Le diabète de type 2 (DT2) et l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) représentent tous deux à l’heure actuelle des problèmes majeurs de santé publique. L’infection chronique par le VHC a pour conséquence le développement d’une hépatopathie chronique sévère et de complications métaboliques au sein desquelles le diabète occupe une place importante [https://www.clicours.com/].
Plusieurs études suggèrent que l’infection par le VHC est un facteur de risque additionnel pour le développement du DT2 [2-4]. Dans une étude américaine, 4,2% des diabétiques de type 2 avaient une infection par le VHC et 21% des patients ayant une hépatite C avaient un DT2 [2]. Au Japon, dans une cohorte de 459 diabétiques de type 2, la prévalence du diabète était plus élevée chez les patients infectés par le VHC (20,9%) que chez les sujets infectés par le virus de l’hépatite B (VHB) (11,9%). Chez les patients cirrhotiques, la prévalence du DT2 était de 30,8% chez les VHC positif et de 11,8% chez les VHB positif [3]. L’association diabète de type 2 et hépatite virale C a été rapportée dans beaucoup de pays d’Europe [1]. Dans une étude européenne sur 123 malades atteints d’une hépatite chronique C non traités, 13% de malades étaient diabétiques de type 2 et le diabète était inaugural chez 4 d’entre eux. Même sur ce terrain, le traitement de référence de l’hépatite C reste l’association interféron pégylé + ribavirine. Cette association permet de guérir 50% des patients infectés par les virus des génotypes 1 et 4 les plus fréquents en Europe, aux Etats Unis et au Japon, et 80% des patients infectés par les génotypes 2 et 3 [5]. L’accès récent aux trithérapies permettra d’augmenter encore le taux de guérison des patients génotype 1.
En Afrique, l’Egypte est le pays qui a le taux de séroprévalence du VHC le plus élevé, jusqu’à 20% dans certaines régions [6]. Au Maroc, de nombreuses études ont été effectuées sur les hépatopathies virales, mais aucune d’entre elles, à notre connaissance, n’a porté sur l’infection par le VHC et le diabète. C’est ainsi que nous avons entrepris ce travail dans le but d’étudier la séroprévalence de l’infection par le VHC chez les diabétiques de type 2.
La collecte des données a été faite par :
A- Un questionnaire qui est composé de 2 parties : (Voir Annexes)
1- Une partie relative à l’identification de la personne interrogée, nous avons fait correspondre à chaque questionnaire un numéro d’ordre unique.
2- Le corps du questionnaire, constitué de l’ensemble des volets suivants :
• Un volet socio-démographique et économique :
Nom, prénom, sexe, âge, niveau socio-économique (bas : revenu mensuel inférieur ou égal à 3000 Dhs (Dirhams), moyen : revenu mensuel se situant entre 3000 et 7000 Dhs, élevé : revenu mensuel supérieur à 7000 Dhs), couverture sociale, lieu de résidence : urbain ou rural et profession.
• Un volet axé sur les facteurs de risque cardio-vasculaire :
– Sexe
– Age ≥ 50 ans chez l’homme et ≥ 60 ans chez la femme ;
– Tabagisme : Inexistant / Occasionnel / Chronique/ Sevré depuis moins de 3 ans, Consommation > 1 paquet/j ou < 1 paquet/j ;
– Présence d’HTA permanente avec ou sans traitement ; en étant définie comme une PAS ≥ 140 mmHg, et /ou une PAD ≥ 90 mmHg.
– Présence d’une dyslipidémie, étant définie pour notre étude par un LDLcholestérol ≥ 1,6 g/l et/ou un HDL-cholestérol ≤ 0,4 g/l.
– Présence de surpoids pour un IMC entre 25 et 29,9 ou d’obésité pour un IMC supérieur ou égal à 30 ;
– Sédentarité ;
– IDM ou mort subite avant 55 ans chez le père ou chez un apparenté de 1er degré de sexe masculin ;
– IDM ou mort subite avant 65 ans ou chez une apparentée de 1er degré de sexe féminin.
• Un volet s’intéressant aux facteurs potentiels de contamination par le VHC :
Antécédents de : Transfusion sanguine, hémodialyse, tatouage, perçage, acupuncture, mésothérapie, toxicomanie, rapports sexuels non protégés, accident d’exposition au sang, utilisation de produits souillés (Rasoirs, aiguilles, brosse à dents, ciseaux à ongles, matériel d‘épilation…), soins dentaires : En cabinet de chirurgie dentaire ou en dehors d’un cabinet de chirurgie dentaire.
• Un volet comportant les données liées au diabète :
– Présence d’ATCD familiaux de DT2 ;
– Durée moyenne de DT2 ;
– Prise d’un traitement antidiabétique :
o Prise d’antidiabétique(s) non insulinique(s) :
Famille et molécule ;
En monothérapie ou en association ;
o Association antidiabétique(s) non insulinique(s) + insuline ;
o Prise d’insuline.
– Présence de complications :
o Métaboliques : Acidocétose, hypoglycémie, coma hyper-osmolaire, coma
céto-acidosique, acidose lactique.
o Dégénératives :
➤ Micro-angiopathies :
Rétinopathie : Non proliférante, pré-proliférante ou proliférante,
proliférante compliquée, maculopathie.
Néphropathie : Néphropathie Incipiens, néphropathie patente,
protéinurie, insuffisance rénale.
Neuropathie : Polyneuropathie symétrique des MI, neuropathie
focale ou multifocale, neuropathie végétative, neuropathie
douloureuse.
➤ Pied diabétique ;
➤ Macro-angiopathies :
Ischémie Coronarienne, Insuffisance cardiaque, AOMI, AVC.
B- Un examen clinique :
Tous les patients colligés ont bénéficié d’un examen clinique complet notamment :
• Prise de poids, taille, tour de taille, tension artérielle et fréquence cardiaque ;
• Examen abdominal ;
• Examen Cardio-vasculaire ;
• Examen des pieds.
C- Un bilan Biologique :
• Bilan sanguin :
– GAJ / GPP / HbA1c ;
– Transaminases ;
– PAL / GGT ;
– CT / TG / HDL / LDL.
• Examens virologiques :
– La recherche des Ac anti-VHC a été réalisée chez tous les patients par les méthodes ELISA 3ème génération, au niveau des laboratoires d’Immunologie et de Microbiologie de l’HMA de Marrakech.
– L’étude de la réplication virale par PCR a été réalisée chez tous les patients ayant des Ac anti-VHC positifs.
– La quantification de l’ARN viral a été également faite par PCR chez tous les patients présentant une sérologie VHC positive.
– L’étude du génotype du VHC a été effectuée chez tous les patients chez qui l’ARN viral a été détécté.
– La recherche du portage de l’HVB a été faite systématiquement chez tous les patients.
• Etude histologique : La ponction-biopsie hépatique n’a pas été réalisée de façon systématique.
Le diabète désigne une maladie métabolique caractérisée par une hyperglycémie chronique, qui apparaît lorsque l’organisme ne parvient plus à utiliser ou à stocker convenablement le glucose. Il peut provenir d’une incapacité, partielle ou totale, du pancréas à fabriquer l’insuline (type-1) et/ou d’une inaptitude des cellules des tissus périphériques à utiliser l’insuline pour absorber le glucose (type-2). Dans les deux cas, les cellules sont privées de leur principale source d’énergie, le glucose, qui s’accumule dans le sang provoquant une hyperglycémie. Selon l’OMS [7], le diabète est défini par :
• une glycémie à jeun ≥ 7 mmol/l (1,26 g/l), après un jeûne de 8 heures et vérifiée à deux reprises ;
• ou une glycémie 2 heures après une charge de 75 g de glucose ≥ 11,1 mmol/l (2 g/l) ;
• ou une glycémie ≥ 11,1 mmol/l (2 g/l), quelle que soit l’heure du prélèvement, en présence de symptômes cliniques.
Différents tests ont été analysés, afin de déterminer au mieux le statut glycémique des patients [7] :
• La glycémie à jeun plasmatique reste à l’heure actuelle le gold standard.
• La glycémie post charge (2h après l’absorption de 75 g de glucose), ne doit pas être rejetée, car elle permet de diagnostiquer 30% de diabétiques non établis par la glycémie à jeun. C’est aussi un moyen de repérer l’intolérance au glucose.
• L’utilisation de l’hémoglobine glyquée comme méthode de dépistage, initialement non recommandée en 2006, du fait de son manque de disponibilité dans les pays en voie de développement et de l’influence de certains facteurs (anémie, hémoglobinopathies, urémie, grossesse) sur son dosage, a récemment été réévalué par l’OMS. L’HbA1c peut être utilisée, du fait de la fiabilité et de la standardisation de sa mesure. Une HbA1c ≥ 6,5% permet de poser le diagnostic de diabète. Cependant, des valeurs < 6,5% n’excluent pas un diabète.
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