Le traitement du cancer du sein
Depuis une trentaine d’années, on peut observer une amélioration des chances de guérison, de la survie globale ou spécifique, à court terme ou à long terme suite à un diagnostic précoce du cancer du sein (Coumeya et coll., 2014). 11 arrive parfois qu’un seul type de traitement soit nécessaire, selon la gravité du cancer. Dans d’autres cas, une combinaison de traitements est utile pour mieux maîtriser la maladie. On peut, par exemple, réaliser une chirurgie et compléter ensuite le traitement uniquement par une chimiothérapie ou une radiothérapie, ou bien faire les deux à la fois (Maryam et coll., 2010). L’hormonothérapie après une chirurgie et une radiothérapie est une autre avenue. Ce traitement a pour but d’empêcher les cellules cancéreuses restantes de se développer, réduisant ainsi le risque de réapparition du cancer (hormonothérapie adjuvante). Également, l’hormonothérapie peut être administrée avant la chirurgie pour réduire la taille de la tumeur primitive, en particulier chez certaines femmes âgées dont les récepteurs sont positifs à l ‘oestrogène ou la progestérone.
Le traitement complémentaire est qualifié de néo-adjuvant s’ il est réalisé avant la chirurgie ou adjuvant si après la chirurgie. Dans le premier cas, il s’agit de diminuer la taille de la tumeur avant la chirurgie; dans le second, l’objectif est de compléter l’action de la chirurgie et renforcer son efficacité (Harrington et coll., 2002). Le choix des traitements dépend des caractéristiques suivantes: le type de cancer dont la femme est atteinte, le stade du cancer au moment du diagnostic, le statut des récepteurs hormonaux, le risque de récidive, les éventuelles contre-indications aux traitements, l’état de santé général, l’âge, les antécédents personnels médicaux, chirurgicaux et familiaux, de même que l’avis et les préférences de la patiente (Société canadienne du cancer, 2017). En résumé, une association de traitements qui combinent la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie et l’hormonothérapie a permis de bonifier le pronostic chez de nombreuses patientes atteintes du cancer du sein, en produisant toutefois des effets indésirables, nonobstant quelques améliorations dans cette direction. Par conséquent, les femmes peuvent souffrir d’une variété de symptômes et désagréments physiques, psychologiques et sociaux pendant et après le traitement. Ainsi, les survivantes du cancer du sein ont besoin de soutien pour la récupération et pour maintenir leur qualité de vie à long terme (Maryam et coll., 2010).
Cancer et exercice physique
La recherche concernant l’effet de l’exercice pour les personnes atteintes d’un cancer a considérablement évolué à partir des années 1990. Courneya et Friedenreich. (2001) ont proposé un modèle pour la recherche sur le cancer et l’exercice nommé PEACE pour Physical Exercise Across the Cancer Experience (Figure 1). Ils indiquent que l’exercice physique peut avoir des avantages sensibles pour la lutte contre le cancer en prévention mais aussi tout au long du processus de réadaptation aprè atteinte, vOIre même en accompagnement des traitements palliatifs. La ligne de conduite pour une telle intervention obéit à une approche psychosociale, l’évaluation des symptômes physiques et une combinaison d’approches biomédicales. Ces actions ont comme objectifs de réduire le risque de cancer en termes d’incidence et de gravité et d’améliorer la qualité de vie en atténuant les effets secondaires. Les auteurs utili sent l’expression « faire face » plutôt que « traitement », car le rôle principal de l’exercice est d’aider la patiente à faire face au cancer (Coumeya et Friedenreich, 2001).
Cadre pour la lutte contre le cancer. Le cancer et son traitement sont associés à de nombreux symptômes physiques et psychologiques. En raison de ses nombreux avantages, l’exercice est suggéré comme une stratégie prometteuse afin d’atténuer certains des effets physiques et psychologiques du cancer lui-même et de son traitement. Il a été souligné que l’exercice physique doit être utilisé comme une intervention visant à améliorer la survie globale et spécifique et aussi la qualité de vie globale des patientes atteintes de cancer. Toutefois, l’un des principaux défis pour les chercheurs du domaine 7 de la réadaptation est de fournir des preuves empmques de l’efficacité d ‘un tel programme (Maryam et coll., 2010). Le cadre PEACE proposé par Courneya et Friedenreich (2001) utilise une structure qUi identifie de nouveaux crénaux de recherche et d’intervention sur le cancer, en marquant des périodes clés dans l’expérience du cancer. Ces périodes sont réparties en six phases: les deux premières phases sont associées au prédiagnostic (la prévention et la détection) et les quatre autres, dans le postdiagnostic (prétraitement, traitement, posttraitement et reprise). De façon plus détaillée, les auteurs décrivent les phases de PEACE de la manière suivante:
Historique de la marche nordique
La marche nordique (MN) est un exercIce qui a acquis beaucoup de popularité depuis son apparition. Cette activité a pris naissance dans les pays scandinaves au début des années 1930, notamment en Finlande (International Nordic Walking Federation (INWA), 2010b). En 1968, les bâtons ont été utilisés pour l’entraînement de marche. En effet, les skieurs de fond souhaitaient trouver un moyen qui pennettrait, en période estivale, d’ imiter le mouvement de leur sport. Toutefois, les bâtons de ski de fond se cassaient facilement et étaient trop longs. Des bâtons spécialement adaptés à la marche, plus courts, plus durables et plus souples, ont donc été conçus dans les années 1970, et la MN est devenue un mode d’exercice reconnu nationalement en Finlande (Keast et coll., 2013). En 1966, Leena Jaaskelainen, enseignante en éducation physique en Finlande, a commencé à utiliser des bâtons dans ses séances d’éducation physique comme outil d’apprentissage (INWA, 20 lOb). Dans les années 1980 et 1990, les premiers travaux de recherche sur la MN ont été publiés. Les chercheurs ont constaté que cette activité physique apporte des bienfaits pour la santé (Porcari, Hendrickson, Walter, Terry et Walsko, 1997; Walter, Porcari, Brice et Terry, 1996). En 1997, le nom de «marche nordique» a été proposé pour désigner ce type d’activité physique. Enfin, en 2000, l’Association internationale de marche nordique (fNW A) a été fondée. Cette activité se pratique depuis une vingtaine d’années dans toute l’Europe, avec une dizaine de millions d’adeptes (fNW A, 20 1 Ob). Au Québec, la MN a pris son essor au début des années 2000, cette activité gagnant depuis de plus en plus d’adeptes (Outdoor Experts, 2012; Svensson, 2006). Les adeptes de la MN sont reconnus par la façon de marcher en s’appuyant sur des bâtons selon une technique similaire à celle du ski de fond (fNWA, 2010b).
Bienfaits de la marche nordique sur la santé La MN se pratique en toutes saisons, et l’hiver comme l’été. Cette activité est accessible à tous, s’adapte à la plupart des conditions de santé et au niveau de condition physique des personnes et leur pennet généralement de garder ou améliorer leur condition physique.». La MN convient aux femmes enceintes, aux personnes sédentaires ou âgées, voire à celle ayant des contre-indications médicales, honnis celles concernant les incapacités physiques directes (Jasinski et coll., 2015; Svensson, 2006; SkorkowskaTelichowska et coll., 2016). Elle se pratique à l’intérieur, en plein air, en milieu urbain, dans la nature avec différents types de sol, et elle requiert un minimum d’équipement. La MN s’exerce seul(e) ou en groupe, elle s’adapte au niveau d’ intensité voulu et apporte de nombreux bienfaits pour la santé et la condition physique : voir le Tableau 1. La MN favorise une dépense énergétique supérieure de 20 à 30 % à celle de la marche traditionnelle (fNWA, 2010b; Sentinelli et coll., 2015). De plus, cet exercice tonifie les muscles du corps, permet un contrôle du poids, augmente la force et l’ endurance musculaires des membres supérieurs (Shim, Kwon, Kim, Kim et Jung, 2013). L ‘ utilisation des bâtons accentue de façon naturelle l’intensité de l’exercice. Ainsi, la MN pratiquée à une intensité élevée peut être comparée au jogging. En plus, l’ajout de bâtons à la marche réduit la tension sur les articulations des membres inférieurs, apporte une meilleure sécurité de posture par la tenue de bâtons et par le mouvement des bras, et stimule la mobilité du haut du corps. Enfin, ce type de marche favorise un mouvement dynamique engageant de 90 à 95 % des muscles du corps; de plus, elle améliore l’humeur! (Sentine IIi et coll., 2015).
Le cancer du sein et la marche nordique De façon plus spécifique, les personnes qui ont subi une mastectomie sont affectées par des effets secondaires comme la perte de mobilité de l’épaule contiguë, une diminution de la force musculaire et de la qualité de vie. Sept projets (Di Blasio et coll., 2016a, 2016b; Fields, Richardson, Hopkinson et Fenlon, 2016; Hanuszkiewicz et coll., 2015; Jonssons et coll., 2009; Jonssons et coll., 2014; Malicka et coll., 2011) ont étudié l’effet de l’exercice après une chirurgie chez les personnes ayant eu un diagnostic de cancer du sein. La mastectomie amène la diminution de la mobilité des muscles de l’épaule, une diminution de la force musculaire et l’atrophie des muscles des membres supérieurs. De plus, certaines femmes peuvent développer un Iymphoedème secondaire homolatéral du membre supérieur. Le Iymphoedème est un effet secondaire potentiel du traitement du cancer causé par des dommages aux ganglions lymphatiques et caractérisé par une accumulation de liquide Imphatique dans le membre supérieur. L’exercice augmente le tonus musculaire et peut aider à évacuer la lymphe du membre affecté, réduisant ainsi l’inflammation.
Par ailleurs, l’exercice aide au renforcement des membres supérieurs et de la ceinture scapulaire, à la mobilité, à l’amélioration de la condition physique générale et à la réduction du Iymphoedème (Fields et coll., 2016; Fischer et coll., 2015; Hanuszkiewicz et coll., 2015; Malicka et coll., 2011; Sprod et coll., 2005; Schmitz et coll., 2010a). Naguère, les survivantes du cancer du sein étaient enjointes d’éviter de lever des poids avec le bras du côté opéré (Irwin, 2012; Schmitz et coll., 2010b). D’autres études suggèrent maintenant qu’un entraînement avec résistance combiné à un drainage lymphatique manuel sont sécuritaires et bienfaisants (Schmitz et coll., 201Ob). Malicka et coll. (2011) ont examiné l’effet de la MN sur la force des membres supérieurs, le niveau de progression du Iymphoedème et l’amélioration de la qualité de vie chez les femmes survivantes qui suivent un traitement contre le cancer du sein. L’entraînement était d ‘une durée de huit semaines, à raison de deux séances par semaine; la durée par séance de marche était de 60 minutes à une intensité de 85 % de la fréquence cardiaque maximale. L’ utilisation des bâtons à la marche active les membres supérieurs, la ceinture scapulaire (surtout la partie antérieure du muscle deltoïde), les parties supérieures du triceps brachial et de l’avant-bras, le grand dorsal et le grand rhomboïde, le thorax et l’abdomen (grand pectoral et muscles obliques) (Malicka et coll., 2011).
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