Les biocarburants en Afrique

Les BIOCARBURANTS en AFRIQUE

I N T R O D U C T I O N

L’Afrique a besoin d’avoir davantage accès à des sources d’énergies propres et renouvelables. Sa lourde dépendance envers les carburants fossiles, le bois de chauffe et le charbon de bois limite fortement son potentiel de développement économique et social, et va jusqu’à affecter sa survie.
Alors que les besoins en énergie du continent continuent de croître très rapidement sous la pression des facteurs démographiques et de l’urbanisation, ses ressources sont de plus en plus à la traîne. Cela implique que l’Afrique passe des sources traditionnelles d’énergie à de nouvelles, améliore les économies d’énergie, exploite le potentiel peu exploré des énergies renouvelables et réduise sa dépendance envers les carburants fossiles. En outre, la pénurie de pétrole commence à effrayer bon Bill Gates a lui-même investit plus de 84 millions de $ US dans une société américaine de production d’éthanol !
La Commission européenne, consciente des conséquences qu’entraînerait un énième « crash pétrolier » et souhaitant se mettre en conformité avec le Protocole de Kyoto, a adopté toute une série de mesures visant, à terme, à favoriser l’utilisation d’énergie renouvelable, issus notamment de la biomasse. Si nous reprenons les propos d’Alexander Muller, assistant de directeur général du
Département de la FAO pour un développement durable, les biocarburants fournirons, d’ici une vingtaine d’années, plus de 25 % des besoins mondiaux en énergie.
Enfin ajoutons que beaucoup d’experts s’accordent à dire que l’industrie africaine des biocarburants pourra créer quantité d’emplois, être un booster économique pour les pays producteurs et donc aider ces derniers à sortir de la pauvreté.

L e s E N E R G I E S  R E N O U V E L A B L E S

Les « ENERGIES VERTES » 

* Le biogaz est l’énergie renouvelable issue de la fermentation des déchets organiques. Le processus est appelé méthanisation. Il utilise la matière organique la plus facilement « digestible «, soit 30% à 80% de la matière sèche. La partie restante après la méthanisation (20% à 70%) peut être utilisée comme fertilisant en agriculture. La composition du biogaz est similaire à celle des gaz naturels bruts. C’est un mélange de méthane, de gaz carbonique, d’azote et de gaz traces. Selon la nature des déchets traités et les variations climatiques la composition du biogaz peut différer en proportion.
Le biogaz peut être utilisé soit en l’état, soit après épuration. Trois utilisations sont éprouvées industriellement : 1. la combustion dans une chaudière (chauffage) 2. la combustion dans un moteur produisant de l’électricité
3. la combustion en cogénération, soit un moteur qui produit à la fois de la chaleur et de l’électricité.
Le biogaz présente des avantages au niveau local : la méthanisation représente un complément d’activité pour les agriculteurs, qui peuvent valoriser économiquement et énergétiquement les déchets agricoles (de source végétale ou animale). La méthanisation laisse place à l’autonomie économique pour les producteurs de biogaz. Il présente également des avantages au niveau environnemental : en apportant une réponse énergétique et écologique au problème du traitement des déchets organiques. La méthanisation est une activité de dépollution. Elle constitue en effet une alternative à l’enfouissement ou au rejet de ces déchets, ainsi qu’à la consommation des énergies fossiles ou fissiles. D’autre part, l’ensemble des déchets organiques produit naturellement, lors de sa décomposition, d’énormes quantités de méthane et de gaz carbonique. Ces gaz gagnent les hautes couches atmosphériques et contribuent à l’augmentation de l’effet de serre. En brûlant, le biogaz issu de la méthanisation réduit de 20 fois la pollution des gaz issus de la fermentation. La méthanisation des boues d’épuration, des déchets ménagers et industriels permet d’éliminer les odeurs liées à leur traitement habituel.

Les BIOCARBURANTS 

Trois grandes catégories de biocarburants existent : l’alcool, les esters et les huiles végétales. * L’alcool, dit « bioéthanol », est produit par la fermentation des sucres contenus dans les plantes riches en sucre (betteraves, topinambours, canne à sucre…) ou en amidon (pomme de terre, maïs, manioc) ou encore dans les plantes ligneuses (bois, paille…). Pour éliminer les difficultés techniques liées au stockage de l’éthanol, celui-ci est généralement converti par une réaction chimique en un éther dérivé de l’éthanol : l’ETBE (éthyl-tertio-butyl-éther).

* Les esters sont issus du mélange avec un alcool d’huile de graines oléagineuses (soja et colza par exemple)

Le Diester est en fait issu de la transformation des huiles végétales en question, selon une réaction physico-chimique appelée transestérification. Cette transformation chimique est l’étape indispensable pour obtenir un produit stable, homogène et de qualité régulière. Les pétroliers exigent, en effet, des garanties sur le produit qu’ils incorporent dans leur gazole. Dans les usines, la graine de colza ou de tournesol est donc triturée (pressée) pour en extraire l’huile. Cette huile est ensuite partiellement raffinée avant d’entrer en réaction avec de l’alcool méthylique (ou méthanol). Cette réaction génère un esther appelé « diester » ou « biodiesel » et de la glycérine. Ce produit répond à la forte demande en produits d’origine végétale des secteurs de la cosmétique et de la pharmacie. Par ailleurs, le tourteau, la partie sèche des graines qui ont fourni l’huile, est valorisé en alimentation animale pour sa richesse en protéines végétales. Si les biocarburants sont théoriquement capables d’être utilisés à 100 % en substitution aux carburants fossiles, ce contexte législatif particulier en France a guidé le choix d’une incorporation des biocarburants Diester et éthanol dans les carburants fossiles vendus à la pompe. En 2005, on pouvait trouver en moyenne 1,5 % de Diester dans les gazoles vendus à la pompe. Le Diester représente 80 % des biocarburants mis actuellement sur le marché français.

* Les huiles végétales carburants (colza, tournesol, coprah, palme, arachide, etc.) qui sont utilisées comme telles après avoir été pressées à froid

Elles peuvent être utilisées (jusque 100 %) comme biocarburant pour tous les moteurs diesel (inventé à l’origine pour ce type de carburant), sous réserve de modifications mineures visant à réchauffer le carburant en question, ou, sans modification, en mélange avec du gazole ordinaire (30 % sur tous les véhicules, et jusqu’à 50 % selon les cas). Par rapport au biodiesel, les huiles végétales possèdent une viscosité plus importante (jusqu’à 10 fois plus), une indice cétane1 plus faible , et une température de solidification plus élevée. Cependant, si le biodiesel nécessite un apport énergétique pour accélérer le processus d’estérification et se doit d’être traité dans des raffineries spécialisées avant d’être livré aux consommateurs, l’huile végétale peut être utilisée comme tel par la population. En cela, elle est considérée comme étant considérablement un des « carburants verts » avec le plus de potentiel pour le continent africain.

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