Urbain et rural : définitions
Exode urbain et rural, évolution
L’évolution des territoires a subi une multitude de changements au fil du temps : le rapport et les relations entre les villes et les campagnes ont été bouleversés à plusieurs reprises. Historiquement en France, les campagnes étaient associées à des fonctions de production et d’agriculture. Les gens y vivaient principalement pour y travailler. Les villes sont alors des localités généralement implantées à des endroits stratégiques, qui fournissent des sources d’eau, des qualités topographiques, … Au Moyen-Age, ces localités, prémices des villes d’aujourd’hui, sont protégées par des remparts qui définissent clairement les limites de l’expansion de ces dernières. (Mauret, 1974) La campagne est donc un lieu de production alors que la ville est un lieu de protection et de sécurité mais aussi de pouvoir (Perrier-Cornet, 2002). Peu à peu, la campagne va prendre de l’importance : privilégiée par la bourgeoisie, la campagne au 16e siècle abritait environ 80 % de la population. Elle passe alors d’une campagne essentiellement tournée vers l’agriculture à une campagne partiellement résidentielle, engendrant ainsi les débuts de sa multifonctionnalité. (Perrier-Cornet, 2002, p18).
C’est au 19e siècle que le premier bouleversement de la relation ville/campagne va se faire connaître : les avancées technologiques dans les domaines du transport mais également des énergies vont être des facteurs prépondérants. La révolution industrielle va avoir un impact majeur sur les campagnes, causant un exode rural massif. Une forte croissance urbaine va donc commencer, d’autant plus que la ville se défait de ses remparts, vestiges d’une fonction passée. (Mauret, 1974) Ce développement urbain ne va cependant pas se faire de manière organisée : le résultat va être un « développement urbain anarchique, donnant naissance aux sordides banlieues » (Mauret, 1974, p 5). Ainsi, la ville s’est industrialisée et les cités sont apparues, renfermant des activités résidentielles mais également de loisirs. (Mauret, 1974).
Mais la forte concentration démographique retrouvée en ville va conduire à disperser les constructions, en arrivant progressivement au modèle de maisons 4 façades. Ce développement est d’ailleurs facilité par l’arrivée de l’automobile, qui permet d’allonger la distance entre le travail et le lieu de vie. La révolution industrielle amenant également son lot de nuisances, ainsi que la densité de population, conjugué au manque d’espace vert, une inversion de la tendance va peu à peu se faire sentir. Alors que dans les années 90, la question était portée sur la désertification des campagnes, 10 ans plus tard, la problématique est la prolifération dans les paysages ruraux des nouveaux lotissements faits de maisons 4 façades. (Perrier-Cornet, 2002). Et aujourd’hui, la tendance est toujours à cet étalement urbain, dont les règles organisationnelles semblent confuses.
La relation entre la ville et la campagne est donc en constante mutation, ce qui engendre un ensemble de problèmes, tant pour les villes que pour les campagnes.
Urbain et péri-urbain, définitions
Comme on a pu le constater précédemment, l’évolution du territoire ces dernières années et le rapport ville/campagne a beaucoup posé question. Alors que le développement des villes semble s’étendre continuellement, la limite entre les villes et les territoires ruraux est de plus en plus floue (Perrier-Cornet dans Campagne Ville: le pas entre deux : Enjeux et opportunités des recompositions territoriales, 2008, p19-26). Au Moyen-Age, les limites de la ville et de ses campagnes étaient nettement marquées par des remparts (Mauret, 1974) ; aujourd’hui ces limites sont beaucoup moins présentes. En effet, la distinction, jadis claire, entre la ville et le rural est aujourd’hui plus compliquée à définir. Autrefois le rural était défini comme : « les espaces des faibles densités de population, les espaces dans lesquels le sol et les ressources naturelles sont en abondance relative et utilisés en général d’une façon extensive » (Perrier-Cornet, 2002, p 12). Or, selon Philippe Perrier-Cornet, cette définition couvre aujourd’hui une large partie du territoire, allant des campagnes aux périphéries des villes. (Perrier-Cornet, 2002) L’étalement sur le territoire nous amène donc à introduire de nouvelles notions pour définir ce dernier, telles que le péri urbain pour essayer de qualifier ces espaces d’entre-deux. Car jusqu’à présent, le facteur qui avait permis de définir clairement la différence entre une ville et un territoire rural était la densité de population. Or, au vu de la dispersion des populations sur l’ensemble du territoire, ces deux catégories ne sont plus suffisantes. (Mauret, 1974) Cette périurbanisation va avoir un impact non seulement sur les villes mais aussi sur les territoires ruraux. Les gens quittent progressivement le centre-ville pour aller s’installer en périphérie. Des couronnes autour des villes s’installent et s’agrandissent de plus en plus. On va alors chercher à étudier cet étalement des villes pour en faire ressortir des schémas : Christian Schubarth propose 3 figures témoignant de cet étalement urbain. (Schubarth dans Campagne-Ville : le pas entre deux : Enjeux et opportunités des recompositions territoriale, 2008, p 9-17).
– La « ville-réseau »
– La « ville jumelle »
– La « ville excentrée ».
La « ville réseau » représente, selon Schubarth, un ensemble de villes connectées entre elles et qui ont d’importants rapports d’échange. (Schubarth dans Campagne-Ville : le pas entre deux : Enjeux et opportunités des recompositions territoriales, 2008, p 15) La « ville jumelle » quant à elle, serait une ville qui s’est développée à proximité du centreville. Elle possède néanmoins un ensemble de fonctions et de services qui lui sont propres. On remarque également, dans ce cas, qu’un rapport hiérarchique s’établit : il y a la ville centre, et puis seulement la ville jumelle. (Schubarth dans Campagne-Ville : le pas entre deux : Enjeux et opportunités des recompositions territoriales, 2008, p 15).
Enfin, la « ville excentrée », où, à l’inverse du schéma de la ville jumelle, il n’y a pas de centre principal mais plutôt un ensemble de centres qui s’agencent en forme de ceinture périphérique. Dans ce schéma, le centre géographique de cette couronne ne se voit pas attribuer de fonction particulière. (Schubarth dans Campagne-Ville : le pas entre deux : Enjeux et opportunités des recompositions territoriales, 2008, p 15)
On voit ainsi que le rapport entre le centre-ville et sa périphérie varie selon les différents schémas, mais que dans tous les cas, il est le résultat d’un étalement urbain largement développé. Ce même phénomène d’étalement urbain se retrouve également dans les villages. Le centre de ceux-ci se désertifie au profit de nouveaux lotissements, où chacun profite de sa maison 4 façades. Les terres agricoles sont peu à peu consumées par cette nouvelle densification dont les règles semblent confuses. Des termes comme ceinture périphérique et lotissements apparaissent, questionnant les limites mais également le rôle de chacun. En effet, alors que la ville avait rempli ces dernières années le rôle d’accueil des services, du travail, des logements, etc., la campagne s’est vue quant à elle attribuer un ensemble de nouvelles fonctions touchant à des secteurs aussi bien socio-économiques qu’agricoles voire même touristiques… (Perrier-Cornet dans Campagne-Ville : le pas entre deux : Enjeux et opportunités des recompositions territoriales, 2008, p19-26). Le développement et l’aménagement de celle-ci doivent ainsi être adaptés en permanence suivant les évolutions sociétales et les changements fonctionnels qu’elles entraînent. La définition de la ville et de la campagne est donc en constante évolution.
Différentes significations du « territoire rural »
La définition même d’un « territoire rural » est sujet à controverse, faisant état d’un ensemble de significations différentes selon l’approche choisie pour le définir : certains auront une approche chiffrée, d’autre plutôt surfacique. Chaque pays définit, sur base de critères présélectionnés, ce qu’est le « rural ». Plusieurs approches sont donc possibles, et Michel Blanc en distingue 3 principales : « l’approche spatiale », « l’approche territoriale », et « l’approche constructiviste » (Blanc, 1997).
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