LA NOTION DE PARTICULES à la recherche d’un cadre théorique

LA NOTION DE PARTICULES à la recherche d’un cadre théorique

Particules en birman

Nous avons discuté très brièvement des morphèmes dépendants, dits « particules » dans le Chapitre 1 [cf. 1.3.2.2]. Si notre description peut paraître trop générale, c’est à dessein, car il s’agit d’éléments linguistiques polysémiques et polyfonctionnels que les linguistes ont toujours du mal à définir et à classifier d’une manière uniforme et univoque. C’est pourquoi il nous semble important de leur consacrer un chapitre séparé afin de bien mettre en évidence leurs caractéristiques particulières qui intriguent les étudiants comme les linguistes depuis toujours. Nous tenterons ensuite de les analyser à travers une enquête sur leur usage réel en contexte, à l’aide d’un corpus du birman parlé contemporain. D’une manière générale, les recherches précédentes sur les morphèmes dépendants en birman, à l’instar des grammaires traditionnelles et/ou dans le cadre des théories de linguistique formelle, ont le plus souvent cherché à définir leurs fonctions dans les constructions syntaxiques. Grâce à certains travaux novateurs (cf. Bernot, 1980, Bernot et al. 2001 ; Okell, 1969, 1994, Okell & Allott, 2001, parmi les œuvres de référence les plus connues) nous connaissons aujourd’hui le rôle que jouent ces morphèmes dépendants birmans en tant que marques grammaticales, i.e. morphèmes qui spécifient les relations entre les parties du discours dans une construction syntaxique. Ils ont ainsi reçu des noms tels que particule (également particle chez les anglophones) ou marque/marqueur (de même marker pour les anglophones) ou tout simplement grammatical forms chez Okell & Allott (2001), dont le travail fait référence et fréquemment cité dans les travaux sur le birman.Toutefois deux points obscurs demeurent : nous restons sur notre faim avec deux points d’interrogation : (i) tous les morphèmes dépendants ne remplissent pas de fonctions grammaticales [par exemple, ena/n\ « 2 / en fin d’énoncé assertif (2.1) ou injonctif (2.2)]. N.B. Provisoirement, avant d’arriver à nos définitions plus précises des fonctions discursives des morphèmes dépendants, on les glose tous comme PTCL (pour ‘particule’). Lorsqu’un morphème dépendant est employé avec une fonction grammaticale en revanche, on lui attribue une glose qui correspond à cette fonction grammaticale.

Particule énonciative vs. marque grammaticale

Compte tenu des observations dans la section précédente et en fonction de notre objectif, nous proposons la solution pratique d’employer deux termes différents pour parler des deux fonctions différentes en ce qui concerne les morphèmes dépendants dans Lorsqu’un morphème dépendant remplit une fonction grammaticale et si nous en parlons, nous utilisons le terme « marque ». Nous préciserons la fonction grammaticale spécifique qu’il représente, telle que marque de fin de phrase (2.12), (marque) de subordonnée au verbe (nominalisateur) (2.13), marque de possession (2.14) et ainsi de suite, dans les discussions [voir la liste des abréviations pour les gloses].Toutefois, les fonctions grammaticales n’étant pas l’objet principal de notre présente étude, en cas de doute pour certains termes grammaticaux, s’ils n’ont aucun apport sur la description des fonctions discursives, nous nous dispensons d’explication détaillée. Dans ces cas-là, nous privilégions un terme relativement connu ou approximatif, sans entrer dans la polémique de terminologie. Nous adoptons en revanche le terme « particule (énonciative) » pour parler des morphèmes dépendants qui n’ont pas de fonction grammaticale (voir aussi 2.3.5 pour l’explication du choix). Notre choix de terminologie semble justifié selon les caractéristiques clés des particules (énonciatives) qu’ont soulignées d’autres linguistes : CHAPITRE 2 : LA NOTION DE PARTICULES (( elles sont les « mots brefs », qui appartiennent au « classement fluctuant dans les grammaires », et qui sont importantes « pour le fonctionnement discursif » (FernandezVest, 1994 :3 ; Jacquesson, communication personnellei ).

Particules et fonctions discursives

Les résultats de mes recherches précédentes basées sur un corpus birman%% de 175 000 mots%%% sur l’emploi des particules [cf. Hnin Tun, 2004 ; 2006] ont mis en lumière leur nature discursive. S’inscrivant principalement dans les théories de l’analyse du discours%+ de la tradition anglo-saxonne (formulées d’après le système linguistique de l’anglais), ces études ont fait ressortir les fonctions discursives+ que remplissent les particules birmanes. S’appuyant sur les principes de l’analyse conversationnelle+%, l’analyse fonctionnelle (systemic functional analysis SFL) qui met un accent sur l’aspect social de la communication tel qu’un système de sémiotique sociale+%% et l’analyse de genre+%%%, ainsi que sur de nombreuses approches pragmatiques des marqueurs discursifs%/ l’étude détaillée de Hnin Tun (2006) montre que quatre des six particules birmanes examinées (k/ka1 / en position post-nominale; eta. /t »1 / en position postnominale ou verbale; ta /ta2 / et ty \/t!2 / en fin de l’énoncé verbal) remplissent des fonctions discursives, et que leurs valeurs sémantiques sont étroitement liées à leurs fonctions discursives (ibid. p.308). Elles partagent plusieurs caractéristiques (mais pas toutes) avec les marqueurs discursifs% tels qu’ils sont décrits dans la littérature sur les marqueurs discursifs pour d’autres langues (la plupart sur l’anglais pourtant)

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