La problématique de la biométhanisation en République démocratique du Congo
Produits de la méthanisation
Le biogaz
Le gaz, produit par la fermentation méthanigène, est connu sous les noms de gaz de marais, gaz des égouts ou biogaz. Selon John (1977), le biogaz est constitué comme suit :
CH4 54 – 70% C02 27 – 45% H2 1-10% N2 0,5 – 3% CO 0,1% 02 0,1% H2S traces La richesse du biogaz en CH4 dépend de la température de la digestion (de façon inverse) et du rapport C/N du substrat (John, 1977) comme l’indique le tableau 3.
Utilisations
Le biogaz peut premièrement produire de l’énergie (Anonyme, 1981 Mattocks, 1984 ; Louvel, 1990 Ranaivosoloarimalala et Andriantahiana, 1990).
Dans la production d’énergie :
– le biogaz peut servir à la production de chaleur, susceptible d’être utilisée soit dans la cuisson, le séchage ou le chauffage, soit dans le fonctionnement de machines à vapeur pour la production d’électricité ou d’énergie mécanique ;
– le biogaz petit faire fonctionner un moteur à combustion interne pour produire de l’énergie cinétique (mécanique) ou de l’électricité. Il existe en effet des normes d’équivalence :
• 1 m3 de biogaz permet à une lampe d’éclairer pendant 6 à 7 heures et de diffuser une luminosité équivalente à 60 watts de lumière électrique (soit 0,62 litres de pétrole lampant) ;
• 1 m3 de biogaz correspond à 3,47 kg de bois de feu ou 1,5 kg de charbon de bois ;
• 1 m3 de biogaz peut faire fonctionner un moteur à combustion interne de 1 CV pendant 2 heures, soit environ l’équivalent de 0,6 à 0,71 d’essence
• 1 m3 de biogaz peut aussi produire 1,25 kWh d’électricité.
En outre, le biogaz épuré peut être utilisé dans l’industrie chimique pour la fabrication de nombreux produits chimiques (chloroforme, acétylène, méthanol, …).
L’effluent
L’effluent est le résidu, solide et/ou liquide, qui sort du digesteur après la fermentation (minéralisation). À la suite des transformations subies au cours de cette fermentation, l’effluent solide est enrichi en N et K, tandis que l’effluent liquide est enrichi en P Ainsi, cet effluent (solide + liquide) peut servir comme amendement agricole à cause de ses qualités fertilisantes dont le rapport des éléments nutritifs est :
N : P2O5 : K2O = 1 : 0,5 : 1 (Sasse, 1986).
L’effet fertilisant est fonction de la culture et de la nature du sol.
À cause de la destruction d’une grande partie des germes pathogènes (bactéries du typhus, du paratyphus, du choléra, de la dysenterie, des ankylostomes et des bilharzies, etc.), pendant la fermentation, l’effluent peut également être utilisé comme aliment pour les animaux domestiques (lannoti et al., 1979) ou les poissons (Anonyme, 1981 ; Sasse, 1996).
Intérêt de la technologie de production du biogaz
Biométhanisation et lutte contre l’insécurité alimentaire
La biométhanisation peut contribuer à la lutte contre l’insécurité alimentaire (Cousin, 1996 ; Louvel, 1990).Le sol congolais, à l’instar des sols des autres pays tropicaux, est trop fragile et pauvre pour soutenir une agriculture durable. Dans la ville de Kinshasa et ses environs par exemple, le sol est fort sablonneux ; il se prête mal à l’utilisation fréquente des engrais chimiques. Comme les techniques agropastorales sont, en outre, peut performantes, il s’ensuit une faible productivité agropastorale dans les milieux urbains, périurbains et même dans les milieux ruraux.On comprend aisément ainsi les éléments qui contribuent à l’insécurité alimentaire, conduisant à la malnutrition et à la sous-alimentation.L’utilisation des effluents de la digestion méthanigène comme amendements peut améliorer la fertilité des sols. De plus, l’effluent issu de la fermentation peut contribuer à la réduction du coût de la fabrication d’aliments pour le bétail et / ou les poissons. Sasse (1996) signale qu’un fumier digéré (dans un fermenteur méthanigène) entraîne un rendement de 5 à 15% supérieur au fumier frais non digéré.
Biométhanisation et contribution à l’approvisionnement en énergie décentralisée de la population urbaine et même rurale de la RDC
Normalement, la RDC a un potentiel énergétique énorme (Anonyme, 1998), qui ventile comme suit :
Ressources d’hydrocarbures
– Potentialité : notre pays compte trois bassins sédimentaires : le bassin côtier ; la cuvette centrale et le graben du Tanganyika. Le bassin côtier, qui est le seul à être exploité pour la production pétrolière, s’étend sur 599 km2.
– Production actuelle : après avoir atteint un plafond de 12 millions de barils (1 baril = 160 litres = 0,16 m3 en 1985 (soit 33.445 barils/jour), la production actuelle a sensiblement diminué, se situant en-dessous de 7 millions de barils/an. Faute d’équipements appropriés de raffinage, à Moanda, la quasi-totalité de cette production est exportée, raison pour laquelle le pays est obligé d’importer les produits pétroliers dont la consommation actuelle se situe autour de 550.000 m3.
– Réserves. D’après la Commission Nationale des Énergies, les réserves prouvées restantes de pétrole dans le bassin côtier sont évaluées à 70.000000 m3 et, dans les zones non exploitées, à 800 millions de barils.
Ressources hydroélectriques
– Potentialité : l’ensemble des ressources hydroélectriques de notre pays petit fournir environ 774.000 GWh par an.
– Production actuelle : les centrales hydroélectriques produisent environ 95% de cette énergie.
Comme nous l’avons souligné dans l’introduction, la RDC compte 12 centrales à savoir : Mwadingusha, Koni, N’zilo, N’sele et Kalemie (au Katanga) ; Inga I et II et Zongo (Bas-Congo) ; Ruzizi I et Il (Kivu) ; Tsopo (Province Orientale) et Mobayi (Équateur).