Identification des Déchets de Bâle précurseurs de dioxines en fonction des pratiques de gestion endogènes
Introduction
Le terme de « dioxines » désigne une famille de composés aromatiques tricycliques chlorés et bromés présentant des propriétés physico-chimiques semblables. Elles ne diffèrent que par le nombre et la position des atomes de chlore, ainsi que la disposition des cycles aromatiques. On distingue 75 polychlorodibenzo-p-dioxines (PCDD) et 135 polychlorodibenzo-furanes (PCDF). Les dioxines sont constituées de deux noyaux de benzène, deux molécules d’oxygène et de molécules de chlores, de fluor ou de brome (1à 8). Les furannes se différencient des dioxines par la présence d’un seul atome d’oxygène dans le cycle central.Les dioxines sont produites au cours de la plupart des processus de combustion naturels et industriels, et en particulier lors des procédés faisant intervenir de fortes températures (incinération, métallurgie).Elles se forment lors de la synthèse chimique de dérivés aromatiques chlorés ainsi qu’au cours de processus biologiques et de réactions photochimiques naturels.
Principales sources d’émissions de dioxines
A la différence des autres polluants organiques persistants, les dioxines et les furanes ne sont pas des molécules synthétisées dans un but particulier (pesticides, fluide réfrigérant…), mais des composés non intentionnels, qui se forment sous certaines conditions. Actuellement, il est difficile voire impossible d’évaluer la part des sources naturelles et anthropiques. Les données recueillies dans la littérature montrent que dans les années soixante, l’émission de dioxines était principalement liée à la synthèse de produits chlorés et la fabrication de pâte à papier avec les procédés de blanchiment. Dans les années soixante dix, de nouvelles sources d’émissions de dioxines sont incriminées notamment les processus de combustion. Les industries métallurgiques et sidérurgiques sont les premières concernées. Ces dernières années, les incinérateurs de déchets ménagers et dangereux sont considérés comme l’une des principales sources de rejet de dioxines.
Le recyclage des métaux non ferreux qui fait intervenir la refonte de matériaux contaminés par des polluants organiques chlorés conduit également à la formation de PCDD et de PCDF.
Les dioxines peuvent donc être théoriquement générés par chauffage, à partir de n’importe quel composé chloré, y compris le plus inoffensif, jouant le rôle de « source de chlore » (précurseurs).
Leur formation est essentiellement liée aux activités humaines, industrielles et domestiques :
• Accidents dans les usines de production de dérivés organochlorés
• Incendies d’entrepôts, de bâtiments et de véhicules
• Incinérateurs de déchets ménagers ou industriels
• Sources diffuses : moteurs de véhicules
• Chauffage domestique (bois, charbon, gaz)
• Réservoirs potentiels :
o Bois traités au pentachlorophénol (PCP)
o Transformateurs électriques contenant des PCB
o Câbles électriques
o Boues d’épuration utilisées pour épandage
o Sols et sédiments contaminés (décharges)
o Huiles usées.
Les PCDD/PCDF sont donc formés de manière non intentionnelle comme sous- produits dans un large éventail de procédés. Ils sont largement dispersés dans l’environnement et peuvent exister dans les procédés de production en tant que matières premières ou en tant que produits. Par conséquent, les rejets ou les transferts de PCDD/PCDF peuvent avoir lieu même si les PCDD/PCDF ne sont produits dans le procédé considéré.
Toxicité des dioxines
Du fait de leurs propriétés physico-chimiques : stabilité, caractère lipophile, les dioxines se concentrent dans la masse graisseuse des animaux. Elles se concentrent dans la chaîne alimentaire faisant de la voie alimentaire la principale source d’exposition pour l’homme. Chez l’homme, une exposition à court terme à des teneurs élevées en dioxine peut être à l’origine de lésions cutanées, chloracné et formation de taches sombres sur la peau par exemple, ainsi qu’une altération de la fonction hépatique. Une exposition prolongée entraîne une atteinte du système immunitaire, à la perturbation du développement du système nerveux et à des troubles du système endocrinien et de la fonction de reproduction. L’exposition chronique d’animaux aux dioxines a entraîné l’apparition de plusieurs types de cancer. La toxicité des PCDD et des PCDF a été démontrée expérimentalement sur de nombreuses espèces animales, mais la plupart des études de toxicologie ont été réalisées avec la 2,3,7,8-TCDD, appelée dioxine de Seveso.
Les dioxines au Sénégal
Au Sénégal, les études antérieures menées par la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés (DEEC) dans le cadre des activités du Plan National de Mise en Œuvre de la Convention de Stockholm, ont recensé les principales sources de dioxines comme étant :
• l’incinération des déchets : biomédicaux, domestiques, industriels contenant des organiques chlorés ;
• les émissions de fumées de véhicules à partir des pots d’échappement ;
• la combustion du carbone, de la tourbe, du bois, de la bagasse (feu de brousse, meubles, coques d’arachide, chaudières à bois, etc…) ;
• la raffinerie d’huiles usées ;
• la teinture de textiles ou de cuirs (au chloranile) ;
Les principales sociétés suivantes ont été recensées comme émetteurs potentiels de dioxines (Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés, 2004) :
– La SONACOS Dakar et Diourbel (huile d’arachide), par sa production d’énergie à partir de la combustion de coques d’arachide ;
– La CAFAL, (Allumettes) par la production de vapeur de sa chaudière mixte à partir de la combustion de bois
– La CSS-Richard Toll (Sucre) par la combustion de bagasse pour la production d’énergie à partir de la vapeur