Les problèmes de santé des enfants constituent une préoccupation dans le monde et plus précisément les pays en développement. La morbidité et la mortalité des enfants de moins de cinq ans restent un problème majeur de santé publique dans le monde et surtout dans les pays du tiers monde. Selon le rapport santé de l’OMS de 2014, le nombre d’enfants de moins de 5 ans décédés chaque année à travers le monde est passé respectivement de 12,6 millions en 1990 à 6,3millions en 2013, plus des deux tiers de ces décès sont dus à des maladies pouvant être évitées ou traitées aux moyens d’interventions simples et peu couteuses [1] .
Bien que toutes les régions du monde aient enregistré une diminution, la proportion de décès d’enfants de moins de 5 ans se concentre de plus en plus en Afrique Subsaharienne et en Asie du Sud. En Afrique Subsaharienne la probabilité que les enfants meurent avant l’âge de 5ans est supérieure à 16, 5 fois plus grande que dans les pays à revenu élevé [2]. Au Mali, les problèmes liés à la santé de l’enfant et de la mère figurent parmi les actions prioritaires de santé retenues par les autorités. La morbidité chez les enfants au Mali est dominée par le paludisme, les infections respiratoires aiguës (IRA), les maladies diarrhéiques, la malnutrition, la rougeole surtout les enfants de5ans [3].
Les nouvelles, tendances et caractéristiques de la morbidité et de la mortalité des enfants de moins de cinq ans sont fonction des conditions sanitaires, environnementales socio-économiques et culturelles qui prévalent dans la population et ses diverses couches sociales [4]. Au Maroc selon le rapport de l’UNICEF 2007, les infections respiratoires aigües, la diarrhée restent des problèmes importants chez les enfants de moins de cinq ans [5].
Pour certaines des maladies les plus meurtrières de l’enfance, comme la rougeole, la poliomyélite, la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la pneumonie due à HaemophiliusInfluenzae type B et Streptococcus pneumoniae, il existe des vaccins qui peuvent protéger les enfants et leurs éviter de tomber malade ou de mourir [1]. Au Mali, selon EDSM V, la morbidité chez les enfants de moins de cinq ans est dominée principalement par le paludisme, les infections respiratoiresaiguës, les diarrhées, la malnutrition, la rougeole [6]. Une étude réalisée à 2009 par Mme Binta Traore épouse Diambou au centre de santé communautaire de Baco-djicoroni avait trouvé comme principales pathologies: le paludisme (49,9%), les IRA (32,3%), la diarrhée (13,1%) et les infections cutanées (11,6%) [7]et une analyse de ces résultats obtenus permet d’affirmer que la morbidité dues aux affections courantes restent toujours élevées.
La connaissance de l’état de santé d’une population s’exprime par l’intermédiaire d’indicateurs de santé qui sont des variables reflétant diverses composantes de l’état de santé. Les indicateurs de mortalité renseignent sur la fréquence des décès et les indicateurs de morbidité renseignent sur la fréquence des problèmes de santé.
Morbidité :est l’exposition d’une population à des affections qui ne sont pas nécessairement mortelles. En épidémiologie : c’est le nombre de personnes souffrant d’une maladie donnée pendant un temps donné, en général une année, dans une population. L’incidence (nouveaux cas) ou la prévalence (la somme de tous les cas) sont deux façons d’exprimer la morbidité d’une maladie[12].
Les indicateurs sont :
– L’incidence est le nombre de nouveaux cas observés pendant une période donnée rapporté à la population exposée au risque pendant la période donnée. L’incidence correspond au risque moyen de contracter la maladie pendant la période étudiée pour n’importe quel individu de la population étudiée [13].
– La prévalence : est le nombre total de cas observés (nouveaux + anciens) à un moment donné sur la population dont sont issus ces cas. Elle mesure la présence d’une maladie dans la population. La prévalence dépend de l’incidence et de la durée de la maladie. La prévalence est également un outil utilisé pour la planification des ressources sanitaires [13].
– La létalité : témoigne de la gravité de la maladie et de la qualité des soins.
Mortalité : la mortalité se définit comme la fréquence des décès dans une population, c’est à dire le nombre de décès pendant une période donnée rapporté à la population étudiée pendant cette même période. Le taux de mortalité est le nombre de décès dus à une maladie rapporté au nombre de patients atteints par cette maladie.
– La mortalité infantile : est le nombre de décès d’enfants de moins d’un an pendant une période donnée rapporté à la population étudiée pendant la période donnée se définit comme étant le décès survenant chez les enfants âgés de 0 à 1 an. Le taux de mortalité infantile est égal au rapport entre le nombre de décès survenus chez les enfants âgés de moins d’un an au cours d’une année et le nombre de naissance vivantes au cours de la même année multiplié par mille .
La mortalité infantile comprend trois composantes :
.Mortalité néonatale précoce : de 0-6 jours ;
.Mortalité néonatale tardive : de 7-27 jours ;
Mortalité poste néonatale : de 28-364 jours.
– La mortalité juvénile : concerne les décès survenus chez les enfants âgés de 1 à 4 ans. Son taux est égal au rapport entre le nombre de décès d’enfants âgés de 1 à 14 ans pendant une période et la population moyenne d’enfants âgés de 1 à 14 ans au cours de la même période.
– La mortalité infanto juvénile : comprend la mortalité infantile et la mortalité juvénile. Elle mesure le nombre de décès survenant entre 0 à 4 ans ; son taux est égal au rapport entre le décès survenant pendant une période donnée d’enfant de 0 à 4 ans et la population moyenne d’enfants de 0 à 4 ans.
Situation sanitaire actuelle du Mali
L’adoption et la mise en œuvre par le Mali en 1990 d’une politique sectorielle de santé basée sur la stratégie des soins de santé primaire et sur l’initiative de Bamako (décentralisation et participation communautaire) ont abouti à l’amélioration notable de l’accès aux services de santé primaires. Malgré cela la situation sanitaire de la population du Mali, reflet du niveau de développement socio – économique, reste préoccupante malgré l’augmentation de la part des dépenses de santé dans le budget de l’état (10,01% en 2004, 08,5% en 2011 et 08% en 2012) et les efforts déployés par le secteur de la santé. Les taux de morbidité et de mortalité restent encore élevés. Cela s’explique surtout par: une insuffisance de couverture sanitaire (faible accessibilité au PMA dans un rayon de 5 km); une insuffisance des ressources financières allouées au secteur santé au regard des besoins du CSLP (Cadre Stratégique de lutte contre la pauvreté) et du PRODESS prolongé (2009- 2011);
– un faible niveau d’instruction, d’alphabétisation; Une insuffisance quantitative et qualitative du personnel socio-sanitaire;
– une insuffisance d’accès à l’eau potable, une persistance de certaines pratiques coutumières/traditions souvent néfastes pour la santé, une insuffisance dans l’implication des communautés dans la gestion des problèmes de santé. En plus, les infections sexuellement transmissibles persistent, notamment la pandémie du VIH/SIDA. On constate l’émergence de maladies non transmissibles dites de génération (maladies cardiovasculaires, diabète, troubles mentaux etc.). Le taux de mortalité infanto-juvénile (selon les enquêtes EDS IV et V) est passé de 191 pour mille à 114 pour mille naissances vivantes. En ce qui concerne la mortalité infantile, le taux est passé de 122,5 à 113,4 pour mille naissances vivantes grâce au renforcement du Programme Elargi de vaccination. Sur la santé des enfants on note des progrès par rapport à la situation de la stratégie d’accélération de la survie et du développement de l’enfant (SASDE) qui a pour objectif la réduction de la mortalité infanto juvénile. A travers cette stratégie bon nombre d’enfants et de femmes enceintes dorment sous moustiquaires imprégnées d’insecticide. Et par rapport à la prise en Charge Intégrée des Maladies de l’enfant (PCIME) on note une amélioration de la qualité des services mais un problème de lourdeur dans la mise en œuvre et le suivi sont constatés. La prévention des maladies de l’enfance s’est nettement renforcée également avec une augmentation de la couverture vaccinale. Cette même tendance à la baisse est également observée pour la mortalité maternelle à travers le plan stratégique de la santé de la production; à travers la création de structures de santé offrant une visite de suivi des grossesses et d’assistance par un personnel qualifié lors de l’accouchement.
La prise en charge des Soins Obstétricaux d’Urgence (SOU) a pris un envol avec l’institution de la prise en charge gratuite de la césarienne. Des efforts restent nécessaires en vue d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). La politique sanitaire du Mali est conforme aux principes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) elle définit les orientations du développement sanitaire et social du Mali. Dans la déclaration de politique sectorielle de santé et de population on note que la priorité de l’action sanitaire s’adresse au milieu rural et péri urbain, cela dans un souci d’équité et de correction des inégalités sociales; qu’elle vise la prévention des malades ou qu’elle s’attache à promouvoir l’action socio sanitaire en vue d’améliorer le bien-être de la famille. En outre par cette déclaration on constate que la santé représente désormais un secteur d’investissement qui obéit à la loi d’utilisation rationnelle des ressources afin d’assurer la pérennité du développement sanitaire, la prise en compte de la planification des ressources disponibles et la mobilisation de tous les acteurs : état, ONG et population. Fort des résultats de cette politique sectorielle, un Plan Décennal de Développement Sanitaire et Social (PDDSS 1998 2007), un Programme quinquennal de Développement Sanitaire et social (PRODESS) basés sur les mêmes stratégies et orientations et après le second Programme quinquennal de Développement Sanitaire et social (PRODESS II) ont été élaborés. Les actions conduite par le ministère de la santé ont permis d’obtenir de grandes avancées dans certains domaines et de créer l’espoir dans d’autres notamment dans la lutte contre le VIH/SIDA et de l’assistance aux personnes vivants avec le VIH, l’élimination de la lèpre, l’éradication de la poliomyélite, de la dracunculose et d’autres maladies endémiques. Une multitude d’écoles de formation d’agents socio sanitaire existe aujourd’hui en vue de rendre disponible les ressources humaines pour les secteurs publiques, communautaires et privés. Existe une différenciation des missions par niveau dans la politique sanitaire nationale (3 niveaux) :
– Le niveau central (Ministère de la Santé et services centraux) se charge de l’élaboration des normes et des procédures au niveau central, de l’appui technique au niveau intermédiaire et de la planification, la gestion et l’évaluation, la gestion et l’évaluation au niveau Cercle (district sanitaires).
– Le niveau régional est chargé de l’appui technique aux Districts sanitaires ;
– Le niveau District (Cercle), est l’unité opérationnelle du développement sanitaire.
Le système sanitaire est également organisé à trois niveaux de prise en charge :
●Le niveau central est composé des hôpitaux (établissements publics hospitaliers) et de l’hôpital mère enfant, qui constituent la 3ème référence ;
●Le niveau intermédiaire regroupe les hôpitaux implantés dans les régions assurant la 2ème référence ;
●Le niveau opérationnel qui comporte 2 échelons :
– le premier échelon ou premier niveau de recours aux soins offre le Paquet Minimum d’Activités (PMA) dans les Centres de Santé Communautaires (CSCOM) gérés par les Associations de Santé Communautaire (ASACO). En plus de cela, il existe des établissements de santé parapublics, confessionnels, dispensaires et cliniques privées qui complètent le premier échelon avec des éléments du PMA. Il s’agit notamment de la santé de la reproduction et la lutte contre les IST et le VIH /SIDA. Il est aussi important de signaler l’existence de lieux de consultation de médecine traditionnelle qui font souvent office de premier recours et dont la coordination avec la médecine moderne est un recours d’organisation ;
– le deuxième échelon ou deuxième niveau de recours aux soins (première référence) est constitué par les centres de santé de cercle ou les Centres de Santé de Référence (correspondant aux hôpitaux de district de sanitaire).
Bonne collaboration des partenaires
Le Mali bénéficie d’un cadre politique et partenariat très développé à travers un niveau d’engagement politique très élevé, un grand leadership stratégique et technique du Ministère de la Santé, l’existence des initiatives internationales et un mécanisme de coordination bien établi à tous les niveaux. Le ministère de la santé et ces principes partenaires techniques et financiers entretiennent une fructueuse collaboration sur la base des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), de la feuille de route de l’Union Africaine et des différents partenaires pour guider le gouvernement afin d’accéder la réalisation des OMD relatifs à l’amélioration de la santé maternelle et à la réduction de la mortalité des enfants (3/4 des décès maternels et 2/3 les décès infantile et infanto juvénile pour l’horizon 2015). Des accords et conventions ont étés conclus avec plusieurs partenaires dont le Fond Mondiale pour lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose, la Fondation Clinton, la fondation Mérieux, la Fondation pour l’enfance et la Banque mondiale. Le ministère à travers le CREDOS (centre de recherche d’étude et de documentation pour la survie de l’enfant) noué une bonne collaboration avec l’OMS, UNICEF, PAM, SAVE THE CHILDREN, USA.
I .INTRODUCTION |