Les classifications des régimes de change

Le choix du régime de change pour les économies émergentes

Les classifications des régimes de change

En l’an 2000 une étude importante de Guillermo Calvo et de Carmen Reinhart est venue identifier un élément crucial pour l’analyse de la gestion des taux de change dans les économies émergentes5. Selon les auteurs bon nombre de pays ayant officiellement déclaré un taux de change flottant ont « peur de flotter ». Les auteurs se sont basés dans leurs analyses sur l’étude du comportement des taux des taux de change, des réserves, des agrégats monétaires et des produits de base pour 154 arrangements de change pour tenter de confirmer ou d’infirmer les prédictions de la théorie économique concernant le comportement de ces variables. Cette dernière prévoit que dans un régime de change flexible la variance du taux de change et des taux d’intérêt soit élevée dans la mesure où la demande de monnaie subit des chocs et la variance des réserves est nulle puisque la banque centrale n’intervient pas. D’autre part et dans le cadre d’un régime de change fixe parfaitement crédible, où le risque de défaillance est quasi nul, on s’attend à ce que la variance du taux de change soit nulle, que la variance des taux d’intérêt soit fortement corrélée à la variance des taux d’intérêt internationaux et enfin à ce que la variance des réserves de change soit élevée puisque les autorités réagissent aux chocs de monnaie.

Les résultats de Calvo et Reinhart (2000) montrent cependant que le recours aux instruments des réserves de change et du taux d’intérêt est une pratique courante dans les économies émergentes qui déclarent un régime de change flottant. Les auteurs concluent que la « peur du flottement » est un phénomène fortement répandu qui serait du aux problèmes chroniques de crédibilité dans les économies émergentes, à une peur des fluctuations du taux de change puisqu’une appréciation peut très bien entamer la compétitivité prix dans le pays alors qu’une dépréciation combinée à une forte dollarisation de la dette pourrait être désastreuse pour le système financier et enfin à une peur de l’inflation justifiée par un coefficient de Pass-through7 élevé dans les économies émergentes. Cette notion de « peur du flottement » a donc permis de mettre en évidence les divergences majeures entre les déclarations faites par les pays membres du Fond monétaire International (FMI) sur leurs régimes de change et les pratiques réelles des économies émergentes en matière de gestion des taux de change. Cette question est d’autant plus importante que les classifications des pays membres selon le régime de change en place s’effectuaient sur la base des simples déclarations de ces pays au FMI ce qui rendait ces classifications de jure très peu crédibles et les résultats des recherches empiriques qui les utilisaient plus ambigus les uns que les autres. La prise en considération de ces éléments a pressé le FMI à réviser sa méthodologie en matière de classification des régimes de change afin de générer une nomenclature beaucoup plus réaliste.

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