Relaxation
La relaxation a été définie comme étant une «détente volontaire du tonus musculaire s’accompagnant d’une sensation de repos» (Sillamy, 2010, p. 237). C’est une méthode dont le but est d’obtenir une détente physique et mentale afin de calmer les tensions internes et de soutenir l’équilibre mental de la personne. Plusieurs méthodes de relaxation sont présentées dans la littérature et leur efficacité sur le bien-être physique ou psychologique a été démontrée par de multiples chercheurs (Jacobson, 1938; Kanji & Ernst, 2000; Lark, 2003).
• Relaxation et attention. La relaxation s’avère efficace auprès d’enfants ayant des troubles psychosomatiques, des migraines, des troubles psychotiques, des troubles psychomoteurs, des angoisses, des phobies et de l’asthme (Bergès-Bounes & LaurasPetit, 2006; Chiang, Maa, Huang, Tseng, & Hsueh, 2009). Selon Chevalier et Simard (2006), la relaxation est également bénéfique pour améliorer l’attention sélective et la capacité d’inhibition et pour réduire les symptômes d’inattention et d’hyperactivité chez des enfants d’âge préscolaire. Harrison, Manocha et Rubia (2004) sont parvenus à des conclusions similaires dans leur recherche ayant pour but d’évaluer un programme de méditation de Sahaja yoga pratiquée deux fois par semaine pendant 90 minutes par des enfants présentant un TDNH et les membres de leur famille. Ces enfants (N = 48) étaient majoritairement des garçons (G = 41, F = 7) âgés de 4 à 12 ans. Trente et un (31) d’entre eux ont poursuivi leur médication pendant les six semaines d’expérimentation. Plusieurs instruments de mesure ont servi à la collecte des données:
1) questionnaire de Conners (1997) pour les parents et l’enseignant;
2) questionnaire qui évalue si les parents ont perçu que la méditation avait été bénéfique pour eux-mêmes et pour leur enfant et si elle avait changé la relation qu’ils avaient avec lui;
3) questionnaire sur des indicateurs d’estime de soi (Bumett, 1998);
4) questionnaire abrégé d’auto évaluation et d’autodescription (Bumett, 1994);
5) échelle de vocabulaire en images Peabody (3e éd.) (Dunn & Dunn, 1997);
6) échelle de la relation parent-enfant; et
7) entrevue avec les parents et les entànts pour connaitre leur appréciation du programme.
Les résultats de cette étude ont principalement démontré une diminution significative, à la suite du programme, de l’inattention, de l’hyperactivité et de l’impulsivité. Dans leur environnement scolaire, les enfants semblaient davantage en mesure de se concentrer. Les résultats révèlent également une diminution de leur niveau d’anxiété, une amélioration de leur sommeil, une augmentation de leur confiance en eux et de leurs habiletés sociales. Les chercheurs notent aussi une réduction des conflits familiaux et avec les pairs. À l’inverse, les résultats de Brouillette (2008) ne permettent pas de démontrer que la participation à un programme de yoga améliore les fonctions cognitives (attention soutenue, attention sélective et capacités d’inhibition) et les comportements d’hyperactivité d’enfants au préscolaire. Plus précisément, le programme énergétique de yoga a été conçu spécifiquement pour s’adresser à des enfants âgés de 5 à 7 ans. Un groupe de 19 enfants âgés de 5 à 6 ans a bénéficié de 4 séances de yoga de 30 minutes par semaine, et ce, pendant 12 semaines. Un autre groupe de 19 élèves en attente de l’intervention a constitué le groupe contrôle. Les deux groupes ont été évalués en prétest et en posttest dans différentes tâches d’attention sélective et d’attention soutenue alors que deux questionnaires, complétés par les professeurs, ont permis d’évaluer les comportements d’inattention et d’hyperactivité des élèves. Bien qu’il n’y ait pas eu de différences significatives en ce qui concerne ces variables entre les élèves du groupe expérimental et ceux du groupe témoin, l’auteure a souligné que les comportements d’inattention des élèves ayant participé au programme n’ont pas augmenté; ce qui fut le cas de ceux du groupe contrôle (Brouillette, 2008).
• Relaxation et comportements agressifs. Les études portant sur l’impact de la relaxation ont également mis en évidence que la relaxation permet aux étudiants de mieux gérer leur stress en contexte d’évaluation scolaire (Laidlaw et al., 2003), qu’elle suscite un meilleur déclin de l’anxiété à la suite d’un événement stressant (Rausch, Gramling, & Auerbach, 2006) et qu’ elle contribue à la gestion de la colère (Bornmann, Mitelman, & Beer, 2007; Deffenbacher, Lynch, Oetting, & Kemper, 1996; Gaines & Barry, 2008). Quant à elle, l’étude dirigée par Lapota (2003) a tenté de répondre à la question suivante: est-ce que les élèves ayant des désordres émotionnels et comportementaux, ayant participé aux séances de relaxation musculaire progressive, vont démontrer un niveau d’agressivité semblable à celui d’écoliers ayant les mêmes problématiques, mais n’ayant pas participé aux séances? Cette étude a été menée avec un échantillon de 24 élèves, âgés de 6 à 9 ans, incluant 2 filles. Le niveau d’agressivité des enfants a été mesuré par les enseignants à l’aide de deux procédures: le dénombrement des incidents agressifs (fréquence) et la cotation des enfants sur l’échelle de l’agression dans la liste de comportements du Teacher Report Form (TRF) (Achenbach & Rescorla, 2000). Les mesures ont été prises avant et après les quatre semaines de séances (40 minutes par jour, cinq jours par semaine) et trois semaines après la fin des séances. L’analyse des résultats a démontré que la relaxation musculaire progressive a entrainé une diminution à court terme des comportements agressifs. Toutefois, la taille réduite de l’échantillon rend difficile la généralisation de ces résultats.
Pleine conscience et comportements agressifs.
Les interventions basées sur la pleine conscience ont également été étudiées en lien avec les comportements agressifs (pour une revue, voir Fix & Fix, 2013). Toutefois, les recherches mettant en relation ces deux variables sont plus nombreuses chez les adolescents et les adultes (Heppner et al., 2008) que chez les jeunes enfants. Néanmoins, le travail de quelques chercheurs attire l’attention. Entre autres, Borders, Earleywine et Jajodia (2010) ont observé que la pleine conSCIence était associée à une diminution des ruminations mentales (variable médiatrice) et donc à une réduction des comportements d’agressivité verbale et non verbale chez des étudiants (moyenne d’âge = 19,7 ans). Ces résultats diffèrent de ceux obtenus par Wongtongkam, Ward, Day et Winefield (2014). À la suite de leur participation à une intervention basée sur la pleine conscience, des étudiants thaïlandais âgés en moyenne de 17,56 ans (N = 40) n’ont pas rapporté une diminution significative de leur agressivité comparativement au groupe contrôle (N = 56). Cependant, les données qualitatives de cette étude, tirées d’entrevues semi-structurées auprès des participants du groupe expérimental, ont été révélatrices: plusieurs ont rapporté avoir de meilleures compétences d’autorégulation, une meilleure conscience de soi et être plus en mesure de penser aux conséquences de leur comportement.
Les étudiants interviewés ont attribué ces changements à leur participation au programme étalé sur trois semaines consécutives, de 9 h à 17 h, du lundi au vendredi, incluant diverses activités (respiration et marche en pleine conscience, lectures portant sur les comportements à adopter auprès de leurs parents, leurs professeurs, leurs amis et des personnes âgées, et discussions portant sur les conséquences d’agir de manière antisociale). Singh et ses collaborateurs (2007) ont utilisé un protocole à cas unique à plusieurs niveaux de base pour déterminer si la participation de trois adolescents (deux garçons de 13 et 14 ans et une fille de 13 ans) à une intervention basée sur la pleine conscience pourrait diminuer leurs comportements agressifs, considérant qu’ils étaient à risque d’être expulsés de leur école à la suite de ces comportements. Pendant quatre semaines, trois fois par semaine, chaque participant s’adonnait (individuellement) durant 15 minutes à la technique de pleine conscience appelée l’vfeditation on the SoLes of the Feet (Singh, Wahler, Adkins, & Myers, 2003) en compagnie de la thérapeute. Par la suite, pendant 25 semaines consécutives, les étudiants ont continué à pratiquer la technique de méditation en plus d’avoir de brèves rencontres individuelles, une fois par mois, avec la thérapeute. En ce qui concerne les trois adolescents, les résultats ont révélé une légère diminution de leurs comportements agressifs pendant les quatre premières semaines, puis cette diminution est devenue significative pendant les 25 semaines de pratique.
Bien que leurs comportements agressifs n’aient pas été complètement éliminés, ils sont demeurés à un niveau acceptable pour leur établissement scolaire, et ce, jusqu’à l’obtention de leur diplôme (plus d’un an plus tard). Une récente étude menée par Franco, Amutio, L6pez-Gonzâlez, Oriol et Martinez-Taboada (2016) auprès d’adolescents a dévoilé des résultats tout aussi prometteurs. Un essai contrôlé randomisé avec des mesures pré/posttest a été appliqué à un groupe expérimental et à un groupe contrôle (liste d’attente). Les élèves du groupe expérimental ont pratiqué la Meditacion Fluir (technique de pleine conscience) durant 10 semaines consécutives à raison de 15 minutes par jour. Une échelle (Barratt Impulsivity Scale [BIS-Il]; Patton, Stanford, & Barrat, 1995) et un questionnaire (Aggression Questionnaire; Buss & Perry, 1992) ont été utilisés. Les analyses statistiques ont montré une diminution significative des niveaux d’impulsivité et d’agressivité dans le groupe expérimental par rapport au groupe témoin. La majorité des études mentionnées précédemment appuient l’utilisation des interventions basées sur la pleine conSCIence afin de diminuer les comportements agressifs chez les jeunes. Cependant, les recherches qui évaluent l’impact de ce type d’intervention sur les comportements agressifs sont insuffisantes (Wongtongkam et al., 2014), et ce, d’autant plus chez les jeunes enfants.
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