Traitement :
La stratégie CHANCE est reconnue par l’OMS dont les composantes sont : CH : Chirurgie pour ceux exposés au risque immédiat de cécité. La méthode utilisée par le PNLC est le TRABUT. L’acte chirurgical permet de rectifier et de corriger les cils palpébraux rétrovertis des patients souffrant de trichiasis. Généralement, c’est par cette correction qu’on commence à mettre en œuvre la stratégie pour prendre en charge ceux qui sont exposés au risque immédiat de cécité. La chirurgie de la paupière est une intervention relativement simple pouvant être exécutée dans la communauté ou dans les centres de santé. Les patients ont souvent peur de l’opération et le meilleur moyen de s’assurer qu’ils viendront consiste à réaliser l’intervention dans la communauté. Cette opération soulage la douleur causée par le frottement des cils sur la cornée de l’œil mais elle ne corrige pas les lésions cicatricielles et ne rétablit pas la vision. Il est important que les chirurgiens qui réalisent l’intervention disposent d’une bonne formation et soient bien supervisés car le taux de récidive risque d’être élevé si l’opération n’est pas exécutée correctement.
A : Antibiotiques pour traiter les cas actifs individuels et réduire le réservoir communautaire d’infections. Les antibiotiques sont utilisés dans le traitement du trachome actif. Ils permettent également de réduire le réservoir de virus dans la communauté. L’application journalière de pommade ophtalmologique à base de tétracycline 1% au niveau de la conjonctive pendant 6 semaines permet de traiter le trachome actif. Ou alors, l’azithromycine peut être prise par voie orale, (sous forme de comprimés pour les adultes ou de sirop pour les jeunes enfants à raison de 20mg /kg ou de la taille à partir de 60cm) et une dose par an permet de traiter le trachome actif. On décidera de la distribution en fonction de la prévalence du trachome, de la disponibilité du médicament et du personnel chargé du dépistage et de la distribution. L’OMS recommande un traitement de masse avec l’antibiotique de toutes les personnes dans les communautés où la prévalence du trachome actif dépasse 10% chez les enfants âgés de 1à 9 ans.
N : Nettoyage du visage et promotion de l’hygiène pour réduire la transmission de la maladie. Un visage sale est fortement associé à la transmission du trachome actif. En effet les enfants dont le visage est sale sont plus susceptibles de transmettre le trachome s’ils ont une infection active ou d’être contaminés, s’ils ne sont pas infectés. Les sécrétions oculaires et nasales attirent les mouches qui cherchent à se poser sur les yeux et qui peuvent transmettre l’infection à d’autres personnes. En se frottant les yeux avec des serviettes, des draps ou le foulard de la mère souillés, on risque également de transmettre le trachome. Une des priorités des programmes de lutte contre le trachome consiste à communiquer l’idée qu’il faut prendre comme habitude de toujours garder propre le visage de l’enfant.
CE : Changement Environnemental pour améliorer tous les facteurs environnementaux qui favorisent la transmission du trachome Le trachome persiste dans les endroits de surpeuplement où les gens vivent dans la pauvreté, privés des infrastructures de base pour l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’élimination des déchets. Le trachome continuera à se répandre dans de tels endroits et il reviendra même après un traitement à base d’antibiotique si de telles conditions ne changent pas. Le champ d’action de ce volet est tellement vaste qu’il représente un véritable défi pour un responsable ou planificateur de programme. Par ailleurs, il revêt un caractère impératif dans toute lutte soutenue contre le trachome et, avec la collaboration des autres secteurs comme l’éducation, l’eau et l’assainissement rural, l’objectif devient réalisable pour les programmes.
Echantillonnage :
La prévalence du trachome a été évaluée en utilisant un sondage en grappe à deux degrés
1ère étape d’échantillonnage Les groupes ont été échantillonnés dans la première étape en utilisant la technique de la probabilité proportionnelle à la taille de la population. Une liste de tous les villages de la région avec des populations respectives. Une colonne a été créée avec la population cumulative, en ajoutant chaque population successive aux précédentes. Vingt grappes seront choisies. La population totale cumulée du secteur a été divisée par 20, le nombre de grappes à choisir, pour obtenir l’intervalle d’échantillonnage. Un nombre au hasard entre 1 et l’intervalle d’échantillonnage sera choisi au hasard grâce à l’ordinateur. On y ajoutera à chaque fois l’intervalle d’échantillonnage pour obtenir les 19 autres grappes restantes.
2ème Etape d’Echantillonnage La deuxième étape concernera une sélection au hasard de 24 ménages dans un groupe. Pour les objectifs de l’enquête, un ménage est défini comme :
• Un homme, sa femme ou ses femmes plus tous les dépendants.
• Une veuve plus ses dépendants.
• Un grand frère ou sœur et leurs dépendants s’ils sont orphelins.
Une modification de la procédure décrite par Turner et al a été utilisée pour l’échantillonnage des ménages une fois que les villages (grappes) sont choisis. A partir du plan du village, on a dressé une liste exhaustive des ménages et en faisant des segments de ménages, permettant aux ménages d’être choisis sous des probabilités égales. Quand l’équipe arrivait au village, elle rencontrait le chef suprême et cherchait son accord. Si le chef donne son accord pour l’enquête, on lui demandait le nombre de ménages dans le village, en définissant clairement un ménage. Si le nombre de ménages était < 26, tous les ménages dans le village étaient examinés. Plusieurs personnes pouvaient aider avec le classement sur le plan sommaire : le chef de village, les vieux, le travailleur de santé de la communauté et tout volontaire de la santé. On a tracé les frontières sur brouillon en orientant le nord, le sud, l’est et l’ouest et laissé les autorités du village nommer les ménages selon leur position dans le village. Le nom de chaque ménage a été enregistré. Les ménages ont été enregistrés en laissant un espace vide après chaque quatrième ménage en créant ainsi des segments de quatre ménages. Si un ou deux ménages restaient, on les a ajoutés au segment précédent. Par contre, si le nombre de ménages restants était de trois, il a fallu en faire un segment. Un segment de trois ou un segment de six ménages était acceptable. On a numéroté chaque segment de ménages. Une fois que les ménages dans les villages sont segmentés et numérotés, un numéro correspondant pour chaque segment a été écrit sur un morceau de papier placé dans un récipient comme une tasse ou un chapeau. Après avoir mélangé tous les morceaux de papier, 6 segments (une moyenne de 24 ménages) ont été tirés au hasard et représentaient les 6 segments à enquêter. Un chef de village a choisi les 6 morceaux de papier. En utilisant cette méthodologie, il y avait un potentiel de 23 (4+4+4+4+4+3) à 26 (4+4+4+4+4+6) ménages à enquêter par village. Les ménages choisis n’étaient pas remplacés quand les résidents étaient absents ou refusaient un examen. Pour minimiser le nombre de résidents manquants dans les ménages choisis, des équipes d’enquête ont revisité le ménage avant de quitter le village le jour de l’enquête.
CONCLUSION
Le trachome demeure l’une des principales causes de cécité évitable, dans les zones rurales de nombreux pays en voie de développement dont le Mali ; en particulier la région de Sikasso. D’après les résultats de l’enquête de 1996-1997, 31,7 % des enfants de moins de 10 ans souffraient du trachome actif tandis que 2,9 % des sujets de 15 ans et plus souffraient du trichiasis trachomateux, d’où il constituait un réel problème de santé publique. Le trachome est une maladie de la mère et de l’enfant. Les femmes avaient été reconnues comme étant les plus vulnérables à la maladie. Les enfants porteurs du trachome inflammatoire en phase active ainsi que les mères qui s’occupent d’eux constituent la principale source de réinfection Chlamydienne. Depuis l’introduction du traitement de masse à l’azithromycine et la mise en œuvre de la stratégie «CHANCE », la prévalence du trachome a considérablement diminué dans les pays endémiques. La présente étude a permis de montrer et de confirmer l’impact du traitement de masse à l’azithromycine dans le district sanitaire de Yorosso. Ainsi, la prévalence du trachome actif et du trichiasis trachomateux étaient respectivement de 6,5 % et 0.3 % contre 31.7% et 2.9% dans la région de Sikasso en 1996 – 1997. Statistiquement notre étude a montré que le sexe n’était pas un facteur qui intervenait dans la survenue du trachome actif chez les enfants de 1 – 9ans mais contrairement à l’âge, qui intervenait comme facteur dans la survenue du trachome actif chez les enfants de 1 à 9 ans dans le district sanitaire de Yorosso. Chez les sujets de 15 ans et plus, elle a montré que la survenue du trichiasis était lié à l’âge. Par contre elle a nettement montré que le trachome actif était effectivement lié à la propreté du visage des enfants de 1 – 9 ans dans le district sanitaire de Yorosso. C’est pourquoi on dit que le trachome recule devant la civilisation car il n’est plus un problème de santé publique dans les pays développés. Cependant des actions de développement socio-économique rural (alphabétisation, activités génératrices de revenue, etc.), la promotion de l’hygiène et le changement de l’environnement jouent un rôle important dans la lutte contre le trachome.
I – Introduction |