Les formes de passif en moyen perse

LE PASSIF

Les formes de passif en moyen perse

Forme synthétique

Le passif synthétique du moyen perse est formé sur le radical du présent auquel s’ajoute le suffixe -īh- (parfois -īy-, plus ancien)302. Cette formation est héritée de l’iranien ancien, avec le suffixe – – ajouté sur la racine au degré zéro ou plein : en avestique récent, kir-iia-, « être fait », et en vieux perse, kạr-iya-, « être fait » 303 . En moyen perse, Paul304 remarque que cette structure est plus employée au présent qu’au passé. Ceci s’explique par l’ergativité au passé : le verbe s’accorde avec le patient et Les formes de passif en moyen perse..

Forme synthétique

Le passif synthétique du moyen perse est formé sur le radical du présent auquel s’ajoute le suffixe -īh- (parfois -īy-, plus ancien)302. Cette formation est héritée de l’iranien ancien, avec le suffixe – – ajouté sur la racine au degré zéro ou plein : en avestique récent, kir-iia-, « être fait », et en vieux perse, kạr-iya-, « être fait » 303 . En moyen perse, Paul304 remarque que cette structure est plus employée au présent qu’au passé. Ceci s’explique par l’ergativité au passé : le verbe s’accorde avec le patient et non avec l’agent, comme aussi au passif. Quand le locuteur veut néanmoins utiliser un passé passif, à ce suffixe -īh-, il ajoute un autre suffixe, -ist-. 6.1.2. Forme analytique Il existe une autre forme de passif en moyen perse305. Il s’agit d’une structure périphrastique construite avec le participe passé du verbe, suivi de l’auxiliaire būdan/baw-, « être » . Skjærvø donne comme exemple de la forme analytique guft bawēd, « il est dit », à côté de la forme synthétique gōwīhēd307 .

Distribution de ces deux formes

On s’interrogera sur les différences d’emploi entre l’une et l’autre structure. Pour Paul, ces deux passifs paraissent synonymes mais il précise que les formes en -īhsemblent être plus nombreuses dans les textes tardifs308. Devons-nous comprendre que cette forme en -īh- est plus récente que l’autre ? Ou plutôt qu’elle aurait été davantage employée en moyen perse tardif ? Nous ne pouvons pas prétendre qu’elle serait apparue récemment puisqu’elle est héritée de l’iranien ancien. La question reste en suspens et seule une étude diachronique du moyen perse, si du moins la documentation le permet, pourrait nous aider à éclaircir ce point309. Si, au terme de cette étude sur le moyen perse, l’intuition de Paul était confirmée, la prédominance du passif synthétique en moyen perse tardif pourrait alors expliquer sa présence dans les textes judéo-persans. Pourtant, la périphrase avec « être » reste aussi employée dans ces derniers, comme nous le verrons.

Passif synthétique 

Présence d’un passif synthétique 

Seuls les textes judéo-persans présentent une forme de passif synthétique et on trouve de nouveau une parenté entre judéo-persan et moyen perse310. Comme le montre le tableau qui suit, ce passif n’apparaît que dans les textes du sud-ouest (JP et TE2 ) et uniquement sous la seconde main de TE1 . JP TE1 311 TE2 Passif synthétique 21 16 97 Passif analytique312 0 83 1 6.1. Répartition des passifs en judéo-persan

Formation du passif synthétique

Présent et passé 

Le passif synthétique est construit sur le radical du présent, suffixé de -(y)h-. Lorsqu’il s’agit d’un présent passif, ce suffixe est suivi de la désinence personnelle, tandis qu’au passé passif, ce suffixe est lui-même suivi d’un suffixe -(y)st-, puis de la désinence personnelle (sauf à la troisième personne du singulier où cette désinence est la désinence zéro). Notons qu’il existe plus d’occurrences de passé passif en judéo-persan qu’en moyen perse (cf. tableau suivant). Dans TE2 , les formes au passé sont même majoritaires. La présence de ces nombreuses formes de passé passif en judéo-persan s’explique par la perte d’ergativité : comme nous l’avons mentionné plus haut, Paul souligne la rareté des passés passifs en moyen perse du fait de l’ergativité du passé ; lorsque cette dernière disparaît, les occurrences passives du passé deviennent alors logiquement plus abondantes.

Formes du suffixe

-h- et -yhLe suffixe du passif étant noté par -(y)h-, il nous reste à établir dans quels cas et dans quelles proportions il se présente sous la forme -h- ou -yh-. Les occurrences du passé sont toutes écrites avec -h-, la situation est plus contrastée pour celles du présent. Dans les textes JP, 12 sur 14 des verbes au présent passif présentent le suffixe -h-. Les seules occurrences en -yh- sont conjuguées à la deuxième personne du singulier de l’impératif : by pwšyh, « sois couvert » (JP4 XII, 3), et by gwyyh, « sois dit » (JP4 XII, 4). On peut supposer que le suffixe serait ici noté -yh du fait de l’absence de désinence personnelle. En effet, le suffixe de passif se retrouve en finale absolue et serait ainsi renforcé par un yod. On retrouve cette même prédominance de -h- sur -yh- dans TE2 : seulement 2 occurrences313 sont notées -yh- : by st’nyhyd314, « il est pris » (TE2 183, 12), et w-by kwnyhnd, « et ils sont faits » (TE2 213, 23). Or cette dernière est sûrement à corriger en kwnhynd (tel qu’en 213, 13 par exemple) avec la désinence -ynd de troisième personne du pluriel. Il ne nous reste donc plus qu’une seule forme assurée. Lorsque le radical du présent se termine par un -y-, celui-ci vient même à manquer comme dans ’bz’hyd, « il est augmenté » (TE2 171, 27), de afzūdan, afzāy-, ’r’hyd, « il est arrangé » (TE2 182, 10-11 et 182, 21), de ārāstan, ārāy-. Parfois pour un même verbe, nous trouvons une forme avec ou sans yod : gwhyd, « il est dit » (TE2 205, 6), de guftan, gōy-, à côté de gwyhyd en 198, 20 par exemple315. Avec justan, jōy-, la forme est toujours écrite avec yod : cwyhwm, « je suis cherché » (TE2 205, 32 et 206, 2). En revanche, pour ce qui est de TE1 , sur les 10 occurrences de présent passif, 4 présentent le suffixe -yh316, mais sans que l’on puisse y voir de règle présidant à cette répartition. Ainsi swzyhd, « il est brûlé » (TE1 131, 26), à côté de swzhd (TE1 132, 8 et 134, 10). La forme est même vocalisée en /i/ dans pƏ j i yha d, « il est cuit » (TE1 133, 19). Nous analyserons en détail ces occurrences un peu plus loin317. Gindin318 donne d’autres exemples de présent passif dont certains avec vocalisation : sū z Ə h a d, « il est brûlé » (TE1 33, 18), ka n Ə h i ysƏ t a ’, « arraché » (TE1 40, 12), et pa r Əw a r Ə h i ysƏ t a ’, « élevé » (TE1 65, 23), tous vocalisés avec le shewa avant le hei. Mais le problème est que la lettre shewa correspond à différents phonèmes : soit un phonème zéro comme en hébreu (à comparer avec le sokun de l’écriture arabe), soit une voyelle brève, quel que soit son timbre, /ă/ le plus souvent mais aussi /ĭ/ et /ŭ/319. Pour justifier la lecture /ĭ/, Gindin donne des exemples d’un même mot vocalisé parfois avec ḥirik, parfois avec shewa. Cependant, dans les deux derniers exemples de passif vocalisés, ka n Ə h i ysƏ t a ’ et pa r Əw a r Ə h i ysƏ t a ’, le dernier shewa indique une absence de voyelle. Peut-on alors penser qu’en réalité, le shewa noterait toujours une absence de voyelle et que, lorsque le même mot est vocalisé différemment, comme dans l’exemple donné par Gindin, ce serait aussi parce qu’il est prononcé différemment ? En d’autres termes, les deux mots seraient-ils allomorphes ? Cette valeur phonologique zéro du shewa est d’ailleurs reconnue par Gindin320 à propos des problèmes d’épenthèses ; elle ajoute certes que ces mots ne sont jamais vocalisés avec une voyelle brève. Toutefois, la vocalisation avec ḥirik malē321 dans pƏ j i yha d (TE1 133, 19) donne plutôt l’impression qu’il y a bien une voyelle brève avant le -h-, notée parfois avec un yod de mater lectionis, mais non notée dans la majorité des cas, comme c’est la règle pour les voyelles brèves. 

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