L’étude du rapport au temps chez les enseignantes et les enseignants de l’ordre secondaire du système d’éducation du québec

L’étude dont nous rendons compte dans le présent document s’intéresse globalement à l’organisation du temps de travail des enseignants de l’ordre secondaire du Québec. Précisément, il sera fait état du vécu de ce temps au jour le jour.

Beaucoup d’enseignants se plaignent qu’ils «manquent>> de temps pour faire leur travail comme ils le souhaiteraient, c’est-à-dire en conformité avec les exigences du régime pédagogique des élèves. lls attribuent ce «manque» de temps principalement au fait que l’organisation du temps de travail est trop minutée, trop morcelée. Les imprévus de toutes natures induisent un «temps perdu» qu’il est impossible de rattraper. Ils en éprouvent un profond malaise qui s’exprime en termes de mécontentement, d’essoufflement, de fatigue, etc. Par contre, d’autres enseignants, dans des situations équivalentes n’éprouvent pas avec la même intensité ce «manque» de temps. Certains, semblent même à l’abri de ces difficultés ou s’en sortent apparemment bien. On le voit, la situation paraît complexe. Nous avons voulu mieux la comprendre.

Soulignons que le temps représente une dimension fondamentale de la vie. L’organisation du temps scolaire dans les écoles québécoises doit permettre le développement intégral de tous élèves qui constitueront les citoyens de demain. Chez les enseignants, il s’agit là d’un objectif qui leur tient à coeur. Le malaise qu’ils éprouvent dans l’accomplissement de leur tâche mérite ainsi toute notre attention.

Aussi, les difficultés des enseignants québécois en ce qui concerne le temps de leur travail, .ne sont pas un fait nouveau en soi. Plusieurs écrits en ont fait état depuis une trentaine d’années. À notre connaissance, aucune recherche ne s’est systématiquement intéressée à la question dans son ensemble. Peu d’études d’ailleurs touchent l’ordre secondaire en général. C’est pourquoi nous avons voulu contribuer à combler ces lacunes. Les résultats de notre investigation pourrait servir à améliorer globalement la situation du vécu des enseignants par rapport au temps prescrit par l’institution scolaire.

En 1986, à l’intérieur de la consultation réalisée auprès d’un comité d’école de la région d’ Abitibi-Témiscamingue, des administrateurs scolaires proposent de modifier la grille-horaire en vigueur dans cette école afm de remédier aux difficultés vécues par les enseignants. Les autorités scolaires expliquent en effet que beaucoup d’enseignants se plaignent de manquer de temps pour faire leur travail comme ils le souhaiteraient

Les enseignants souhaitent que le climat d’école et de classe soit favorable à la réussite des apprentissages. Plus précisément, ils veulent une organisation du temps où ils pourraient individualiser l’apprentissage, où les relations enseignant-élèves seraient harmonieuses, où l’attention et la motivation de tous les élèves seraient soutenues, où ceux-ci recevraient l’encadrement nécessaire, où la récupération des apprentissages chez les élèves qui ont été absents serait mieux assurée, où les swveillances (autres que celles de l’accueil et des déplacements telles que celles qui sont liées à la durée des récréations, des spectacles, des fêtes, des activités éducatives à caractère informel, etc.) seraient plus efficaces, où les problèmes de discipline seraient considérés. Bref, les enseignants désirent réaliser leurs tâches en adéquation avec les exigences du régime pédagogique (MEQ, 198la).

lls estiment cependant que la grille-horaire ne leur permet plus d’y arriver, qu’elle produit un «manque» de temps qu’ils vivent plus ou moins confortablement selon les individus. Beaucoup d’enseignants se disent essoufflés à force de chercher à le combler, à force de courir après le temps manquant ou perdu: au fond, ils voudraient regagner du temps. En ce sens, ils font écho aux enseignants mécontents de la rigidité de l’organisation scolaire en général dans l’étude de Toupin et al. (1980; 1982) et à ceux qui, dans le rapport annuel du Conseil supérieur de l’éducation (1984), ont vivement critiqué le minutage excessif de leurs tâches, l’éparpillement de leur enseignement et la perte de contact avec leurs élèves qui en découle.

Le comité d’école, de toute évidence, partage les idéaux des enseignants. ll accepte la mise en place d’une grille-horaire réputée plus efficace, dans le respect de certains éléments organisationnels qu’il nous faut mentionner afm de mieux faire saisir la portée de la solution retenue de même que le m conducteur de nos travaux.

Premièrement, selon le régime pédagogique, une année scolaire comporte un minimum de 180 jours. n faut s’assurer que chaque élève y reçoive des services éducatifs pendant un minimum de 25 heures (1 500 minutes) par semaine ou 300 minutes par jour (MEQ, 1981a, art. 25). Deuxièmement, le principe organisateur du travail de l’élève renvoie à la durée de l’apprentissage où chaque unité de temps est équivalente à 25 heures d’activités (art. 26). Troisièmement, l’entente liant à l’époque la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ) et le MEQ (Entente 1983-1985, art. 8-2.00-8-6.01) fixe la disponibilité des enseignants à un maximum de 27 heures par semaine, dont 18 heures 20 minutes d’enseignement, 1 heure 40 minutes de tâches complémentaires (encadrement, récupération, swveillances) et 7 heures d’activités éducatives autres que les activités formelles déjà mentionnées. Finalement, la grille horaire qu’on s’apprête à modifier est celle qui est alors la plus en usage au Québec, où la journée est divisée en six périodes de 50 minutes chacune et l’année en cycles (semaine) de six jours.

La solution aux difficultés des enseignants consiste à rediviser le temps des élèves. Chaque période d’enseignement comptera dorénavant 75 minutes, chaque journée comportera quatre périodes et chaque cycle comptera 9 jours. De plus, l’année scolaire sera divisée en deux semestres comptant 90 jours chacun. On croit ainsi récupérer du temps de contact auprès des élèves, corriger les irritants globalement attribués à l’organisation du temps de leur travail depuis plusieurs années, atténuer le «manque» de temps des enseignants, et en bout de ligne alléger le malaise que ceux-ci en ressentent.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I PROBLEMATIQUE
1. 1 Détermination de 1 ‘objet de recherche
1 . 1. 1 Le problème du «manque» de temps
1. 1. 2 La solution retenue: modifier la grille-horaire
1.1.3 Début de revue de la littérature
1.1.4 La pré-enquête comme révélateur du véritable «manque» de temps
1. 1.5 La définition du véritable objet de notre recherche
1.2 Importance et pertinence de l’objet de notre recherche
CHAPITRE II CADRE THÉORIQUE
2.1 Les recherches sur le rapport au temps chez les enseignants: sous l’angle du versant externe
2.1.1 Les recherches sur l’organisation du temps en Occident
2.1.2 Les recherches sur l’organisation du temps dans l’institution scolaire
2.1.3 Les rechercheS sur l’efficacité de l’enseignant en regard du temps prescrit Les recherches sur le rapport au temps chez les enseignants: sous l’angle du versant interne
2.2. 1 Les recherches sur le temps vécu par tout individu
2. 2. 2 Les recherches sur le temps vécu par 1 ‘enseignant
2.2.3 Les recherches liées au malaise face au «manque de temps»
2.3 La contribution des écrits recensés à notre propre recherche
CONCLUSION

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