Au Québec, l’éducation est un enjeu fondamental de l’avenir collectif des citoyens (Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport [MELS], 2008b). Afin de s’adapter aux besoins des jeunes et à leur réalité d’aujourd’hui, la commission des États généraux sur l’éducation a décidé en 1996 qu’il était temps d’entreprendre le renouveau pédagogique (MELS, 2008a). Le renouveau pédagogique en cours réaffirme donc la mission de l’école québécoise qui est d’instruire, de socialiser et de qualifier dans le respect du principe de l’égalité des chances, mais précise aussi que l’école doit se préoccuper de la santé et du bien-être des jeunes. L’école a certes le devoir d’amener les élèves vers la réussite, mais elle partage également toutes ces préoccupations avec de nombreux partenaires, dont la famille.
Toutefois, la structure familiale de la société québécoise s’ étant énormément transformée au cours des dernières décennies, certains parents ont de la difficulté à assurer le suivi scolaire de leur enfant puisque le temps passé à l’extérieur du domicile est beaucoup plus grand qu’auparavant (Ministère de la famille et des aînés, 2007). Les mères sont de plus en plus sur le marché du travail, sans compter le nombre croissant de familles monoparentales. Plusieurs parents participent au suivi scolaire de leur enfant, mais on entend encore très souvent que « les parents sont démunis, débordés ou trop permissifs et qu’ils sont plus ou moins responsables de l’échec ou du décrochage [scolaire] de leurs enfants. » (Conseil de la famille et de l’enfance, 2000, p. 17).
Pour contrebalancer les effets négatifs de ce nouvel environnement familial, Viau (2009) affirme que les parents peuvent offrir à leur enfant un environnement physique stimulant, lui transmettre des valeurs qui encouragent l’apprentissage et porter une attention particulière à ses études afin de favoriser sa réussite éducative. Depuis quelques années, on remarque d’ ailleurs qu’une population grandissante d’enfants pratique un sport compétitif, malgré le fait que les parents ont moins de temps à leur consacrer. Considérant l’ affirmation de Viau (2009), il est possible que de plus en plus de parents offrent à leur enfant la possibilité de pratiquer le sport qu’il aime de façon compétitive pour lui offrir un environnement stimulant. Ce nouvel environnement permettrait-il aux parents de s’impliquer auprès de leur enfant dans un contexte différent et ainsi varier, voire augmenter, leur participation parentale?
LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE DE L’ENFANT
En 1996, la commission des États généraux sur l’éducation est venue à la conclusion qu’il était dorénavant nécessaire d’adapter l’école québécoise aux besoins des jeunes d’aujourd’hui (MELS, 2008a). La réalité du xxre siècle a donc incité les enseignants , les directions d’école, les professionnels de l’éducation et les universitaires à concevoir le renouveau pédagogique tel qu’il est présentement. Selon le MELS, ce renouveau, qui s’appuie sur des recherches en éducation, représente un grand changement dans la façon de voir et concevoir l’éducation et a comme objectif de favoriser la réussite de tous les élèves (MELS, 2008a).
L’intervention globale et concertée en promotion et en prévention «École en santé» a d’ailleurs démontré la volonté des ministres québécois de la Santé et des Services Sociaux et de l’Éducation de favoriser la santé, le bien-être et la réussite éducative des jeunes (Martin et Arcand, 2005). Selon Potvin (2010), la réussite éducative qui peut se définir comme: « une visée du développement total ou global des jeunes: soit au niveau physique, intellectuel, affectif, social, moral (spirituel) }) (p. 1), dépend des systèmes ou des acteurs impliqués. La réussite éducative peut avoir différentes visées telles que la réussite éducative scolaire, familiale, extrascolaire ou périscolaire. Baby (2010) affirme d’ailleurs que si le milieu éducatif distinguait mieux les différents volets de la mission québécoise afin d’éviter la confusion entre la réussite scolaire et la réussite éducative, l’école aurait un argument supplémentaire pour interpeller les parents pour les contraindre de travailler avec eux. Ainsi, le volet « socialisation}) de la mission québécoise ferait partie intégrante de la réussite éducative familiale dont la coresponsabilité appartiendrait aux parents (Baby, 2010).
La réaffirmation de la mission de l’école québécoise qui est d’instruire, de socialiser et de qualifier met donc surtout l’accent sur la réussite éducative scolaire puisqu’elle vise ultimement l’obtention d’un diplôme ou l’intégration du marché du travail. Plusieurs facteurs de réussite sont alors répertoriés dans la recherche afin d’expliquer la réussite éducative scolaire au primaire.
Facteurs de réussite scolaire
Dans la revue de littérature de Terrisse et Lefebvre (2003) sur les facteurs-clés de succès liés à la réussite scolaire au primaire au Québec, au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays, comme la France, ces facteurs se regroupent sous cinq cibles: 1) l’enfantélève, 2) la famille, 3) la classe, 4) l’école, et 5) la communauté.
Pour chacune des cibles, les facteurs de réussite ont été identifiés . La cible qui intéresse cette étude est celle de la famille, car si l’école a certes le devoir d’amener les élèves vers la réussite afin qu’ils s’intègrent à la société par la maîtrise de compétences professionnelles (Ministère de l’Éducation du Québec, 1997), elle ne peut à elle seule réussir cette tâche sans l’aide du soutien de la famille. De plus, la vie de famille s’avère une étape préparatoire à la vie scolaire (Baby, 2010).
La famille
Terrisse et Lefebvre (2003) mentionnent qu’il est surprenant de constater dans cette recension que ce n’est pas le thème de la participation parentale à l’école qui a été le plus étudié pour expliquer la réussite scolaire au primaire, mais bien celui du statut socioéconomique. Cependant, ce n’est pas tant le statut socio-économique et les changements structurels des familles québécoises qui ont intéressé les chercheurs d’ici, mais bien l’implication parentale qui ressemble à un soutien parallèle de l’école à la maison (Terrisse et Lefebvre, 2003). D’après les travaux de Luchuck (1998), l’implication des parents est un changement dans le quotidien familial afin d’accorder une place à l’école et à la scolarisation. Selon cet auteur, cette implication parentale se manifesterait d’abord à la maison par la participation des parents dans l’aide aux devoirs et le soutien au travail scolaire, mais aussi dans les interactions et relations interpersonnelles en parlant de la vie scolaire de l’enfant (Luchuck, 1998). La famille joue donc un rôle primordial dans le développement de l’enfant afin qu’il puisse parvenir à sa réussite éducative scolaire.
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION |