L’épilepsie se définit comme un trouble neurologique chronique d’origines diverses, qui se manifeste par la répétition des crises épileptiques, qui résultent d’une hyperactivité cérébrale en rapport avec une décharge électrique paroxystique, hyper-synchrone, autoentretenue, d’une population de neurones corticaux hyperexcitables. Une crise épileptique unique n’est donc pas une condition nécessaire pour parler d’épilepsie ; de la chronicité dans la définition ancienne, il faut ajouterune prédisposition cérébrale à générer des crises épileptiques non provoquées [1]. L’épilepsie n’est de ce fait plus définie uniquement comme une répétition de crises non provoquées, mais, il faut que ressorte la notion d’une anomalie persistante augmentant la probabilité de crises ultérieures. Les manifestations cliniques de l’épilepsie sont nombreuses et variées et permettent de définir non pas une épilepsie, mais des épilepsies en fonction du type de la crise généralisée ou partielle, et de l’étiologie (symptomatique, cryptogénique ou idiopathique). L’épilepsie est une maladie neurologique très fréquente ; elle touche plus de 50 millions de personnes dans le monde, dont 10 millions en Afrique [2]. Au Maroc, Près de 374.000 personnes sont épileptiques d’après une étude faite à Casablanca [3]. Si dans les pays occidentaux la prévalence se situe entre 0,5 et 0,8%, dans les pays en voie de développement, elle varie entre 1 et 5%. Au Maroc, elle serait de 1,1% [3].
Profil épidémiologiques:
Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), il y’aurait environ 50 millions de personnes souffrant d’épilepsie dans le monde. Dans les pays développés, les études menées suggèrent une incidence annuelle de l’épilepsie d’environ 50 pour 100 000 pour l’ensemble de la population. Cette incidence annuelle serait le double dans les pays en voie de développement avec des chiffres de l’ordre de 100 pour 100 000 [2]. L’incidence élevée dans les pays en développement s’expliquerait par le risque élevé d’infections cérébrales secondaires à des pathologies telles que les méningites, le paludisme, et par les complications obstétricales [2]. Ce travail est le premier au Sud marocain à traiter du profil étiologique des épilepsies.
L’âge :
Les facteurs de risque de l’épilepsie diffèrent en fonction de l’âge. Chez les enfants de moins de 15 ans, il s’agit essentiellement de séquelles obstétricales ; les traumatismes crâniens sont le facteur de risque le plus retrouvé chez les adultes jeunes, et, au-delà de 64 ans les accidents vasculaires cérébraux et les lésions dégénératives sont le plus retrouvés [4, 5]. Dans notre étude, les patients de moins de 15 ans représentaient 30% des cas, les patients de plus de 64 ans 1,33% et les patients dont l’âge se situe entre 15 et 34 ans 47,67% et ceux dont l’âge se situe entre 35 et 64 ans 21%. Ces résultats se rapprochent de ceux de certains auteurs notamment ceux de Hutu K et al. [6] dont la majorité des patients 53% avaient un âge compris entre 15 et 34 ans. Par contre chez d’autres auteurs, notamment Gretchen L. Birbeck [7], les moins de 15 ans représentaient 60,8% ou encore 52,4% dans une étude de C. Debrock réalisée au Bénin [8] ; ces résultats obtenus en zone rurale seraient dus à l’accès difficile à des structures de santé, à la sous médicalisation de ces structures [9] et aussi au paludisme cérébral qui est un facteur important d’épilepsie chez les enfants vivants dans les régions à risque .
Le sexe :
Dans notre étude, on enregistrait 52,33% de patients de sexe masculin contre 47,67% de sexe féminin avec un sexe ratio de 1,1. Ces résultats sont proches de ceux retrouvés dans la littérature [6, 11, 12], qui montrent pour la plupart une prédominance masculine (tableau IV). Cette prédominance masculine serait due à certains facteurs étiologiques comme les traumatismes crâniens, beaucoup plus fréquents chez les hommes mais, aussi, à des facteurs socio-culturels qui entraîneraient une sous déclaration de la maladie chez les jeunes femmes en âge de se marier .
Données cliniques:
Les antécédents :
La souffrancenéonatale :
En milieu hospitalier, la souffrance néonatale complique 0,5 à 1% des grossesses. Ce chiffre serait plus élevé dans les pays en développement et avoisinerait les 30% ; ceci dû à des accouchements à domicile non contrôlés et au mauvais suivi des grossesses [13, 14, 15]. Au Maroc le taux d’accouchements en milieu hospitalier s’élève à 60,8% ; ce taux peut descendre jusqu’à 25,4% en fonction des régions, avec un pourcentage de consultations prénatales national de 67,8%, pouvant descendre jusqu’à 48% en fonction des régions [16]. Les proportions de souffrances néonatales se compliquant de séquelles neurologiques, notamment les encéphalopathies anoxiques et les épilepsies varient dans la littérature, de 1 à 40%, en fonction de la zone géographique et du niveau socio-économique des pays d’étude [13, 15, 17]. Dans notre étude, 35 patients sur 300 rapportaient un antécédent de souffrance néonatale soit 11,67% des patients. Ces résultats sont comparables à ceux de certains pays en voie de développement, tels que le Burkina Faso avec 10%, Madagascar, le Nigéria ou encore la Sierra Léone avec 11% .
Convulsion fébrile :
Les crises de convulsion fébrile sont les crises épileptiques les plus fréquentes enregistrées dans l’enfance [18]. On note une légère augmentation du risque de développer une épilepsie, chez des enfants ayant présenté une convulsion fébrile, par rapport à la population générale [19] ; des études ont montré que ce risque serait de l’ordre de 2 à 10% [20]. Le risque peut toutefois être plus important, en fonction de la qualité de la prise en charge de la crise de convulsion fébrile, ou d’une prédisposition génétique à l’épilepsie [21]. Les convulsions fébriles étaient rapportées par 10% des patients de notre étude ; au Royaume Uni, Oliver C. Cockerell et al. retrouvent 20,17% d’antécédent de convulsion fébrile .
Traumatismecrânien :
Les traumatismes crâniens sont une cause fréquente de mortalité ; ils jouent aussi un rôle important dans la genèse des épilepsies focales [23]. Le risque de développer une épilepsie après un traumatisme crânien dépend du degré du traumatisme ; J. F. Annegers et al. dans un article publié en 1998 [4], évaluent le risque de développer une épilepsie dans les 5 ans suivant un traumatisme crânien. Après un traumatisme minime, c’est-à-dire un traumatisme qui entraîne une perte de conscience de moins de 30 minutes, le risque de développer une épilepsie dans les 5 ans serait 1,5 fois supérieur à celui de la population générale. Après un traumatisme modéré (qui entraîne une perte de conscience de 30 minutes à 24 heures), ce risque serait 2,9 fois supérieur.Le risque serait 17 fois supérieur à celui de la population générale, en cas de traumatisme majeur (avec une perte de conscience de plus de 24 heures et un hématome sous dural) [4]. En moyenne dans les pays industrialisés, un antécédent de traumatisme crânien est retrouvé chez 5% des patients épileptiques contre 8% dans les pays en développement [15]. Dans notre étude, 19,51% des patients avaient un antécédent de traumatisme crânien, d’autres auteurs, tels que Hutu K et al. [6], ont des résultats presque similaires avec 18% de patients, avec un ou plusieurs traumatismes crâniens dans leurs antécédents.
Type de la crise:
La maladie épileptique se manifeste par des crises épileptiques, mais crise épileptique ne signifie pas épilepsie. Pour parler d’épilepsie il est nécessaire de combiner une ou plusieurs crises épileptiques à une prédisposition durable à générer des crises ultérieures [1]. Les crises épileptiques sont un élément primordial de la maladie épileptique et, permettent au même titre que les éléments paracliniques, d’établir une classification des syndromes épileptiques et des épilepsies [24]. La ligue internationale contre l’épilepsie a classé en 1981 les différents types de crises en deux catégories, partielles et généralisées. Il existe aussi un troisième type qui lui, regroupe les crises qui n’entrent pas dans les deux catégories précédemment citées.
INTRODUCTION |