Commerce électronique et formes d’organisation des échanges

En dépit du caractère embryonnaire du commerce électronique, cette nouvelle façon de réaliser des transactions marchandes soulève de nombreuses interrogations. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la question relative à la définition même de ce concept – qu’est-ce que le commerce électronique, et que recouvre-t-il précisément ? – ne semble pas constituer une interrogation majeure. Arguant que l’intérêt de ce concept réside non pas dans sa définition, mais dans le potentiel et l’analyse du phénomène même, la plupart des analyses préfèrent se focaliser sur les effets du commerce électronique. En outre, le commerce électronique constitue-t-il une avancée en direction de la « fluidité » des échanges ? Plus précisément, assistera-t-on à l’avènement d’un marché planétaire, où à l’exception des intermédiaires de confiances, coexisteraient uniquement des producteurs et des consommateurs ? . De cette interrogation, il découle que l’examen des effets produits par le commerce électronique dépend de la définition que l’on adopte. La lecture attentive de la littérature relative aux définitions de ce concept nous a conduit au constat suivant : le commerce électronique est davantage une « formule choisie » qu’un concept clairement défini. De fait, l’étude des effets induits par le commerce électronique implique de définir ce que recouvre cette nouvelle façon de réaliser des transactions.

L’engouement suscité par les potentialités qui résultent des échanges sur l’Internet marque le point de départ de notre réflexion. Les mutations technico-économiques auxquelles nous assistons depuis une vingtaine d’années augurent, avec l’avènement du commerce électronique, de profondes mutations sur le plan économique, technique, organisationnel ou encore social. La possibilité d’effectuer des transactions marchandes par le biais des réseaux numériques comme l’Internet serait à l’origine de ces bouleversements. Ces transformations procèdent de l’idée qu’en abrogeant partiellement les contraintes d’espace et de temps, l’Internet autorise quiconque à acquérir un bien, quelle que soit sa localisation géographique. L’Internet permettrait même de distribuer les biens pouvant être dissociés de leur support.

Avec l’essor du commerce électronique, certains ont imaginé que l’emploi des réseaux numériques supprimerait définitivement tous les obstacles entravant le mode de fonctionnement des marchés et, par voie de conséquence les échanges. En d’autres termes, le commerce électronique éliminerait toutes les imperfections qui procèdent du fonctionnement des marchés. A l’instar de l’Internet qui résulte de l’interconnexion de différents réseaux numériques, le commerce électronique, articulé autour d’un grand nombre de marchés interdépendants, contribuerait à l’implémentation d’un marché « concurrentiel ». Les transactions marchandes réalisées par le biais de l’Internet feraient par définition preuve d’une plus grande fluidité. Les spécificités de l’Internet consacreraient une forme particulière d’organisation des transactions.

Le principe selon lequel cette nouvelle forme de transactions marchandes s’articulerait autour d’un grand nombre de marchés et contribuerait à faire émerger un marché effectivement « concurrentiel » renvoie à une problématique particulière. Il s’agit de la question liée à l’interdépendance des marchés étudiée dans le cadre de la Théorie de l’Équilibre Économique Général. La généralisation du commerce électronique devrait entraîner un accroissement de la quantité d’informations échangées engendrant d’un côté, une diminution de l’incertitude de marché et de l’autre, un accroissement de l’efficience, tant au niveau de l’entreprise qu’au niveau de l’efficience globale. Après avoir exposé les effets induits par les échanges électroniques, nous nous proposons d’évaluer précisément ces propositions.

Les implications sur la structure des coûts 

Le développement des échanges électroniques devrait modifier la structure des coûts. En effet, en reliant producteurs et consommateurs, l’Internet est perçu comme un nouveau canal de commercialisation. En toute logique, le coût lié à la commercialisation des biens et des services devrait diminuer. Néanmoins, les incidences de l’Internet ne se limitent pas au seul coût de commercialisation. Deux autres types de coûts devraient être affectés par les échanges électroniques : les coûts de distribution ou de livraison et les coûts liés à la production qui recouvrent les coûts d’approvisionnement et de fabrication. Le coût de distribution apparaît dans un premier temps comme le coût susceptible d’être affecté le plus directement par l’Internet, dès lors que le produit et/ou le service peut être distribué par son intermédiaire. Toutefois, l’Internet devrait également affecter l’ensemble des coûts de production des entreprises.

Les coûts liés à la production des biens et des services 

Il est très difficile d’évaluer les incidences sur les coûts de production , car elles sont liées à l’adoption des nouvelles technologies de l’information et de la communication en général et des échanges électroniques en particulier. Alors qu’une majorité d’experts soutient que les échanges électroniques devraient engendrer une diminution des coûts de production, peu d’études viennent corroborer cette affirmation.

Les coûts liés à la distribution 

Le développement des échanges électroniques devraient favoriser une diminution notable des coûts de distribution. Contrairement à la distribution traditionnelle qui nécessite une présence physique, ce qui implique des coûts de distribution d’autant plus élevés que le nombre de boutiques est important, l’Internet permet de réduire de manière significative les coûts de distribution. La diminution des coûts de distribution devrait concerner les produits immatériels ou les produits dont le contenu peut être numérisé. Selon certaines études , les effets sur les produits tangibles semblent en revanche encore incertains.

Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
TITRE I. COMMERCE ÉLECTRONIQUE ET FORMES D’ORGANISATION DES ÉCHANGES
CHAPITRE 1. Commerce électronique et efficience économique
I.1.1. Les incidences des échanges électroniques sur l’activité économique
I.1.2. La dynamique d’évolution des configurations organisationnelles
I.1.3. Du commerce électronique à l’interdépendance des marchés
CHAPITRE 2. Le commerce électronique : un concept en devenir
I.2.1. Les principales approches du concept de commerce électronique
I.2.2. Les formes de commerce électronique impliquant les entreprises
I.2.3. Les formes de commerce électronique impliquant les consommateurs
CHAPITRE 3. Trois axes d’analyse pour définir le commerce électronique
I.3.1. Structure des réseaux numériques et échanges électroniques
I.3.2. Le commerce électronique : un mode de fonctionnement en réseau
I.3.3. De l’électronisation du commerce au commerce électronique
CONCLUSION
TITRE II. DE L’OBSERVATION DE LA RÉALITÉ À LA CONCEPTUALISATION
CHAPITRE 4. Présentation de la méthodologie
II.4.1. La complexité et la particularité du terrain de recherche
II.4.2. Principaux éléments méthodologiques
II.4.3. Le processus de recherche
CHAPITRE 5. Les deux modèles de commerce électronique
II.5.1. Identification des principaux faits marquants issus de l’enquête
II.5.2. Le modèle portail : la forme standard du commerce électronique
II.5.3. Le modele panier : la forme originale du commerce électronique
CHAPITRE 6. Analyse théorique et mise en perspective du modèle panier
II.6.1. L’approche par les compétences : vers une théorie de l’industrie
II.6.2. L’enjeu de la maturité « technico-organisationnelle » des entreprises
II.6.3. L’enjeu de la « différenciation » des consommateurs par les entreprises
CONCLUSION GÉNÉRALE 

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