Politique et condition de réussite de croissance externe

Modalités de la croissance de l’entreprise

Cette section exposera la notion et les différentes modalités de la croissance de l’entreprise Très souvent, la notion de croissance d’entreprise sous-entend une augmentation des résultats en termes de chiffre d’affaires, de résultat net, de volume de production, etc., alors qu’elle peut concerner l’augmentation de ses moyens de production (capital et travail) ou/et de ses résultats. BIENAYME A., définit la croissance de l’entreprise « comme un phénomène dont le caractère multidimensionnel découle des critères retenus pour en mesurer la taille ».3 La croissance de l’entreprise correspond à l’augmentation de la taille de celle -ci dans le temps4. Le concept de taille est difficile à cerner pour les entreprises du fait que sa mesure dépend du critère choisi (volume de production, chiffre d’affaires, effectif, moyens matériels, etc.). Comme SOULIE D., l’a souligné : « la pluralité des facettes que présente chaque entreprise est à l’origine des difficultés rencontrées dans la définition même de sa taille, et donc dans sa mesure » 5.

Les indicateurs de la taille sont de deux natures : ceux qui se référent aux facteurs de production (inputs), ce sont des moyens nécessaires à la production d’un bien ou d’un service et ceux se référant aux résultats de l’entreprise. Cette façon de définir la croissance de l’entreprise (selon la taille) n’explique pas d’une manière précise le type de processus d’augmentation concerné : ses moyens de production, ses résultats ou les deux en même temps (puisque l’augmentation peut concerner les deux notions). Surtout, la signification et le message que nous voulons transmettre pour chaque type de croissance sont complètement différents. Cette définition est donc juste sur le plan technique, car il y a effectivement augmentation, mais elle est confuse dans la manière de transmettre l’information, car elle n’indique pas laquelle des deux composantes est concernée par cette augmentation. Pour éviter cette confusion, il est important de distinguer la croissance de l’entreprise (à un moment donné t par rapport à un temps de référence t’, t’ < t) en deux augmentations différentes : celle liée aux résultats et celle liée aux moyens de production (ressources). La croissance de l’entreprise signifie donc l’augmentation de l’un ou de plusieurs indicateurs. Ces indicateurs peuvent nous apporter deux types de renseignements en termes de croissance. Le premier concerne l’évolution de l’entreprise par rapport à elle -même, dans ce cas, les indicateurs fournissent l’état de la croissance absolue de l’entreprise, qui peut-être positive ou négative. Le deuxième concerne l’évolution de l’entreprise par rapport au marché et aux concurrents, les indicateurs nous fournissent alors l’état de la croissance relative de l’entreprise.

Croissance conjointe

Cette politique est intermédiaire entre le marché et le non marché ; elle correspond à une stratégie qui évite, pour l’entreprise, l’externalisation (le marché) et l’internalisation (intégration) de certaines de ses activités, mais qui pratique des relations sous différentes formes avec d’autres entreprises. Cette modalité est aussi connue sous le nom de croissance contractuelle. Pour De MONTMORILLON B., il y a croissance contractuelle « chaque fois qu’un entrepreneur confie à autrui la réalisation d’une partie des tâches nécessaires à la production ou à la distribution des biens ou services qu’il entend proposer au marché »7. Ces dernières années cette appellation de terme contractuel de la croissance, est critiquée : la notion de contractuel concerne aussi les autres modalités de croissance (interne et externe), car toute croissance est contractuelle. La notion de croissance contractuelle est remplacée par celle de croissance conjointe. GERVAIS M., utilise la notion de pratique relationnelle : « une stratégie est dite relationnelle lorsqu’elle se fonde non pas sur la loi de la concurrence, mais sur des relations privilégiées que l’entreprise établit avec certains partenaires de son environnement. La notion de concurrence n’en est pas totalement absente, mais elle est forcément secondaire par rapport à un accord scellé de gré à gré et échappant aux règles normales du marché »8. VERNA J., souligne que « les stratégies conjointes seraient un ensemble de décisions arrêtées par des firmes souveraines, en vue de la réalisation sur le long terme d’une oeuvre commune »9. La croissance conjointe correspond donc à toutes formes de pratiques relationnelles intermédiaires entre le marché et la hiérarchie entre entreprises indépendantes appartenant ou non à un même secteur d’activité. Il existe deux formes de croissance conjointe : l’alliance et le partenariat.

Quelques définitions déjà utilisées

Il faut rappeler certaines définitions pour pouvoir situer l’évolution de cette croissance. La notion de croissance externe a pour origine la distinction faite par les économistes anglosaxons entre « external » et « internal » growth.14 Dans la presque majorité des manuels de gestion et d’économie industrielle ou des articles traitant la stratégie de développement des entreprises, la définition de la croissance externe est souvent citée diversement selon les approches, l’origine des auteurs (français ou anglo-saxons) et la problématique choisie. Pour montrer la complexité et la diversité de cette définition, nous allons essayer d’en énoncer quelques-unes. Notre choix est assujetti seulement à des critères simples, porte sur quelques auteurs (parmi un ensemble) qui se sont plus ou moins intéressés au sujet. Pour MORVAN Y., la croissance externe est considérée comme le processus par lequel des unités économiques croissent en acquérant la propriété (ou le contrôle) de capacités de production existantes et déjà en fonctionnement.15 TARON P. et VINCENT F. la définissent comme une forme de développement intra ou extra-sectoriel prenant la forme d’acquisition d’actifs préalablement existants et opérationnels.16

Elle concerne l’acquisition d’un ou plusieurs ensembles déjà existants et en fonctionnement (VANESSON P. 1990). Pour LABOURDETTE. A., la croissance externe se réalise par l’acquisition d’actifs existants et n’a dans l’immédiat aucun effet sur les capacités de production des secteurs,17 etc. Dans ces définitions, les notions de capacités de production déjà fonctionnelles, d’acquisition d’actifs existants opérationnels et en fonctionnement, sont plus ou moins ambiguës et peuvent être attribuées à d’autres types de croissance. Pour souligner cette ambiguïté, prenons les exemples d’acquisition d’une chaîne de production déjà en fonctionnement participant en partie au processus de production, ou l’acquisition d’un matériel quelconque d’occasion, etc. Certes, ils sont considérés comme des actifs existants opérationnels et en fonctionnement, mais ils ont besoin, par contre, d’être combinés à d’autres actifs pour pouvoir produire un bien ou un service. Ce type d’acquisition s’inscrit dans la politique de la croissance interne ; il y a donc bien ambiguïté sur cette manière de définir la croissance externe.

PATUREL R., (parmi les auteurs s’intéressant le plus au phénomène de la croissance externe), dans son article « Délimitation des concepts de croissance interne et croissance externe », confronte plusieurs définitions. Et à travers les incohérences qu’il a soulevées, il a proposé une définition améliorée : « la croissance externe correspond à toutes les acquisitions ou formes de contrôle d’ensemble de moyens de production déjà combinés ».18 Dans un article plus récent, il a proposé une définition mieux formulée, en considérant la croissance externe comme « étant une stratégie de croissance d’entités économiques par acquisition ou prises de contrôle d’ensemble de moyens de production déjà combinés et, donc, déjà en fonctionnement.

La croissance externe porte sur une capacité de production réalisant immédiatement (sans intervention) des biens et services, ce qui signifie que les éléments acquis ou contrôlés sont obligatoirement d’occasion »19. L’auteur a beaucoup contribué à la définition du concept de la croissance externe et permis d’éviter certaines confusions avec la croissance interne. La notion de « combinaison » est primordiale pour l’auteur afin de définir et distinguer ces deux modalités de croissance. La notion de combinaison est plus facilement associée à des moyens matériels (des objets). Au cas où l’acquisition concerne une entité dont les moyens de production sont exclusivement composés des ressources humaines (entreprises de conseils), la notion de combinaison est mal adaptée pour définir la croissance externe. La notion de croissance externe chez les anglo-saxons correspond à l’appellation : « external growth ». WESTON J. F., souligne que la croissance externe se réfère à l’achat des actifs, à la consolidation par fusion par bail, au moyen de prise de participation20. Mais dernièrement, dans les travaux consacrés à cette modalité de croissance, les termes fréquemment utilisés sont : « mergers » ou « mergers and acquisitions », « consolidation » et « takovers », rarement external growth.

Ce sont donc des notions qui relèvent plus des formes juridiques de la croissance externe que nous allons exposer ultérieurement. Cette forme conduit très souvent à la confusion et dans certains cas l’opération est loin de correspondre à la croissance externe (surtout lorsqu’on utilise le terme fusion). de croissance externe verticale La politique de croissance externe verticale consiste, pour une entreprise, à internaliser sous forme d’acquisition totale (fusions) ou partielle (prise de contrôle à travers prise de participation), un ensemble ou sous-ensemble de ressources (activités) déjà organisées d’une entité pouvant produire un bien ou un service immédiatement. L’acquéreur et la cible ont jusqu’à présent une relation potentielle ou effective de type clients-fournisseurs. La relation effective peut prendre deux formes : la première est une relation d’échanges assurée par le marché (les entreprises sont complètement indépendantes et n’ont aucun engagement contractuel).

La deuxième suppose les entreprises liées par une relation contractuelle du type partenariat d’impartition. La relation potentielle signifie que, même si les produits des deux entreprises sont considérés comme facteurs de production ou marché final de l’une pour l’autre, il n’existe aucun lien formel entre elles. Si les produits de la cible sont considérés comme facteurs de production pour l’acquéreur, l’opération de croissance externe verticale est de type amont (la cible fournit de la matière première ou des produits considérés comme composants). Alors que si la cible consiste à vendre les produits de l’acquéreur, l’opération de croissance externe verticale est de type aval. La notion d’intégration verticale se pose en termes de degré d’internalisation des activités situées entre la première opération de production (extraction de la matière première) et l’opération finale (distribution du produit fini). A la base, toute entreprise est plus ou moins intégrée verticalement. De ce fait, l’intégration verticale peut prendre plusieurs formes selon les positions de l’acquéreur et de la cible dans le processus de transformation allant du début de la chaîne (première opération : extraction de la matière première) jusqu’à la dernière opération (commercialisation).

Table des matières

REMERCIEMENTS
LISTE DES ACRONYMES
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I REVUE DE LA LITTÉRATURE
Chapitre I Théorie sur la croissance externe
Section 1 La croissance de l’entreprise
1.1 Définition de la croissance
1.2 Pourquoi croissance ?
Section 2 Modalité de la croissance de l’entreprise
2.1 Croissance interne
2.2 Croissance conjointe
2.3 Croissance externe
Section 3 Concept de croissance externe
3.1 Quelques définitions déjà utilisés
3.2 Définition proposée
Section 4 Politique et condition de réussite de croissance externe
4.1 Les politiques de croissance externe
4.2 Les conditions de réussite de la croissance externe
Chapitre II Théorie sur la création de valeur
Section 1 Notion et définition de la création de valeur
Section 2 Concept de la création de valeur
Section 3 Stratégie de la création de valeur
Section 4 Les mécanismes et la mesure de création de valeur
4.1 Les indicateurs de nature économique
4.2 Les indicateurs de nature comptable
4.3 Les indicateurs de nature boursières
Chapitre III Théorie sur l’entreprise familiale
Section 1 La perception de l’entreprise familiale
1.1 Difficulté sémantique
1.2 Difficulté de champ ou de délimitation
Section 2 Définition et importance de l’entreprise familiale
2.1 Définition de l’entreprise familiale
2.2 Importance de l’entreprise familiale
Section 3 Spécificité et particularité des entreprises familiales
3.1 Les analyses en termes de performance
Section 4 Limite des entreprises familiales
4.1 Limite en vers la famille
4.2 Limite en vers le jeune
PARTIE II ETUDE EMPIRIQUE DE RELATION ENTRE CROISSANCE EXTERNE ET CREATION DEVALEUR, UNE HISTOIRE DE FAMILLE ?
Chapitre I Méthode de recherche
Section 1 Recherche empirique
1.1 Terrain d’étude et échantillon
1.2 Les instruments corrects des données
1.3 Formulations des questionnaires
1.4 Caractérisation des variables d’analyse retenues
Section 2 Comparaison de profil des entreprises enquêtées
2.1 Caractéristique des entreprises
2.2 La perception des dirigeants sur la croissance externe et la création de valeur
Chapitre II Proposition hypothèses générale de la recherche
Section 1 La création de valeur constatée dépend pour une large part du dirigeant
1.1 Profil des PER
1.2 Analyse selon la taille de la cible
Section 2 Profil du dirigeant, variable des voies de développement
2.1 Le niveau de formation du dirigeant de l’entreprise familiale influence le choix entre les voies de développement
2.2 Un dirigeant d’entreprise familiale ayant des expériences antérieures pencherait vers la diversification
2.3 Plus les dirigeants perçoivent les freins pour le développement comme importants, plus l’entrepris familiale se développe par la spécialisation
2.4 Les motivations personnelles du dirigeant de l’entreprise familiale influencent le choix des stratégies de développement
2.5 Le style de direction du dirigeant influence le choix de la voie de développement stratégique de l’entreprise familiale
Chapitre III Analyse statistique des résultats
Section 1 Phase de préparation aux traitements des données
1.1 Les outils statistiques des mesures
1.2 Apurement des échelles de mesure
Section 2 Opérationnalisation des variables de mesure
2.1 Mesure de dimension des variables
2.2 Description des actions de développement
2.3 Relation entre trois variables
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE et WEBOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES

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