Opposition indicatif et subjonctif

LA MODALITE

Opposition indicatif/subjonctif

Emplois attendus du subjonctif en moyen perse et en persan contemporain

En moyen perse, le subjonctif marque le futur, la possibilité (phrase interrogative), le souhait, l’injonction et l’exhortation dans les propositions principales, et dans les subordonnées, il s’emploie après les verbes ou les tournures qui expriment l’idée de « vouloir » ou de « pouvoir », avec les subordonnées finales, consécutives, temporelles (avec un sens de futur), pour le potentiel et dans une relative indéfinie (quiconque…)1325 . En persan contemporain, le subjonctif marque lui aussi un procès ou un état potentiels, en opposition à l’indicatif, dévolu à un procès ou un état réels1326. Il n’est donc pas un mode réservé aux subordonnées1327, et il offre un véritable apport informationnel, sans qu’il soit question de servitude grammaticale. On trouve ainsi le subjonctif dans les principales pour indiquer le souhait, l’injonction, l’exhortation, et l’obligation dans une interrogative1328. Il est utilisé pour les subordonnées finales, consécutives, concessives et le potentiel, pour ne citer que les emplois les plus courants1329 . Les emplois du subjonctif en moyen perse et en persan contemporain se rejoignent donc en grande partie. Pour notre période, nous avons vu que ni les résidus du subjonctif moyen-perse, ni le préfixe bi- ne marquent ces nombreuses valeurs. Dans le cadre d’une démarche onomasiologique, on recherchera le moyen morphologique mis en œuvre pour porter ces valeurs de subjonctif du moyen perse et du persan contemporain, si toutefois il existe, bien entendu.

L’expression du souhait en principales

L’énonciateur peut exprimer le souhait de plusieurs manières : – l’ancien subjonctif moyen-perse, devenu précatif1330 (1a). Mais le suffixe -ādisparaît après le XIVe siècle et n’est plus conservé qu’avec le verbe « être », dans la forme bād, « qu’il soit ». – le suffixe -ē dans un contexte de regret1331, en (1b). – le suffixe -ā, d’origine parthe : il n’y en a aucune occurrence dans notre corpus1332 mais Lazard1333 en donne des exemples pour les textes des Xe -XIe siècles. – une forme verbale non marquée1334. C’est le moyen usuel et le seul qui soit dans nos textes les plus récents (1c)1335. Il a remplacé le précatif en -ā-. (1) a. rḥwm ’rz’ny kwn’d ’ym’ r’ dydn ’z ’mwzn’ ky… « que le Miséricordieux nous rende dignes de voir celui qui enseigne que… » (TE1 9, 20) b. kāški ki X nazdīk-i man āyadē « si seulement X venait près de moi » (TS 61, 13) c. mabādā az-īn jamā‘at gazandē ba-tu rasad « puisse-t-il ne pas t’arriver de préjudices de la part de cette communauté » (PR 45, 4) Le souhait n’est donc exprimé par aucune forme susceptible d’être interprétée comme subjonctive, c’est-à-dire par un moyen morphologique qui s’opposerait à une forme indicative.

Les complétives

Avec les verbes modaux, le verbe conjugué régi ne se distingue en rien des autres formes verbales1336. De même le verbe farmūdan, « ordonner » (2a), ou la tournure modale lāzim-ast, « il est nécessaire » (2b), ne sont pas suivis d’une forme particulière. (2) a. va mutisarrifān u gumāštigān-i vilāyat rā bifarmāyad tā ru‘āyā rā nēkō dārand va māl u mu‘āmala ba-vaqt talaband « et il ordonne aux possédants et aux agents de la province de bien traiter les habitants, et de faire venir les biens et les transactions dans les temps » (TH 776, 17-18) b. pas lāzim-ast ki davāyir u jadāvil va kitābāt rā ba-tamāmī tābi‘-i īn auzā‘ sāzand va dil az andīsa-i kam u bēš-i an1337 pardāzand « il est donc nécessaire qu’ils soumettent entièrement les sections, les plans et les inscriptions à ces situations, et qu’ils ne se soucient pas (litt. qu’ils se vident la pensée) du reste » (SX 22b, 7-8) 

Les subordonnées

 Au début comme à la fin de notre période, les circonstancielles temporelles introduites par tā, « jusqu’à ce que » (3), les propositions finales (4) et les propositions concessives (5) ne se construisent pas davantage avec une forme verbale particulière. (3) a. va nēkō hamē dāram, tā xudāy-i ta‘ālā či x v āhad « et je continuerai de (te) bien traiter, tant que Dieu, le Très-Haut, le voudra » (TS 221, 6)..

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