MODE DE TRANSMISSION
Les actes de la vie quotidienne ne représentent aucun risque de transmission du VIH. Si le VIH a été isolé dans la plupart des liquides sécrétés par l’homme, seuls le sang, les produits sanguins, le sperme et les sécrétions cervico-vaginales ont été incriminés dans la transmission des VIH. Le mode de transmission majeur est la voie sexuelle.
Transmission sexuelle
Si au début de l’épidémie la plupart des cas de SIDA recensés étaient des homosexuels, en Afrique, aux Caraïbes et dans de nombreux pays en voie de développement, la transmission hétérosexuelle représente le mode de contamination dominant. Cela est du à des facteurs socio-économiques tels que la pauvreté et l’augmentation sans cesse croissante de la prostitution. Elle s’effectue par l’intermédiaire des muqueuses buccales, vaginales ou rectales lorsqu’elles rentrent en contact avec des sécrétions sexuelles ou du sang contenant du virus. Lors d’une pénétration vaginale, le risque de transmission est supérieur d’un homme séropositif vers une femme séronégative à celui qui existe d’une femme séropositive vers un homme séronégatif surtout lorsque la femme est en règle. La pénétration anale multiplie ce risque par trois. La contagiosité d’un porteur du VIH est variable dans le temps, car la quantité de virus présente dans les sécrétions sexuelles est fonction de l’état, latent ou non de ce dernier. Cela explique qu’un porteur du virus puisse contaminer plusieurs personnes dans un laps de temps, par contre d’autres porteurs ne contaminent pas leur partenaire, malgré une vie sexuelle sans protection pendant des mois, des années. C’est ce qui explique la contagiosité du VIH-1 par rapport au VIH-2.
Transmission sanguine
C’est la voie la plus directe de transmission, et comporte deux modes distincts. y La transmission par des objets souillés (aiguilles, lames, seringues, couteaux). Le partage de seringues entre les toxicomanes est l’un des facteurs essentiels de l’extension de l’épidémie du VIH dans plusieurs région du monde : Russie et Europe orientale, Inde et Indonésie, Chine, Etats-Unis, Proche et Moyen Orient. Ce mode concerne essentiellement les consommateurs de drogues injectables par voie intraveineuse. Il représente aux Etats-Unis la deuxième voie de contamination après celle des relations sexuelles entre homosexuels . Au 1er février 1988 ; 17% des 50 000 cas signalés par le CDC d’Atlanta étaient représentés par des hétérosexuels utilisateurs de drogues [106], 8% étaient des homosexuels toxicomanes. Ce mode de transmission est également incriminé en Afrique par l’utilisation de seringues, d’aiguilles ou de lames usagées [84] lors de scarifications, de circoncisions et d’excisions. Bien que rares, les contaminations professionnelles (infirmiers, médecins, biologistes, etc.) par inoculation accidentelle de sang contaminé par le VIH, les piqûres accidentelles avec des aiguilles contaminées par le sang frais existent également. y La transmission par transfusion sanguine : Les premiers cas de SIDA furent décrits en 1982 aux Etats-Unis chez les hémophiles après les homosexuels. L’instauration du dépistage systématique des dons de sang a considérablement réduit le risque de transmission. Néanmoins il subsiste une » fenêtre » chez des donneurs prélevés dans les semaines ou les mois suivant une contamination qui peuvent ne pas avoir encore développé d’anticorps anti-VIH détectables.
Transmission verticale
La transmission du virus de la mère à l’enfant peut survenir à différentes étapes de la grossesse. • In utero : dans les semaines précédant l’accouchement dans un tiers des cas ; • Intra partum : au moment de l’accouchement dans deux tiers des cas. • Par l’allaitement : la période d’allaitement présente un risque d’infection pour l’enfant estimé entre 5 et 7 % [102].Le taux de transmission materno-fœtale du VIH-1, en l’absence de traitements ARV est de 18 à 25 % et ce quelque soit le mode de contamination de la mère ou son origine géographique ; contrairement au VIH-2 où le risque de transmission de la mère à l’enfant serait de l’ordre de 1%.
AUTRES MODES DE TRANSMISSION
Même s’il a été retrouvé dans la salive, les urines, les larmes, le liquide céphalo-rachidien et le liquide broncho-alvéolaire ; la transmission du VIH n’est cependant pas automatique à cause de la faible concentration de virus présent dans ces liquides et de la présence éventuelle de composants inactivant les virus. Pour ces liquides, le risque de transmission est théorique et les cas anecdotiques publiés ne permettent pas d’écarter la possibilité de souillure du liquide concerné par le sang. La possibilité de transmission par les insectes hématophages a été écartée.
- ORGANISATION GENOMIQUE ET PROTEINES VIRALES
L’ARN viral est condensé en cylindre avec deux protéines associées et une enzyme importante appelée « ADN polymérase ARN dépendante » ou transcriptase inverse. Le noyau viral est entouré d’une coquille de forme conique appelée p24, qui est la protéine centrale majeure et est identique pour le VIH-1 et VIH-2. Cet ensemble constitue la capside qui est recouverte par deux enveloppes : la coquille protéique ou p17 et la bicouche lipidique traversée par des protéines membranaires (gp 41 attachées à la matrice p17 et aux gp120) qui font saillie à la surface de la particule virale. Ce sont ces saillies et ces protéines d’enveloppe qui différencient le VIH-1 et VIH-2. Les protéines correspondantes du VIH-2 sont les gp110/130 et gp36. Comme tous les rétrovirus, les VIH-1 et VIH-2 sont produits par bourgeonnement à la surface des cellules infectées. Mais la morphologie de la particule mature est unique .
MATERIEL GENETIQUE DES VIH
Les VIH présentent la structure classique des génomes des rétrovirus.
► Les gènes de structure. Gène gag ou gène de l’antigène de groupe ; il code pour les protéines de la nucléocapside ou core viral ; Gène pol. ou polymérase code pour la transcriptase inverse, la protéase et l’endonucléase ; Gène env. ou gène de l’enveloppe, code pour les protéines d’enveloppe.
► Les gènes régulateurs qui se situent entre env. et pol. : tat, rev, vif, vpu, et nef.
► La séquence LTR (Long Terminal Repeat) ou longue répétition terminale, possède des régions non codantes ; contient les éléments promoteurs qui contrôlent l’intensité de l’expression des gènes du virus et l’intégration aux gènes de la cellule hôte.
GENOME VIRAL
Il est constitué d’au moins 3 gènes : « gag » code pour la nucléocapside « pol » pour la transcriptase reverse « env » pour les protéines du virion. A chaque extrémité de l’ADN proviral il existe une même séquence de gènes qui permet l’intégration au génome de l’hôte appelé le LTR. A la suite d’« env » on retrouve au moins 6 gènes viraux supplémentaires qui sont « tat »« rev » « vif » « vpr » « vpu » et « nef ». Ils interviennent dans la régulation de l’expression des protéines virales et par là même la multiplication du virus. Il semble même modifier l’expression de certains gènes cellulaires entraînant leurs altérations d’où la destruction du système immunitaire hôte. L‘organisation génétique de VIH1, VIH2 et SIV (Simian Immunodeficiency Virus) est similaire. Mais chez le VIH1 et SIV le gène « vpu » est remplacé par « vpx ». Sur la base des distances génétiques on a fait une classification du VIH1 en deux groupes M et O. Le groupe M majoritaire regroupe jusqu’à 10 sous types de A à J. Le groupe O a été identifié au Cameroun et au Gabon M La classification du VIH –2 est en 5 sous types : A à E. A partir de chaque gène « gag » « pol » et « env » dérivent des précurseurs polyprotéiques synthétisés dans les cellules infectées et ils seront clivés en protéines par des enzymes. Ainsi chez le VIH1 les protéines données par le « gag » sont : p25, p18 et p13. Le « pol » donne les protéines p51 -p28 (la transcriptase inverse), P34 (l’endonucléase ou l’intégrase), p12 (l’aspartyl protéase). Le gène «env» donne les glycoprotéines, externe (gp110/120) et transmembranaire (gp41). Quant au VIH2 ses protéines internes sont légèrement modifiées en poids : p26, p16, p12 aussi la protéine externe est la gp105 et la transmembranaire est gp36.