Les dangers dans l’utilisation des presses plieuses
Les dangers reliés aux presses plieuses sont énumérés en détails dans la norme EN 12622 (2001) Sécurité des presses plieuses. Ainsi, on y décrit, par exemple, les dangers de coupure, d’écrasement, d’amputation, de happement. Par ailleurs, une des études les plus complètes sur les dangers que présentent les presses plieuses est celle de Ngô et al. (1998). Cette recherche, réalisée à I’ETS, a étudié, dans le milieu des années 90 la sécurité dans l’utilisation des presses plieuses dans le secteur d’activités de la fabrication d’équipements de transport et de machines. L’étude était constituée d’un sondage réalisé par l’entremise de questionnaires postaux envoyés aux usines de ce secteur d’activités. Par la suite, les auteurs ont sélectionné 52 usines où des visites approfondies ont été réalisées et des vidéos illustrant des opérations de pliage ont été filmés. Un inventaire des presses plieuses du secteur, des moyens de protection utilisés et des méthodes de travail employées a ainsi été dressé. Les risques principaux identifiés par les auteurs sont reliés aux éléments suivants :
• Manque de formation des opérateurs de presses plieuses
• Dans plusieurs usines, l’attention de l’opérateur constitue la principale, et souvent la seule, mesure de prévention existante
• Les presses plieuses ne sont pas souvent équipées d’accessoires, tels que des supports de pièces, qui pourraient rendre le travail plus sécuritaire.
• Certains travaux requièrent la présence de deux ou même trois opérateurs. Le plus souvent, ces opérateurs ne bénéficient pas du même degré de protection.
• Certains travaux sont particulièrement dangereux comme par exemple, la fabrication de boîtes de petites dimensions, de tuyaux et de cône .
Une constatation importante du rapport est à l’effet que 84,1% des presses plieuses utilisées dans le secteur ne sont équipées d’aucun dispositif de protection. L’expérience du terrain porte à croire que la situation actuelle n’a pas beaucoup changé. L’étude de Ngô et al. (1998) constitue la base de départ du présent mémoire.
Appréciation des risques
Le domaine de la sécurité des machines a au cours des dernières années, adopté une démarche de gestion des risques, de plus en plus utilisée à travers le monde.
De notre perspective, l’aspect le plus intéressant est la démarche d’identification (d’appréciation) des risques que présente une machine donnée. Ainsi, il est de plus en plus reconnu que toute démarche de prévention doit débuter par l’identification de tous les risques reliés à toutes les étapes de la vie d’une machine : installation, entretien, réglage, opération, réparation, etc. Parmi les méthodes d’appréciation du risque existantes, celle proposée par la norme EN 1050 est celle qui la plus utilisée dans le domaine de la sécurité des presses plieuses.
Le risque y est vu comme originant de phénomènes dangereux, source potentielle de dommages humains ou matériels, auxquels un travailleur est exposé dans une situation dangereuse qui peut entraîner des évènements dangereux résultant en des dommages (blessures ou bris matériels). Dans un deuxième temps, un indice de risque est établi en fonction de quatre paramètres :
– Gravité : étendue et amplitude des dommages
– Fréquence d’exposition: fréquence ou durée d’exposition au phénomène dangereux; cette notion est reliée à la tâche.
– Probabilité d’occurrence : la probabilité que l’évènement dangereux se produise.
– Possibilité d’évitement: la possibilité d’éviter les dommages après l’apparition de l’évènement dangereux.
Ces paramètres sont évalués de façon semi-quantitative en utilisant des critères à 2 ou 3 niveaux (par exemple: faible, moyen, élevé).
Dans le cadre de ce mémoire nous nous attachons au risque principal que pose les presses plieuses : à savoir le risque de blessures aux membres supérieurs par accès frontal aux matrices en mouvement. Plus tard, dans ce mémoire, nous verrons un lien intéressant entre cette définition du niveau de risque et notre essai d’ingénierie simultanée appliquée au pliage de pièces de métal. Ce risque, lorsqu’analysé selon la méthodologie préconisée par la norme EN1050, est décrit comme suit : Phénomène dangereux : mouvement de fermeture des matrices Situation dangereuse : opérateur alimentant et retirant les pièces travaillant devant la presse. Évènement dangereux : possibilité d’accès à la zone dangereuse comprise entre les deux matrices se refermant. Dommages : écrasement, fracture, amputation des membres supérieurs. Gravité : élevée. Fréquence d’exposition : élevée ; en effet les presses plieuses sont utilisées quotidiennement en période de production normale. Probabilité d’occurrence: élevée à faible, selon le degré d’expérience et de formation de l’opérateur et les dimensions et la forme des pièces à plier. Possibilité d’évitement: possible dans certaines conditions dépendant, notamment de la vitesse de fermeture des matrices. Nous nous attachons à la recherche de solutions préventives correspondant au risque particulier décrit précédemment.
Les moyens de prévention reliés aux presses plieuses
La prévention des risques reliés aux machines
Dans la littérature existante sur la sécurité des machines, le principe fondamental qui y est énoncé est que toute machine comprenant une zone dangereuse doit faire l’objet de certaines mesures de prévention. Une zone dangereuse est, par définition, toute partie d’une machine qui peut engendrer des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs. Ainsi, Lupin et al. (1998) de I’INRS, Pâques et Bourbonnière (2002) de I’IRSST, le Réglement sur la santé et la sécurité du travail du Québec (2001) donnent une démarche de réduction du risque relié aux machines qui procède comme suit :
– On doit tout d’abord s’efforcer de rendre la zone dangereuse de toute machine inaccessible par conception.
– À défaut de réaliser cet objectif, on doit installer des protecteurs ou des dispositifs de protection appropriés. Les rideaux optiques font, notamment partie de ces dispositifs qui y sont décrits.
– Si la mise en place de ces moyens techniques rend impraticable la fonction même de la machine, alors les responsables de la sécurité d’un établissement doivent élaborer des mesures de prévention alternatives et équivalentes tel que l’organisation du travail, la formation des travailleurs ou le port d’équipement de protection individuelle.
Le cas des presses plieuses est une illustration parfaite de cette dernière approche. En effet, pour ce genre de machines, l’industrie s’en remet à la formation des travailleurs et l’élaboration de procédures de travail afin de les rendre sécuritaires. Mais, il n’en demeure pas moins que la prévention des risques reliés au point d’opération d’une presse plieuse doit commencer par la recherche de protecteurs et de dispositifs de protection appropriés. Depuis la parution de l’étude de Ngô et al (1998), des normes sur la sécurité des presses plieuses ont été développées qui décrivent de tels moyens. Nous discuterons les éléments de ces normes qui sont pertinents et qui peuvent compléter notre investigation.
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