La santé mentale est reconnue comme étant d’une importance majeure au sein de la santé publique. Elle fait partie intégrante du bien-être et de la santé globale des individus (Organisation Mondiale de la santé (OMS), 2005). La santé mentale ne signifie pas seulement l’absence de trouble mental. Selon l’OMS (2005), elle se traduit comme: « un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté.» (p. 2). Dans une même optique, l’Agence de la santé publique du Canada (2006) a adopté la définition suivante :
La santé mentale est la capacité qu’a chacun d’entre nous de ressentir, de penser et d’agir de manière à améliorer notre aptitude à jouir de la vie et à relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Il s’agit d’un sentiment positif de bien-être émotionnel et spirituel qui respecte l’importance de la culture, de l’équité, de la justice sociale, des interactions et de la dignité personnelle. (p. 2)
Des facteurs d’ordre social, psychologique et biologique déterminent le niveau de santé mentale d’une personne (OMS, 2014). Ainsi, la santé mentale est propre à chaque personne et peut varier à tout moment en fonction de ses expériences personnelles, de ses antécédents de santé, des évènements sociaux auxquelles elle est confrontée et de la façon dont elle s’adapte aux différents changements que lui impose la vie.
Troubles mentaux
Le terme trouble est souvent utilisé à la place du terme maladie mentale, car le processus de la maladie qui sous-tend le trouble demeure incertain (Andrews, Brugha, Thase, Duffy, Rucci, & Slade, 2007). Selon l’American Psychiatric Association (APA) (2013), le trouble mental est défini comme suit : Syndrome caractérisé par une perturbation cliniquement significative de la cognition d’un individu, de sa régulation émotionnelle ou de son comportement, et qui reflète l’existence d’un dysfonctionnement dans les processus psychologiques, biologiques ou développementaux sous-tendant le fonctionnement mental. Les troubles mentaux sont le plus souvent associés à une détresse ou une altération importante des activités sociales, professionnelles ou des autres domaines importants du fonctionnement […] (p.22).
Seulement un médecin qui détient les compétences et l’expérience nécessaires est en mesure de poser un diagnostic de trouble mental. Actuellement, deux systèmes de classification des troubles mentaux sont utilisés en recherche et en pratique clinique : le système de classification internationale des maladies (CIM) de l’OMS et le Diagnostic and Statistical Manuals of Mental disorders (DSM-V) conçu par l’APA. La CIM représente une norme internationale permettant de retrouver des données épidémiologiques des différentes maladies alors que le DSM est un manuel qui contient les critères diagnostiques de chaque trouble mental.
Parmi ces troubles mentaux, les troubles anxieux et dépressifs sont les plus courants chez la clientèle qui consulte en SPL (Ansseau et al., 2004). Au Québec, plus du tiers des personnes qui consultent un médecin généraliste ont des symptômes anxieux ou dépressifs (Fournier et al., 2011). Par ailleurs, les TMC peuvent engendrer de lourdes conséquences chez une personne et sa famille. Par exemple, les personnes avec un TMC sont plus à risque de commettre un acte de suicide (Combs & Markman, 2014). De plus, leur qualité de vie est diminuée comparativement aux personnes n’ayant aucun TMC (Andriopoulos, LottiLykousa, Pappa, Papadopoulos, & Niakas, 2013; Barrera & Norton, 2009; Norberg, Diefenbach, & Tolin, 2008; Olatunji, Cisler, & Tolin, 2007) .
Troubles anxieux. Dans la population en général, le taux de prévalence à vie des troubles anxieux s’élève à environ 16,6 % (Somers, Goldner, Waraich, & Hsu, 2006). En SPL, 19,5 % de la clientèle aurait au moins un diagnostic de trouble anxieux (Kroenke et al., 2007). Les troubles anxieux sont caractérisés par une perturbation des comportements d’un individu reliée à une peur et à une anxiété excessive (APA, 2013). Plusieurs types de troubles anxieux sont répertoriés dans le DSM-V; cependant les plus fréquents en SPL seraient : le trouble d’anxiété sociale, le trouble d’anxiété généralisée ainsi que le trouble panique (Kroenke et al., 2007).
Troubles dépressifs. Au Canada, 14 % des personnes en SPL ont un diagnostic de dépression (Wong et al., 2014). En 2020, la dépression devrait représenter 5,7 % de la charge totale de la morbidité dans le monde (OMS, 2001). Divers troubles dépressifs sont répertoriés dans le DSM-V et sont différenciés en fonction de leur durée, de leur apparition et de leur étiologie. Les caractéristiques communes de ces troubles sont le sentiment de tristesse et de vide ainsi qu’une humeur irritable (APA, 2013). Ces caractéristiques sont accompagnées par des changements au niveau physique (p. ex. : perte d’énergie, insomnie ou hypersomnie) et cognitif (p. ex. : humeur dépressive, diminution de la concentration) affectant de façon importante les capacités fonctionnelles de l’individu (APA, 2013).
Relation entre les TMC et les MC physiques
L’existence d’une concomitance entre les MC physiques et les TMC a été rapportée dans la littérature (Katon, Lin, & Kroenke, 2007; Roy-Byrne et al., 2008). L’étiologie de cette relation, c’est-à-dire les causes et les facteurs qui provoquent soit la MC physique ou le TMC, demeure incertaine et plusieurs hypothèses ont été émises (Roy-Byrne et al., 2008). Par contre, un consensus quant à la direction de cette relation semble avoir été établi.
Celle-ci serait bidirectionnelle, c’est-à-dire qu’autant le TMC peut engendrer une MC physique que la MC physique peut provoquer des symptômes dépressifs ou anxieux (Gunn et al., 2012; Dowrick, 2006). La prochaine section présentera un bref aperçu des évidences qui existent sur la relation entre certaines MC physiques et les TMC.
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