Motivation pour l’apprentissage du français langue étrangère (FLE)
Qu’est-ce que la motivation : Les problèmes de la définition de la motivation
Répondre à la question qu’est-ce que la motivation n’est pas facile, même pour les scientifiques et les psychologues. On pense en général qu’avoir du « talent » et des compétences bien développées n’est pas suffisant pour atteindre le succès, en particulier dans les situations ou le but est très loin et difficile d’atteindre. On suppose que dans ce cas les individus doivent posséder un haut degré de motivation (Topalov, 2011: 9).Une des définitions les plus simples serait que la motivation est un moteur inné qui nous pousse à agir. Mais le phénomène de la motivation est loin d’être tellement simple parce que la motivation vise à expliquer plus d’une raison du comportement humain .C’est pourquoi il est difficile de donner une définition valable de la motivation en quelques phrases. Selon Beck (2003: 4/5) en général on emploie la notion de la motivation pour expliquer la variabilité du comportement humain, c’est-à-dire pour expliquer pourquoi quelqu’un agit d’une certaine manière et pas d’une autre.
Bien que le phénomène de la motivation fasse le centre des recherches depuis longtemps, les scientifiques ne peuvent pas s’accorder d’où provient la motivation, c’est-à-dire quelle est la source de la motivation, quels sont les facteurs qui influencent et maintiennent la motivation ou même quels sont les types de motivation (s’il y en a).
Cependant si on analyse la bibliographie on pourrait tirer la conclusion que les scientifiques sont quand-même d’accord sur un point et c’est que la motivation est le déclencheur fondamental qui pousse un individu à agir et persister dans son action (Topalov, 2011: 9).
Les théories de la motivation
Au cours de quelques dernières décennies les théories différentes de la motivation ont été développées. Chacune parmi elles a essayé de définir et d’expliquer la motivation selon son propre point de vue. Certaines abordent la motivation du point de vue plutôt béhavioriste et les autres du point de vue cognitiviste. Chacune de ces théories a ses points forts et faibles mais aucune ne donne une explication de la motivation complètement satisfaisante. Mais quand même il y a des théories aujourd’hui qui ont une grande importance dans les études de la motivation et qui offrent de nombreuses preuves de leurs postulats. Voici un bref aperçu des théories prédominantes de la motivation.
L’approche béhavioriste
La théorie béhavioriste était une des premières grandes théories qui a donné ses explications de la motivation. Les béhavioristes ont d’abord fait des expériences sur les animaux. Puis ils ont appliqué les résultats obtenus aux hommes, c’est-à-dire au comportement humain. Les béhavioristes affirment que les gens réagissent aux besoins et aux instincts sans lesquels ils seraient généralement passifs (Topalov, 2011: 11). Le centre de cette théorie est la relation stimulus-réponse qui permet de prévoir le comportement humain si on connaît le stimulus qui le provoque (Perrot, 2002/2003: 3).On a pensé que chaque homme était motivé à agir pour deux raisons : pour obtenir des résultats agréables ou pour éviter des résultats désagréables. Appliqué au système scolaire cela veut dire que les apprenants travaillent seulement pour obtenir une récompense (par exemple une bonne note) ou pour éviter une punition (par exemple redoubler la classe). Dans ces exemples on peut bien remarquer que les concepts du béhaviorisme se reflètent assez dans le système scolaire où chaque comportement désirable ou non-désirable est récompensé ou puni (Topalov, 2011: 15).D’après les béhavioristes il n’existe que la motivation extrinsèque et également ils nient résolument l’existence des motifs internes, ce qui est justement ce qu’on leur reproche.
L’approche cognitive
L’approche cognitive présente une grande rupture avec le béhaviorisme. Cette approche met en relief la personne elle-même, c’est-à-dire les perceptions de soi, de ses désirs, de ses buts et de ses aspirations. Autrement dit les cognitivistes mettent l’accent sur les facteurs moteurs innés dans leurs recherches. Depuis quelque temps on y ajoute aussi le rôle de l’environnement dans la motivation et l’apprentissage des langues étrangères, souligné de plus en plus par beaucoup de scientifiques. C’est pourquoi on parle souvent d’une approche sociocognitive. Dans le cadre du cognitivisme plusieurs théories ont été développées, comme la théorie des buts, la théorie de l’attribution, la théorie des attentes, la théorie de l’autodétermination, le modèle sociocognitif de Viau, la théorie d’Atkinson, les théories de l’expectation-valeur etc. Ces théories cognitives ont beaucoup en commun, c’est pourquoi il y a beaucoup de chevauchements entre elles. Mais, en même temps elles se complètent l’une l’autre.
La théorie de l’attribution
La théorie de l’attribution est une grande théorie de la motivation très influente. Selon cette théorie les événements ou expériences passés ou bien leur perception ont une grande influence sur la motivation. Les individus expliquent toujours leurs échecs ou leurs succès en leur donnant des attributions différentes qui se reflètent alors dans les émotions, la motivation et le comportement des individus (Beck, 2003: 327).Appliquée au système scolaire, cette théorie montre que les apprenants peuvent attribuer leur succès ou leur échec à des raisons différentes comme effort, compétence, bonheur, aide des autres, difficulté de la tâche, humeur . La théorie de l’attribution ici souligne l’importance de trois facteurs : le locus de contrôle, la stabilité et la contrôlabilité. Le locus de contrôle désigne la source interne (par exemple sa propre compétence) et la source externe (par exemple l’incompétence de l’enseignant ou la difficulté d’une tâche) à laquelle l’élève attribue son succès ou son échec. La stabilité concerne la stabilité des sources (le locus de contrôle) pendant le temps et dans des situations différentes. Il s’agit des facteurs comme la compétence (stable) ou l’effort (instable). La contrôlabilité indique la possibilité de l’apprenant de contrôler lui-même les résultats de ses propres actions. Bref, si l’apprenant pense qu’il n’a pas réussi à une tâche parce que la tâche était trop difficile (le locus externe), parce que il était malade (incontrôlable) et parce qu’il était paresseux (facteur instable), la motivation peut être augmentée si l’apprenant se donne plus d’efforts. Cependant si l’apprenant attribue son échec seulement à son manque de compétence (locus interne, stable, incontrôlable) cela va probablement baisser sa motivation.
Les théories des buts
Parmi les théories de la motivation une place importante est occupée par les deux théories des buts : la théorie de la fixation des buts et la théorie de l’orientation des buts.Selon la théorie de la fixation des buts l’individu doit d’abord avoir et poursuivre un objectif afin que l’action soit même réalisée. Chaque but a ses trois caractéristiques qui le distinguent des autres buts : la difficulté, la spécificité et l’engagement des individus. Les recherches ont montré que plus le but est difficile, concret et précis, plus haut sera le niveau de motivation (Bahadir, 2005: 18).La deuxième théorie des buts, la théorie de l’orientation des buts, est plus liée au contexte scolaire. Dans le cadre de cette théorie on distingue deux notions : « l’orientation de maîtrise » qui désigne l’intérêt que l’apprenant porte au contenu de l’apprentissage et « l’orientation de performance » qui représente l’importance donnée à des notes ou à des compétences. Dans le cas de l’orientation de maîtrise l’apprenant veut se développer, il ne se décourage pas par ses fautes et il croit qu’il réussira en employant ses propres forces (Bahadir, 2005 : 18). De l’autre côté, dans le cas où l’apprenant est orienté vers la performance, l’apprenant veut obtenir seulement de bonnes notes et la perception que les autres ont de lui est très importante pour lui (Topalov, 2011: 31).