Analyse de la situation et détermination de l’aménagement correspondant pour chaque unité

Géologie et Morphologie

Géologiquement, la région prospectée appartient aux formations sédimentaires attribuées aux dépôts pliocènes et des épandages plus récents (carte 3). Les dépôts pliocènes composés de grès, de sables et d’argiles remaniés lors des périodes érosives anciennes contribuent à alimenter les vastes épandages et forment des glacis qui sont bien développés en bordure du delta de Morondava, entre la zone littorale et les reliefs gréseux qui forment à l’Est des restes de plateaux anciens (RANDRIAMBOAVONJY, 1996). Les produits de remaniement sont appelés aussi carapace argilo sableuse ou sables roux. La zone d’étude présente une topographie généralement plane avec des pentes ne dépassant pas 5%o. L’altitude va en augmentant de l’Ouest en Est et varie de 18 à 40 m, avec une élévation rocailleuse atteignant 100m au Nord-est (SORG, 1986). Cependant, cette variation de niveau relativement faible joue un rôle essentiel dans la répartition des sols dans le paysage et aussi dans la modification de la couverture végétale, comme l’a montré RANDRIAMBOAVONJY en 1996. Notre étude se fonde sur cette observation.

Analyse documentaire : bibliographie, webliographie, cartographie et Télédétection Les données sur lesquelles ce travail est basé, sont des documents cartographiques et des synthèses bibliographiques. La bibliographie se fera tout au long du travail. Elle informera, entre autres, sur la zone d’intervention (milieu physique et géographique, histoire…), les forêts sèches malgaches et leurs particularités, les études déjà faites dans la zone plus particulièrement celles concernant la pédologie, la végétation et la relation sol-forêt. Cette première étape de notre travail a été effectuée dans plusieurs centres de documentation et d’information à Antananarivo (Bibliothèque de l’ESSA, centre d’information et de documentation de l’ESSA-Forêts, CIDST, Service de la météorologie…) et une grande partie à Morondava (CFPF, SAHA Menabe, CRD Morondava,…). La localisation de la zone d’étude se fera à l’aide de documents cartographiques. Différentes cartes sont utilisées pour la réalisation de l’étude. Cette partie du travail a été effectuée au sein du laboratoire de système d’information géographique de l’ESSA-Forêts.

Les données utilisées dans le cadre de la réalisation de ce travail sont : – une image satellite (BD 500 du FTM), – des interprétations d’images satellites (images LANDSAT et Photos SOJUZ) et une esquisse de la couverture végétale de la zone à l’échelle 1/100000 élaborées par RAZAFINDRAMANGA, 1990 ; – une carte de Madagascar et une carte de situation détaillée de la zone, et – une carte géologique à 1/500000 extrait de la carte géologique (BESAIRIE, 1969 in RAZAFINDRAMANGA, 1990) de Madagascar. La photo-interprétation consiste en l’extraction des informations contenues dans les documents photographiques tels que les prises de vue aériennes ou les images satellites (RAZAFINDRAMANGA, 1997). Des modifications sont apportées à ces différentes cartes (colorations, numérisations) afin d’améliorer leur lisibilité. Les résultats des ces premiers travaux ont permis de définir provisoirement les différents modes d’investigation à adopter (densité d’observation, localisation sur carte des unités d’observation, méthode d’inventaire…). Ils permettent d’élaborer le plan de recherche qui est un cadrage et une planification des différents travaux à réaliser sur terrain. Des entretiens avec des personnes ressources (Spécialistes en SIG, Pédologue, Encadreurs, Equipe technique du CFPF,…) sont effectués afin d’apporter les premières corrections aux modes d’investigations définis.

Synthèse des informations pédologiques

Principe d’élaboration des cartes Comprendre l’organisation des sols dans le paysage, c’est déterminer et expliquer leur répartition. Ainsi, il est important d’appréhender les principaux facteurs de différentiation des solsclimat, végétation, géologie, géomorphologie- ainsi que leurs principaux caractères. Les informations sont tirées des résultats de recherches antérieures, des observations sur terrains (relevés de coordonnées géographiques par GPS) et des renseignements tirés de la présente étude (correspondance sol/formation végétale). Compte tenu de ces informations, l’approche phyto-écologique (Ecole de Montpellier in DECADE ,1984) est choisie. Dans cette approche, la végétation est l’élément central pour identifier les unités physiques. Pour établir une carte avec l’unité « types de sols » pour le périmètre prospecté, la démarche est complétée par l’approche par l’analyse physiographique qui vise à replacer les unités dans le paysage.

Sources d’informations utilisées

Les données relatives à la répartition de la végétation et la façon dont elles se traduisent sur les données de la télédétection sont à la base de l’élaboration des cartes. L’interprétation de l’image satellite LANDSAT effectuée par RAZAFINDRAMANGA en 1990 est choisie parce qu’elle nous offre une interprétation qui correspond à la logique de notre étude. Pour avoir la carte de sols, à chaque type de formation végétale correspond une classe de sol. Les différentes toposéquences décrites par RANDRIAMBOAVONJY (1996) et les relevés GPS sur terrains permettent de tracer les limites de chaque unité. Restituer les informations cartographiquement consiste à établir les limites entre différentes unités. Ces limites sont parfois porteuses d’informations. L’interprétation de la carte doit tenir compte du contenu (données pédologiques) et du contenant (limites pédologiques). Pour notre cas ces limites correspondent au changement de la couverture végétale qui est le reflet du changement des propriétés du sol.

Les différents constituants et les propriétés globales du sol Le mode d’assemblage de ces différentes particules définit la structure. Elle détermine la répartition dans l’espace de la matière solide et des vides (ou pores) dont certains sont occupés par l’eau, d’autres, les plus grossiers, par de l’air. Cette répartition conditionne l’ensemble des propriétés physiques fondamentales du sol : aération et possibilités de respiration des racines, rétention par les forces capillaires, d’une réserve d’eau utilisable par les plantes en périodes sèches, etc. L’observation de la consistance à différents degrés d’humidité est importante car cette dernière conditionne l’enracinement. La porosité est la meilleure expression de l’état actuel de la structure ; elle donne les indications essentielles concernant les propriétés physiques, assurant à la plante son alimentation en eau et la respiration des racines. La combinaison des trois facteurs, température du sol, humidité, aération, et ses variations saisonnières constituent le pédoclimat ou climat interne du sol. Il reflète en grande partie les conditions du climat général, notamment en ce qui concerne la température et l’humidité, mais il dépend largement aussi des propriétés physiques intrinsèques du sol : perméabilité, porosité, texture. Pour un même climat général, il existe de nombreux pédoclimats différents qui, souvent, reflètent les facteurs de station. La répartition des plantes est fortement influencée par le pédoclimat. L’état du complexe absorbant (ensemble des colloïdes qui sont des composés humiques et argile dotés de charges négatives susceptibles de retenir les cations sous la forme dite échangeables c’est-à-dire pouvant être remplacés par d’autres cations) est d’une grande importance car elle peut aussi influencer la répartition des plantes (ex : espèces neutrophiles et acidiphiles). Les valeurs caractéristiques de l’état du complexe absorbant sont :

-la capacité d’échange cationique : T ou CEC qui est la quantité maximale de cations qu’un sol peut absorber (pour 100g de matière sèche) en milliéquivalents (m.eq.) 1m.eq.=poids atomique en grammes/valencex10-3 -Somme des bases échangeables (S) Ca2+, Mg2+, K+, Na+ – (T-S) représente l’acidité totale ou « potentielle » :Al3+ et H+ -Taux de saturation en base : V=S/T%.

Par fertilité minérale, on désigne, la capacité du sol de fournir à la plante l’ensemble des éléments nutritifs qui lui sont nécessaires. On distingue les nutriments de base, absorbés souvent en quantité élevée par les plantes : azote, phosphore, soufre, calcium, magnésium, potassium, et les éléments traces (ou oligo-éléments) indispensables à faible dose : bore molybdène, fer, zinc, manganèse, cuivre. Parmi ces derniers certains peuvent se montrer toxiques s’ils sont en excès. Ces nutriments sont soient directement assimilables par les plantes, soient sous forme de réserves. Les réserves peuvent devenir très progressivement assimilables, soit par altération (réserve minérale), soit par minéralisation (réserves organiques). Le rapport C/N permet d’apprécier la vitesse de minéralisation des matières organiques du sol.

Correspondance Classe de sol- Espèces analyse du graphe on peut regrouper les classes II, III. Par projection sur l’axe F1, on peut dire que la classe I s’oppose aux classes IV et V. Les classes II et III sont intermédiaires. Nous avons alors trois classes à savoir la classe des sols à bonnes conditions édaphiques, la classe des sols intermédiaires et la classe des sols à mauvaises conditions édaphiques. A partir de cette analyse on aboutit à un regroupement des différentes espèces de la forêt de Kirindy. Les essences qui sont proches ont presque les mêmes affinités sur le plan édaphique. La typologie des essences de Kirindy définie dans le paragraphe 3.2.2 peut être présentée comme suit : I- Essences fréquentes sur sol à bonnes conditions édaphiques II- Essences fréquentes sur sol à conditions édaphiques intermédiaire III- Essences fréquentes sur sol à mauvaises conditions édaphiques IV- Essences rares V- Essences indifférentes Les espèces des sols les plus secs et celles des sols les plus humides sont relativement bien circonscrites au type de sol donné; certaines d’entre elles colonisent aussi les sols intermédiaires, quoique nettement moins abondantes. La plus grande partie des espèces des sols intermédiaires se trouve également d’une part sur les sols secs, d’autre part dans les stations humides. Le feuillage de certaines espèces est persistant surtout sur station riche.

La plupart des essences des stations à pédoclimat sec sont à feuille caduque. Pour les stations intermédiaires les étages supérieurs sont formés en grande partie par des essences à feuillage persistant (Securinega seyrgii) et semi caducifolié et les sous étages par des essences à feuille caduque. La composition dépend fortement du type de sols. Sur les sols intermédiaires et secs, les deux espèces Cedrelopsis gracilis et Securinega seyrgii représentent plus de la moitié du nombre de tiges. Sur les sols rouges, Securinega seyrgii constitue jusqu’à 70 % du nombre de tiges. Des bambous et des espèces du genre Pandanus colonisent les zones périodiquement inondées (classe I). Berchemia discolor et Colubrina decipiens abondent sur les sols les plus humides. Commiphora ainsi que Poupartia sylvatica et Colvillea racemosa sont localement abondantes. Des géophytes appartenant aux genres Amorphophallus, Dioscorea et Tacca ainsi que des lianes sont localement abondants. En ce qui concerne la régénération naturelle, la composition varie aussi en fonction du type de sol. Pour toutes les classes, nous remarquons l’absence ou le manque d’espèces de gros diamètres dans la régénération naturelle.

CONCLUSION

L’utilité pratique de la connaissance du milieu n’est plus à démontrer. Cette contribution à la connaissance de la station forestière de Kirindy, nous permet de démontrer par des mesures le rôle important du facteur pédologique dans la modification de la couverture végétale. On peut affirmer même qu’aucun problème de mise en en valeur ne peut être résolu valablement sans l’aide de la pédologie. En effet, le sol sert à la fois de support et de source pour la nutrition des végétaux. En tenant compte de ces deux fonctions du sol, nous avons pu voir tout au long de cette étude la variation de la composition floristique, de la densité du peuplement, de la structure, de l’exigence des différentes espèces (espèces indifférentes, préférentielles, rares), des caractères dendrologiques,… Les analyses statistiques ont révélé la différence entres les différentes formations végétales. En effet, ces différences ne sont que l’expression de la variation du degré de compétition (intraspécifique et/ou interspécifique) suivant le sol ; liée à la disponibilité des éléments nutritifs (fertilité chimique) et en eau, à la facilité d’absorption par les racines (caractères physiques du sol) et enfin aux besoins et exigences des plantes. Cette répartition peut être appréciée par la télédétection permettant l’élaboration de la carte de synthèse des types de sol de la station qui fait partie des objectifs de l’étude. La carte établie illustre bien la relation entre type de sol et la couverture végétale. C’est ainsi qu’au sol ferrugineux lessivé enrichi en argile, sol paravertique et sol peu évolué sur alluvions correspondent une végétation luxuriante ; au sol peu profond sur grès une formation rabougrie et aux sols ferrugineux non lessivés des formations intermédiaires. Les cartes sont de loin l’outil par excellence du décideur et de l’aménageur. La carte établie peut être utilisée par le CFPF et les chercheurs dans ses travaux et peut faire l’objet d’amélioration. Bref, la connaissance de l’interrelation entre le sol et la végétation permet bien planifier les activités à entreprendre. Cette étude, outre l’intérêt scientifique qu’elle revêt en l’occurrence une meilleure connaissance du milieu naturel, constitue un instrument de base indispensable pour les décideurs et aménageurs.

Table des matières

INTRODUCTION
I APERCU SUR LE MILIEU D’ETUDE
1.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE
1.2. CLIMATOLOGIE
1.3. GEOLOGIE ET MORPHOLOGIE
1.4. HYDROGRAPHIE
1.5. FAUNE
1.6. VEGETATION
1.7. FACTEURS HUMAINS
1.7.1. LA POPULATION
1.7.2. Utilisation des ressources forestières
1.7.3. Activités de recherche
II METHODOLOGIE
2.1. CADRE LOGIQUE DE L’ETUDE
2.2. ETUDES PREPARATOIRES.
2.2.1. ANALYSE DOCUMENTAIRE : BIBLIOGRAPHIE, WEBLIOGRAPHIE, CARTOGRAPHIE ET TELEDETECTION
2.2.2. RECONNAISSANCE SUR TERRAIN ET RECOUPEMENT
2.2.3. Localisation des unités d’inventaires
2.3. PROSPECTION SUR TERRAIN
2.3.1. Mise en place des unités d’inventaires
2.3.2. Méthode d’inventaire proprement dite
2.3.2.1. Etude pédologique
2.3.2.2. Inventaire floristique
2.4. ANALYSES ET TRAITEMENTS DES DONNEES
2.4.1. Connaissance de la végétation
2.4.1.1. Analyse structurale
2.4.1.2. Analyse de la régénération naturelle
2.4.1.3. Analyse des essences principales
2.4.2. Synthèse de la correspondance Sol /Végétation
2.4.3. Mise au point de la carte pédologique
2.4.3.1. Choix des unités
2.4.3.2. Choix des méthodes de représentation et des échelles
2.4.3.3. Elaboration de la carte proprement dite
Synthèse des informations pédologiques
Restitution des informations
2.4.4. Analyse de la situation et détermination de l’aménagement correspondant pour chaque unité
2.5. REDACTION DU RAPPORT FINAL
III. RESULTATS ET ANALYSES
3.1. RESULTATS DE L’ETUDE PEDOLOGIQUE
3.1.1. Généralités
3.1.1.1. Les différents constituants et les propriétés globales du sol
3.1.1.2. La pédogenèse
3.1.1.3. Le sol et la végétation
3.1.2. Le paysage
3.1.3. Séquences des sols dans les paysages
3.1.4. Etude des profils types
3.1.4.1. Les sols ferrugineux jaunes et rouges non lessivés sur les glacis conservés :
3.1.4.2. Les sols en bordure des rivières secondaires
3.4.1.3. Les sols sur grès
3.1.5. Classements des types de sols
3.2. ANALYSE DE LA VARIATION DE LA FORET EN FONCTION DES TYPES DE SOL
3.2.1. Présentation des données sur terrain
3.2.2. Etude des différentes classes
3.2.2.1. Structure floristique
3.2.2.2. Structure spatiale
3.2.2.3. Structure totale
3.2.2.4. Analyse de la régénération naturelle
3.2.2.5. Analyse des essences principales
3.3. ETUDE COMPARATIVE DES CLASSES
3.3.1. Analyse spécifique
3.3.1.1. Vérification des caractéristiques typiques de la « forêt dense sèche de l’Ouest
3.3.1.2. Correspondance Classe de sol- Espèces
3.3.2. Analyse quantitative
3.3.3. Analyse de l’influence des caractères physico-chimiques du sol
3.3.3.1. Influence sur la répartition spécifique
3.3.3.2 Variations des paramètres dendrométriques (H, D, H/D
3.3.3.3. Variation de N, G, V
3.3.3.4. Variation de l’état physionomique
3.4. ASPECT PEDOGENETIQUE DE LA RELATION SOL – COUVERTURE VEGETALE
3.5. CARTE DE SYNTHESE DES TYPES DE SOLS DE KIRINDY
3.5.1. DEFINITION
3.5.2. ELABORATION DE LA CARTE DE SYNTHESE DES TYPES DE SOL
IV DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1. DISCUSSIONS
4.1.1. Sur la méthodologie
4.1.2. Sur les résultats
4.1.3. Sur l’apport de la recherche
4.2. RECOMMANDATIONS
4.2.1. Recherche
4.2.1.1. La création de centre de régénération à l’intérieur du peuplement
4.2.1.2. L’enrichissement
4.2.2. Aménagement écotouristique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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