L’enfant et son développement
Chaque individu est différent et est influencé par l’environnement dans lequel il grandit, mais il peut tout de même avoir des points communs avec d’autres individus selon la phase de développement dans laquelle il se trouve (Bee & Boyd, 2003). En effet, selon la théorie de la psychologie du développement, les stades de développement cognitifs et physiques sont plus ou moins les mêmes d’un individu à l’autre selon son âge, au sein d’une même culture. Toutefois, le développement de la personnalité et des relations sociales peut être totalement différent d’une personne à l’autre, étant donné que l’environnement dans lequel chacun grandit est différent. L’enfant possède ainsi des caractéristiques qui lui sont propres et des compétences développées avant la rentrée scolaire : genre, aptitudes, langue maternelle, expériences vécues, habiletés sociales, indépendance, curiosités et agressivité (Curchod-Ruedi & Chessex-Viguet, 2012). Par conséquent, il est important de prendre conscience des besoins de l’enfant selon le stade de développement dans lequel il se trouve tout en tenant compte de la différence de fonctionnement de chacun.
Selon Bee et Boyd (2003), à l’âge préscolaire les enfants sont capables d’exprimer ce qu’ils ressentent dans une situation ou dans une autre, ils sont également capables de masquer une émotion et de faire semblant. La gestion des émotions s’apprend petit à petit au travers des parents et des normes sociales intégrées au cours des années. Toutefois, les enfants difficiles, prématurés ou ceux qui rencontrent des « retards au niveau du langage » (Bee & Boyd, 2003, p.190) auront plus de peine à exprimer ou encore à gérer leurs émotions. Dès lors, nous pouvons envisager que des moments de parole en classe autour des émotions donnent l’occasion de s’exprimer sur ce qu’ils vivent et ressentent, surtout durant cette période de transition qui représente un chamboulement émotionnel pour les enfants.
A l’âge préscolaire, l’enfant est petit à petit capable de comprendre son rôle en tant qu’individu dans différentes sphères sociales telles que la famille, l’école ou encore dans les jeux de rôle (Bee & Boyd, 2003). Le fait que l’élève puisse avoir des moments de jeu dans lequel il joue un personnage l’aide à prendre conscience de son « moi social » et de trouver quelle est sa place dans la classe.
Théorie de l’attachement
Il existe des liens entre la qualité des relations parents-enfants et la réussite scolaire (Moss, StLaurent, Pascuzzo, & Dubois-Comtois, 2007). L’adaptation scolaire, qui inclut l’acquisition de compétences académiques et sociales, est influencée par le climat affectif qui caractérise les relations parent-enfant au sein de la famille (Moss et al, 2007). Cette relation influence également le développement ultérieur de la relation entretenue par l’enfant avec le monde extérieur (Curchod-Ruedi & Chessex-Viguet, 2012). Dans les années 1950, le psychiatre Bowlby a formalisé la théorie de l’attachement (CurchodRuedi & Chessex-Viguet, 2012). Selon lui, l’enfant intériorise les réponses parentales qui déterminent le comportement d’attachement (Curchod Ruedi & Chessex-Viguet, 2012). Ainsworth, psychologue du développement, reconnaît, dès les années 1950-1960, trois types d’attachements : attachement sécurisant, attachement résistant ambivalent et attachement évitant (Bee & Boyde, 2003). Main et Soloman ont rajouté plus tard le type insécurisé/désorganisé (Bee & Boyde, 2003). Ces formes d’attachement vont déterminer la manière dont l’enfant va explorer son environnement (Moss, et al. 2007; Delma, & Hefti, 2009; Jaccard, 2007). Moss et al. (2007), s’appuyant sur les résultats d’une recherche longitudinale, montrent que le type d’attachement sécurisant permet de meilleures compétences sociales et cognitives ainsi que des habiletés d’autorégulation des émotions. Un enfant avec ce type d’attachement aura plus de chances d’appréhender son environnement avec la certitude d’un soutien de l’adulte (Curchod-Ruedi, & Chessex-Viguet, 2012; Delma, & Hefti, 2009). Les attachements insécurisés, quant à eux, mènent à une agressivité, une anxiété et un retrait social (Moss, et al. 2007).
Selon Bee et Boyd (2003), le type de relation entretenue avec les pairs dépend du niveau d’habiletés sociales que l’enfant a développé par le passé avec ses parents ou des interactions avec d’autres enfants dans différentes sphères. Ces habiletés sociales sont : « un ensemble de comportements qui permettent habituellement d’être accepté comme partenaire de jeu ou comme ami dans un groupe » (Bee & Boyd, 2003, p.204). Plus les habiletés sociales sont développées, plus l’enfant va réussir à s’intégrer dans un groupe et y trouver sa place. Par contre, moins elles sont développées, plus l’enfant va avoir de la peine à se faire accepter par le groupe. Il a tendance à être agressif, ce qui provoque le rejet de la part de ses pairs et le conduit à être plus agressif jusqu’à le rendre perturbateur. L’enfant ne sait simplement pas comment s’y prendre pour développer des relations sociales et c’est un aspect qu’il devra apprendre. Les enfants qui ont un niveau d’habiletés sociales peu développé jouent souvent à des jeux parallèles qui consistent à jouer près des autres sans pour autant interagir (Bee & Boyd, 2003; Parten, 1993). Ce nouveau monde qu’est l’école, est un lieu qui peut favoriser l’agressivité puisque l’enfant a de la peine à trouver sa place dans le groupe. L’accompagnement est nécessaire pour lui permettre d’acquérir ces habiletés sociales. Certains enfants ont un caractère difficile et peuvent dès lors développer une certaine vulnérabilité (Bee & Boyd, 2003). Ces enfants, s’ils n’ont pas reçu un soutien efficace de la part de leurs parents, vont également avoir des problèmes dans les relations sociales et avoir de la peine à les maintenir. Afin que ces enfants ne rencontrent pas ces problèmes relationnels et pour en diminuer le risque, ils doivent recevoir un soutien, de l’amour et un bon accompagnement de la part des parents (Bee & Boyd, 2003). Une bonne collaboration entre l’enseignant/e et les parents est nécessaire pour que des solutions efficaces soient trouvées. Quelques enfants ont également une tendance à être agressifs et il existe plusieurs raisons à cela. Selon Bee et Boyd (2003), le comportement agressif chez l’enfant est souvent dû à un sentiment de frustration, mais il peut provenir d’adultes qui se trouvent autour de lui et qui ont une tendance à réagir de manière agressive dans différentes situations. L’enfant a plusieurs façons d’exprimer cette agressivité; soit par la violence physique ou verbale. C’est ainsi souvent un enfant blessé qui veut blesser à son tour. Toujours selon Bee et Boyd (2003), certains enfants agressifs n’ont pas appris qu’il existe des différences entre des gestes accidentels ou intentionnels. Ils ont tendance à être agressifs et user de violence physique ou verbale si, par exemple, un autre enfant est accidentellement tombé sur eux. Ces gestes accidentels ou intentionnels peuvent être expliqués en classe pour diminuer l’agressivité chez les enfants enclins à l’être dans ce genre de situations.
Les enfants qui grandissent dans un milieu défavorisé ont en général un accompagnement moins soutenu de la part de leurs parents. Ils ont reçu moins de stimulations intellectuelles, ce qui engendre des difficultés au niveau de l’apprentissage (Bee & Boyd, 2003). N’ayant pas les moyens d’avoir les ressources nécessaires à un bon développement intellectuel, ils ont un plus grand risque d’échecs scolaires (Bee & Boyd, 2003). Les enfants qui grandissent dans une structure familiale instable rencontrent également des difficultés au niveau des relations sociales, cognitives ou émotionnelles (Bee & Boyd, 2003).
Delma et Hefti (2009) ont observé différents profils d’élèves lors des premiers jours à l’école enfantine. Elles ont ensuite interrogé les parents, l’enseignant/e et les élèves. Les résultats de cette recherche ont démontré qu’il existe un lien fort entre l’angoisse des parents par rapport à la séparation lors de la rentrée scolaire et le ressenti des enfants. Selon elles, le climat de confiance entre enseignant/e et parent est primordial pour favoriser un sentiment de sécurité chez l’enfant (Delma & Hefti, 2009). Les résultats prouvent également que parler de l’école avant la rentrée et le fait d’être inscrit dans une structure d’accueil (garderie), facilite l’intégration scolaire.
1. Introduction |