L’ÉCONOMIQUE ET DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
Fondamentalement, l’économique a pour objet d’étude la façon dont les individus utilisent des ressources limitées pour satisfaire des besoins illimités (James, 1993). Le traitement de l’espace, si ce n’est que dans la détermination des coûts et des prix des marchandises ou des services, est relativement difficile dans la théorie économique. Pendant longtemps, s’accordant au concept de la « main invisible », élaboré par Adam Smith, le laisser-faire fut la seule prescription des économistes en ce qui concerne le développement des régions (Jean, 1999).
Le premier regard scientifique porté sur la région, d’abord conçue comme élément de différenciat ion de l’espace, a été celui de la géographie. Utilisant les acquis de diverses disciplines, la région a ensuite été embrassée par l’économique et constituée en objet d’analyse afin d’expliquer les inégalités territoriales persistantes (Jean, 1999). Née au courant des années 50′, la science régionale (Proulx, 1997 ~ Jean, 1999 ; Polèse, 1999) se distingue des autres sciences sociales par le rapport particulier qu’elle entretient avec l’espace. De façon plus spécifique, l’étude de la science régionale porte sur l’influence qu’exerce l’espace sur les diverses dimensions de l’activité humaine.
Évolution des courants économiques au Québec
Multidisciplinaire et dynamique, la science régionale interpelle plusieurs champs et secteurs d’activités. Il n’est donc pas rare de voir se confronter simultanément sur e terrain différentes visions totalement opposées. Du point de vue strictement économique, différents courants de pensée ont inspiré la pratique du développement régional au cours du siècle dernier. Inspiré de l’analyse économique du développement régional au Québec, Boisvert (1996) effectue une présentation succincte des principaux courants de pensées.
D’abord, s’appuyant sur le postulat de la rational ité des décideurs économiques, la théorie néoclassique domina une époque où l’allocation optimale des ressources ne pouvait être assurée que par les mécanismes du marché. Niant l’existence même des régions, son prolongement a néanmoins permis l’émergence de modèles de localisation permettant, d’une part, d’identifier les facteurs décisionnels et, d’autre part, les conditions favorables à l’établissement d’activités de production (Boisvert, 1996).
Une remise en question des mécanismes du marché, issue de la Grande Crise des années 1930, entraînera l’élaboration de la théorie keynésienne. Introduisant un nouvel acteur économique, l’État, responsable de la régularisation du système de production, ce nouveau courant de pensée modifiera grandement les bases de l’analyse économique. D’ailleurs, les premières politiques de développement régional, issues d’une planification étatique, viseront à stimuler, par des forces extérieures, une croissance économique équilibrée entre les régions.
Par la suite, dans la mouvance des théories de développement dites exogènes, la théorie des pôles de croissance, développée par François Perroux, cherchera également à répondre à ce que ce dernier considère comme les déficiences majeures de la pensée néoclassique. Dans un premier temps, on y démontre que la croissance n’apparaît pas partout à la fois, mais qu’elle se manifeste plutôt en des points, ou pôles de croissance, avec des intensités variables. D’autre part, la théorie des pôles de croissance suggère qu’on considère les différences entre les entreprises, mais surtout l’effet d’entraînement qu’elles peuvent avoir les unes sur les autres. Cette théorie est d’ailleurs à l’origine du concept de grappe industrielle, visant l’intégration sur un territoire donné d’un maximum d’activités de production qui composent une filière de production.
D’autre part, en critique de la pensée néoclassique, la théorie de la dépendance présentera la société comme un lieu d’affrontement entre les classes sociales, et non seulement comme un ensemble d’individus répondant aux mécanismes du marché. Selon cette approche, le monde serait constitué de formations sociales à des stades différents d’évolution, le découpage de l’espace se faisant suivant les contours d’aires d’implantation d’un même mode de production. Sous cet angle, l’analyse des mécanismes de déplacement des activités du centre vers la périphérie permettrait de comprendre les disparités interrégionales. On trouve donc, au cœur du clivage centrepériphérie, une domination des sociétés innovatrices; seules les centres ont un pouvoir sur leur développement; les périphéries, inaptes à l’innovation, étant soumises aux décisions venant des centres (Boisvert, 1996 dans Aydalot, 1985).
Pour sa part, apparue au début des années 80′ suite à la remise en question des interventions de l’État dans le développement des régions, la théorie du développement local préconise la recherche des sources du développement économique à l’intérieur même des collectivités, dans leurs valeurs dominantes ainsi que dans leurs pratiques sociales (Boisvert, 1996). Bien que l’individu soit au centre de l’analyse, cette approche se distingue des néoclassiques du fait qu’elle transpose à l’échelle collective le processus conduisant aux choix de consommation et de production .
Le développement local et l’entreprenariat
Opposant une planification ascendante, provenant des collectivités locales, aux stratégies de planification de l’Etat, la théorie du développement local met un accent particulier sur le milieu. Référant à l’aire d’appartenance des individus, plutôt qu’aux concepts d’aire de marché ou de juridiction, le milieu se distingue par son histoire, sa géographie, ses traditions, son patrimoine et, parfois, par des comportements sociaux particuliers (Boisvert, 1996 ; Joyal & Deshaies, 1996). Selon cette approche, l’entrepreneuriat constitue un élément fondamental de la culture et de l’identité collective des habitants d’un territoire aspirant au développement.
L ‘entrepreneuriat
Dans son sens général, l’entreprenariat se défini comme l’ensemble des aptitudes à mobiliser des ressources pour profiter de nouveaux débouchés commerciaux (OCDE, 1998). Au cours des dernières années, ce terme a été employé en deux sens particuliers, d’abord pour décrire la création et la croissance de nouvelles et petites entreprises, et d’autre part pour décrire la volonté de prendre des risques, d’innover et de prendre des initiatives pour tirer parti de nouveaux débouchés commerciaux (OCDE, 1998).
On peut donc considérer l’entreprenariat comme étant le phénomène qui engendre un processus de destruction créatrice, tel que défini par Schumpeter : de nouvelles entreprises émergent, elles entraînent la fermeture d’entreprises moins compétitives, etc. Ces mouvements d’entreprises sont porteurs d’innovation et permettent le développement et la croissance économique (Riverin, 1999).
Entrepreneuriat, entrepreneur et PME
L’individu constituant la base des approches dites endogènes, incluant celle du développement local, il semble donc approprié de définir l’entrepreneuriat par l’intermédiaire de ceux qui en constituent l’essence; les entrepreneurs. Une définition rassemblant les dénominateurs convergents des différents portraits dressés par les spécialistes de divers domaines d’étude, nous offre une vision exhaustive de l’entrepreneur : « Un entrepreneur est une personne qui imagine, développe et réalise des visions (Fi/ion, 1999). » Toutefois, lorsque utilisée dans un cadre strictement économique, l’entrepreneuriat fait directement référence au type d’entrepreneur le plus couramment défini ; le propriétaire de PME. A cet égard, la PME se définie de la façon suivante: « une entreprise de petite dimension possédée et gérée de façon indépendante, ne dominant pas dans son secteur d’activité et dont la structure organisationnelle est simple (Fortin, 1992, p.72). » .
Il existe également plusieurs définitions de la PME, la plupart basée sur des critères quantitatifs. Sur la base unique du nombre d’employés, seront considérées comme des PME les entreprises du secteur manufacturier comptant moins de 250 employés, 1 à 49 employés pour les petites entreprises et 50 à 249 pour les entreprises de taille moyenne {Fortin, 1992 ; Gagnon, 2005).
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