitalisme. Cette rupture fait elle-même partie d’un ensemble de mutations dont on s’apercevra de plus en plus qu’elles dessinent un monde nouveau. » Toujours selon ces mêmes auteurs ce regain d’activités des PME est dû « à la dynamique culturelle d’une transition, d’une société en mutation. » Ceci a remis « radicalement en question les modes d’organisation et de fonctionnement des économies de marché tout comme le capitalisme monopoliste remet en cause le capitalisme concurrentiel. »1 Les PME accompagnent ainsi les changements profonds de l’économie. Les mutations technologiques telles que la tertiairisation et le développement de l’information en sont une cause, mais l’évolution des grandes entreprises ne peut non plus être négligée. En effet, il est communément reconnu que ces dernières tendent à se recentrer sur leur métier principal à travers une politique de filialisation et de sous-traitance. 1.2. PME et emploi Les statistiques des pays du Nord tendent à montrer que les PME jouent un grand rôle au niveau de l’emploi. Par extension, à défaut de posséder des statistiques suffisantes, les spécialistes tendent à supposer qu’il en sera de même pour les pays africains2 . Concernant les pays du Nord, l’étude de D.L.Birch3 donne ainsi à penser que 80% des emplois créés aux USA l’ont été dans des entreprises qui n’avaient pas cinq ans d’âge. De même notons que, tendanciellement, selon R. Wtterwulghe4 , c’est au sein des pays du Sud de l’Europe que l’on retrouve la plus forte proportion de personnes employées par des petites voire des très petites entreprises. Ce phénomène peut être expliqué par une plus grande importance de l’artisanat dans ces pays, ce qui caractérise aussi l’Afrique. Notons aussi que le secteur informel est souvent estimé à plus de 30% du PIB de la plupart des pays africains5 . Toutefois, cette première approche de la problématique de l’emploi au sein des PME peut porter à discussion dès lors que l’on tient compte de l’environnement économique des évolutions constatées. Il s’agit en effet de distinguer la part des PME dans l’emploi total et leur rôle dans la création nette des emplois. En effet, l’accroissement de l’emploi dans les PMI peut simplement résulter de la restructuration des grandes entreprises ou de la tertiairisation de l’économie : ce qui correspond à un simple transfert des emplois entre secteurs différents.

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