Concurrence et marchés financiers
Questions de concurrence dans le secteur financier
L e s e c t e u r f i n a n c i e r e s t a u c œ u r d e t o u t e é c o n o m i e d e m a r c h é fonctionnant bien, mais il est vulnérable à des pertes de confiance systémiques
Le secteur financier est un secteur à part. Les banques assument des fonctions d’intermédiation, essentielles à la sphère réelle de l’économie. Plus précisément, elles corrigent l’asymétrie de l’information entre les investisseurs et les emprunteurs et elles orientent l’épargne vers les investissements. Ces fonctions facilitent et contribuent à la croissance de l’économie. Les liens entre banques via les marchés interbancaires et les systèmes de paiement sont essentiels au fonctionnement des marchés de capitaux. La perte de confiance dans une institution financière de premier plan au cours d’une crise financière peut aboutir par un effet de boule de neige à une perte de confiance dans l’ensemble du marché parce que l’incapacité d’une banque à faire face à ses obligations peut rendre insolvables d’autres banques, par ailleurs saines. Les risques deviennent dès lors systémiques, mettant ainsi en danger l’ensemble du secteur bancaire. Si le secteur financier ne marche pas bien, c’est toute l’économie de marché qui fonctionne mal. C’est pour cette raison que les gouvernements imposent une réglementation et une surveillance importantes pour assurer un fonctionnement sans heurt du secteur financier. Lorsque les problèmes surgissent, ils doivent agir rapidement pour éviter les crises systémiques.
L a c r i s e a c t u e l l e r é s u l t e d e d é f a i l l a n c e s d e l a r é g l e m e n t a t i o n du marché des capitaux et non d’une défaillance du marché lui-même ou de la concurrence
La réglementation n’a pas permis de réaliser un équilibre correct entre risque et la recherche d’un retour. L’effet de levier fondé sur des prix d’actifs irréalistes ont conduit à des problèmes de solvabilité pour les emprunteurs et en fin de compte pour les banques impliquées dans des opérations de prêts et de titrisation d’actifs. Les banques n’ont pas eu suffisamment de capitaux pour couvrir les pertes qui en sont résultées, et certaines ont été confrontées à une crise aigue de liquidité. Des mesures d’urgence ont du être prises comportant des prêts et garanties ; des injections de capitaux ; des fusions et des politiques monétaire et budgétaire de soutien. La défaillance de la réglementation ayant abouti à la crise, c’est de la réglementation prudentielle et d’autres mesures modifiant les incitations que vont venir les solutions et non pas de la politique de la concurrence. Les autorités de la concurrence ont un rôle à jouer en veillant à ce que des stratégies de sortie de crise soient intégrées dans les plans de sauvetage de façon à empêcher ces derniers de porter durablement préjudice à la concurrence et d’entraver la reprise de l’activité.
C o n c u r r e n c e e t s t a b i l i t é p e u v e n t c o e x i s t e r d a n s l e s e c t e u r f i n a n c i e r . En fait, des structures de marché plus concurrentielles peuvent promouvoir la stabilité en réduisant le nombre des banques qui sont « trop grosses pour faire faillite »
La concurrence comme la stabilité font partie des objectifs des pouvoirs publics dans le secteur financier. La concurrence encourage la prestation de services financiers efficients et innovants, tandis que la stabilité est essentielle à la confiance systémique dont dépend le secteur. Ces deux objectifs sont-ils contradictoires ou peut-on les réaliser en même temps ? Si la concurrence entre les banques augmente, est-ce que cela les affaiblit au point de mettre à mal la confiance dans le système ? En fait, les éléments montrant une incompatibilité entre les deux objectifs sont limités. Dans de nombreux pays, la concurrence dans ce secteur est oligopolistique, de sorte qu’il est difficile d’imputer à un excès de concurrence l’instabilité qui a conduit à la crise actuelle. En fait, au sens large, la structure oligopolistique a contribué à la crise ; elle a abouti à ce que de nombreuses banques soient systémiquement importantes avec l’aléa moral que cela comportait, ainsi que des garanties et une prise de risque excessive. Tandis qu’une structure de marché moins oligopolistique devrait contribuer à la stabilité, une meilleure réglementation prudentielle devrait également limiter la prise de risque excessive et réduire davantage le risque d’instabilité.
L a c o n c u r r e n c e c o n t r i b u e à l’ e f f i c i e n c e d u s e c t e u r f i n a n c i e r e t d o n n e l’assurance que les plans de sauvetage et de relance profitent aux consommateurs finaux.
Comme dans la plupart des secteurs de l’économie, les avantages d’une véritable concurrence efficace dans le secteur financier résident dans les gains d’efficience, la fourniture de produits de meilleure qualité aux consommateurs finaux, un surcroît d’innovation, une baisse des prix et une amélioration de la compétitivité internationale. Une intensification de la concurrence permet en outre à des banques efficientes d’entrer sur le marché et de s’y développer, aux dépens des établissements inefficients. Au niveau des réseaux bancaires, la concurrence entre banques s’accroît lorsque les clients peuvent facilement changer de prestataires. Toutefois, un certain nombre d’études, notamment un rapport récent de l’OFT britannique 1et un rapport d’enquête sur le secteur par la Direction générale de la concurrence de l’UE2, ont montré que les changements de prestataires à l’initiative de la clientèle de particulier sont peu nombreux.