Les outils informatiques sont de plus en plus présents dans le quotidien de tous, et notamment des enfants qui sont amenés à les manipuler dès le plus jeune âge. Le domaine orthophonique en bénéficie également. Certains de ces logiciels permettent d’observer et d’entraîner les capacités visuo-spatiales des enfants. Or, une population non négligeable d’enfants porteurs ou ayant été porteurs d’une tumeur cérébrale (25% des enfants cancéreux) ont très souvent pour séquelles des déficits visuo-spatiaux, et n’ont fait l’objet que de peu de recherches en orthophonie.
Notre étude se propose de déterminer si l’outil informatique Neurowaken est bénéfique dans la rééducation des troubles visuo-spatiaux, et s’il favorise les capacités visuospatiales de ces derniers. Une des étiologies donnant lieu à de tels troubles est la neurofibromatose de type 1 (NF1), et ce sujet a été choisi au départ. Puis, par manque de cas cliniques lié aux contraintes d’âge, nous avons choisi des enfants porteurs de tumeurs cérébrales. Les structures nécessaires au bon fonctionnement de ces capacités sont présentes dans de nombreuses régions du cerveau et la présence d’une tumeur peut les perturber.
Les fonctions visuo-spatiales sont très importantes car activées de nombreuses fois dans une journée. En effet, elles permettent d’analyser la forme et la couleur d’un objet d’une part, ainsi que son orientation, sa taille et son emplacement d’autre part. Les capacités de construction font également partie intégrante de ces fonctions. Les fonctions visuo-spatiales sont essentielles dans l’identification d’objets et le repérage spatial, et elles sont étayées par des fonctions internes au corps, telle la position d’un de nos bras. L’imagerie mentale permet également de percevoir un objet en son absence, de l’imaginer et même de lui faire effectuer des rotations grâce à des représentations mentales élaborées lors d’une expérience passée faisant intervenir le même objet. Elle agit comme une « mémoire de travail visuo-spatiale ». Ainsi cette mémoire détient également un rôle important dans l’application correcte de ces fonctions.
Ainsi selon MAZEAU les fonctions visuo-spatiales sont composées :
• de fonctions neurovisuelles à savoir l’attention, l’oculomotricité, le repérage spatial et le décodage gnosique,
– L’attention visuelle est une fonction indépendante des autres fonctions attentionnelles. Elle joue un rôle très important dans l’efficience des fonctions visuo-spatiales. En effet, elle permet de sélectionner le stimulus à observer parmi d’autres, et de maintenir cette sélection. Les lobes occipitaux, frontaux et pariétaux sont alors sollicités.
– L’oculomotricité : il s’agit de pouvoir observer un objet précis, d’observer une scène plus complexe nécessitant la mise en place d’un balayage visuel et de poursuivre un objet en mouvement.
– Le repérage spatial : il s’agit de pouvoir se situer et se repérer dans l’espace.
– Le décodage gnosique : ce dernier est réalisé par la participation du lobe temporal qui permet une reconnaissance de l’objet observé en accédant au stock sémantique.
• de fonctions dépendantes des traitements cérébraux,
• de fonctions spatiales.
Des fonctions visuo-spatiales performantes sous-entendent un bon traitement de l’organisation et de la perception visuelle de l’espace. Or, les lobes du cerveau interviennent lors de la perception visuelle. Tout d’abord, le lobe pariétal est le lobe détenant le plus grand rôle dans l’efficience des fonctions visuo-spatiales. Il va permettre de situer l’objet afin de pouvoir par la suite y accéder : il va falloir le situer par rapport à soi-même. De plus, le lobe pariétal intervient dans la position et l’orientation des objets par rapport à l’axe vertical. L’asymétrie manuelle, qui se développe de 1 à 8 ans, implique une dissociation puis une maîtrise des notions de « droite » et de « gauche ». Cette dissociation en miroir, c’est-à-dire sur une personne située en face de l’enfant, ne peut être réalisée qu’à partir de 7 ans.
La dissociation et la maîtrise des termes « horizontal » et « vertical », fait intervenir deux voies essentielles : la voie ventrale et la voie dorsale. Il est à noter qu’une simple reconnaissance consciente d’objets entraîne l’activation des lobes occipital et temporal. La voie ventrale entre ainsi en action. Elle permet une identification grâce aux qualités de l’objet : sa couleur, sa taille, sa forme, etc. Parallèlement, la localisation et la manipulation d’objet entraîne l’activation des lobes occipital et pariétal. Il s’agit ici de la voie dorsale. Elle permet d’établir les données spatiales et les natures des mouvements.
Mais le lobe frontal intervient également. En effet il serait l’auteur de l’initiative, c’est-à-dire de la prise de décision qui commande aux yeux de s’orienter et de regarder à tel ou tel endroit. Ce n’est que par la suite que le lobe temporal établit une image mentale de l’objet et que conjointement le lobe occipital l’identifie. Ainsi apparaît l’importance de chacun des lobes cérébraux dans la perception des informations visuelles et spatiales.
Le lobe occipital joue cependant un rôle particulier dans la perception visuelle : en effet bien que des aires visuelles associatives se situent vers les lobes pariétaux ou temporaux, les aires visuelles primaires se situent dans les lobes occipitaux du cerveau. Elles sont des zones bien déterminées du cortex et sont reliées entre elles. Actuellement 35 aires visuelles sont recensées, mais cinq jouent un rôle décisif :
– la première aire visuelle ou aire V1 ainsi que l’aire V2, permettent de distinguer les contours des objets ou personnes situés dans le champ visuel,
– l’aire V4 permettrait de distinguer les couleurs; mais on ne note pas de spécificité à cette aire car sa destruction n’engendrerait pas une perte de perception des couleurs; ainsi une ou plusieurs aire(s)-relais aurai(en)t la même fonction (selon ZEKI),
– l’aire V5 aurait pour rôle la distinction des mouvements se déroulant dans le champ visuel,
– l’aire V3 ne possèderait pas encore de fonction spécifique connue à ce jour mais interviendrait fréquemment dans la perception visuelle.
De plus il existe une relation entre le champ visuel et les aires visuelles reposant sur le fait que chaque partie du champ visuel correspondrait à une aire visuelle spécifique. Ainsi un objet situé dans une partie du champ visuel ferait parvenir un message nerveux jusqu’à une aire visuelle lui correspondant.
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