Historique du snoezelen
Snoezelen, une marque déposée de la compagnie ROMP A, a été développé, en premier lieu, dans les Pays Bas au cours des années 60 pour les personnes ayant des difficultés d’apprentissage. Le but recherché était d’offrir des stimulations multisensorielles aux personnes ayant des problèmes psychologiques et de comportement dans un environnement calme (Lee, 2002). Les premiers environnements ont été élaborés en Hollande dans les années 1970, dans trois institutions s’occupant de personnes handicapées profondes, lors de festivités récréatives annuelles qui se prolongeaient pendant une dizaine de jours. Un programme d’activités était alors proposé aux résidents des trois institutions. Des tentes avec des effets visuels, auditifs, sensoriels étaient imaginées et réalisées pour les personnes handicapées mentales profondes : créativité, plaisir, fantaisie au stade expérimental. Les parents, étonnés de l’intérêt de leurs enfants, furent rapidement conquis (Renard-Quix, 1995).
Suite au succès obtenu, les environnements snoezelen se sont développés dans d’autres pays tels la France, le Canada, les Etats-Unis et le Japon dans les années 90 et furent utilisés dans d’autres domaines que les loisirs (Lee, 2002). En effet, selon Hogg, Cavet, Lambe et Smeddle, (2001) plusieurs professionnels ont choisi de développer les pratiques du snoezelen de façon à atteindre de plus grands buts en éducation et en thérapie. Toujours selon eux, l’assimilation de l’environnement snoezelen dans un programme scolaire et dans un cadre éducationnel a été bien illustré dans plusieurs publications (Gallaher et Balson, 1994; Byers, 1998). De plus, les environnements snoezelen ont aussi pris une place particulière dans les thérapies du langage, en physiothérapie et en ergothérapie. Aujourd’hui, même au Québec, ont retrouve l’utilisation de l’environnement snoezelen dans les modalités d’intervention pédagogique du programme éducatif adapté aux élèves handicapés par une déficience intellectuelle profonde.
Définitions du snoezelen
Bien que l’approche snoezelen soit récente, les principaux auteurs ont défini ce que représente pour eux le concept snoezelen. Selon Renard-Quix (1995), le terme snoezelen est une contraction de deux mots allemands « doezelen » et « snuffelen » signifiant somnoler et renifler et il est intraduisible en français. Il renferme une idée dynamique et une idée de relaxation. Le but global étant l’atteinte de la détente tout en respectant les besoins, les choix et les rythmes des personnes. Le snoezelen nous apprend à saisir les situations naturelles ou à créer ces situations dans des espaces aménagés dont le but premier est de permettre d’entrer en relation avec la personne et de décoder ses goûts et ses compétences. Les auteurs Hulseggeh et Verheul (1989, p. 44) donnent cette définition du snoezelen: « À 1 ‘intérieur du snoezelen, des occasions sont offertes pour vivre de manières différentes. Entre autres, être occupé à goûter, à sentir, à toucher, à bouger, tout simplement parce que cela leur plaît, et non pas pour faire provision d’informations, pour apprendre ou pour se développer ; cela correspond beaucoup plus aux possibilités et aux besoins des handicapés profonds ».
L’environnement snoezelen
Notre recension des écrits nous a permis de réaliser qu’il existait différentes appellations pour nommer les environnements snoezelen. Certains auteurs (Larocque et Théroux, 1996; Desrosiers, 1998; Quonn, 1996-1997) parlent de milieu snoezelen, alors que d’autres (Martin, 1995a) utilisent le terme d’approche snoezelen quand ils font référence à cet environnement. Quant à Renard-Quix (1995) elle emploie démarche snoezelen. D’autres auteurs enfm, comme Hullseggeh et Verheul (1989) n’utilisent que le terme snoezelen. Pour notre recherche, nous avons décidé de retenir l’appellation environnement1 snoezelen parce que, selon nous, celui-ci fait référence à l’ensemble des conditions nécessaires au snoezelen. Afin de permettre aux lecteurs de bien saisir ce que nous entendons par environnement snoezelen, nous avons décidé de faire la description physique de l’environnement snoezelen d’Amos et l’utilisation qu’en font les éducateurs. Cet environnement étant situé au centre de réadaptation en déficience intellectuelle où nous travaillons, il nous est donc plus familier. L’environnement snoezelen d’Amos est une grande pièce du Centre de réadaptation qui a été aménagée spécifiquement afin de pouvoir stimuler chez les utilisateurs les quatre sens principaux : la vue, 1′ odorat, le toucher et 1′ ouïe dans une ambiance propîce à la détente et à la relaxation.
L’environnement snoezelen d’Amos (Photo 2.1) est en fait une salle toute blanche. Le plafond, les murs, le sol ainsi que le matériel qui s’y trouve sont blancs. La luminosité est entièrement contrôlable. Pour favoriser la stimulation visuelle, la pièce est équipée de matériel tel que des colonnes à bulles, des fils de fibres optiques, un projecteur rotatif qui projette différents motifs selon le disque utilisé, une boule lumineuse, des miroirs et un projecteur lumineux qui réagit aux bruits des voix ou de la musique. Ce dernier est surtout utilisé dans le but de développer la relation de cause à effet. Un diffuseur d’odeur stimule le sens olfactif par la diffusion d’huiles essentielles. Dans la salle, on retrouve aussi un système de son qui permet aux intervenants de stimuler 1′ ouïe ou de favoriser la détente par la présentation de différents genres de musique que les intervenants choisissent selon le goût ou la préférence de la personne. Quant aux stimulations tactiles, elles reposent sur l’utilisation d’un matelas vibrant, de coussins vibrants, de sacs pois et d’un ventilateur. Il arrive aussi que l’on procure aux personnes des stimulations vibratoires en utilisant le matériel suivant: le lit d’eau, la piscine à boules et la chaise feuille.
Fondements de l’environnement snoezelen
Selon Hogg, Cavit, Lambe et Smeddle (2001), qui ont réalisé une étude sur dix-neuf recherches traitant de l’environnement snoezelen, celui-ci ne serait pas un nouveau phénomène, mais plutôt un développement logique de 1 ‘évolution des approches basées sur la stimulation sensorielle au cours des deux cents dernières années. Ces auteurs affirment que le physicien suisse Johann Jakob Guggenbühl employait déjà dans son institution 1’ entraînement sensoriel au cours des années 1816 à 1863. Ensuite, Jean-Marc Gaspard Idard de 1774 à 1838 et Édouard Séguin de 1802 à 1880 auraient incorporé l’entraînement sensoriel dans leurs méthodes d’enseignement en France. Finalement, de 1870 à 1952, Maria Montessori aurait, elle aussi, développé des approches basées sur la stimulation sensorielle. Selon cette dernière, 1 ‘être humain quel qu’il soit, apprendrait par les stimulations sensorielles qu’il reçoit en agissant sur son environnement et cela avec spontanéité. Lee (2002) pour sa part affirme que la théorie sous-jacente aux environnements snoezelen résulte de la littérature des années 60 qui explorait les liens entre la privation sensorielle et ses effets sur la santé mentale des personnes âgées atteintes de démence. Toujours selon elle, Zuckerman (1964) aurait découvert que les environnements qui sont banals et sans changement peuvent devenir . stressants et pénibles pour l’individu.
Ces environnements pourraient avoir un impact négatif sur 1′ attention et la concentration. La privation sensorielle serait alors un facteur important, mais souvent négligé, de l’apparition de comportements inadéquats. Plusieurs personnes handicapées ne reçoivent pas nécessairement toutes ces stimulations. Ces personnes sont souvent incapables d’explorer, d’enregistrer et de comprendre 1′ environnement dans lequel elles évoluent. Dans certains milieux de vie, les stimulations sont souvent limitées aux soins de base tels que manger, se laver et s’habiller. La création d’environnements snoezelen permet donc aux personnes handicapées de pouvoir vivre des expériences de stimulation sensorielle plus variées. Ce qui, selon nous, correspond en tous points aux principes sous-jacents des méthodes de stimulation sensorielle ou de stimulation basale. En effet, ces méthodes consistent à trouver des moyens pouvant permettre aux personnes polyhandicapées d’échapper à l’isolement consécutif à leur handicap. Frohlich (1993, p. 137), affrrme: « La stimulation basale préconise des méthodes de stimulation intensive et globale des personnes gravement handicapées et polyhandicapées profondes. Ces méthodes s’orientent selon les principes fondamentaux humains, c’est-àdire des conditions de vie reconnues a priori comme valables pour tous les hommes. On aide la personne à se découvrir elle-même, ainsi que le corps propre, à travers des propositions sensorielles simples, pour ainsi dire sans « condition »
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