Revue de la littérature sur la logistique inverse
Activités de la logistique inverse
L’objectif d’un programme de la logistique inverse est de redonner une nouvelle vie aux produits usagés. Un système de logistique inverse comprend une série d’ activités qui forment un processus continu pour traiter les sous-produits de retour jusqu’à ce qu’ils soient bien récupérés ou éliminés. Les principales activités constituant la logistique inverse sont (Fleischmann et al. , 2001 ; Guide et Van Wassenhove, 2000): l’acquisition/collecte, l’évaluation/tri, la disposition, l’élimination et la redistribution.
Acquisition
L’ acquisition est la première étape et la barrière d’entrée dans la logistique inverse (RL). Deux stratégies d’acquisition peuvent être distinguées (Guide et Van Wassenhove, 2000) : la collecte de déchets (waste stream) et la collecte axée sur le marché (marketdriven system). La première stratégie représente une acceptation passive des produits en fin de vie pour répondre aux exigences de la législation. Dans ce cas, le degré d’incertitude associée aux flux est plus élevé et la planification et le contrôle des processus de la logistique inverse sont très compliqués. La deuxième stratégie représente une acquisition pro active basée sur l’établissement des relations avec les consommateurs.
Dans l’industrie de récupération et de recyclage, différents types de relation entre les fabricants d’origine et leurs clients permettent de maîtriser l’acquisition des produits utilisés. Dans cette perspective, Ostlin, Sundin et Bj6rkman (2008) identifient sept types de relation permettant l’acquisition des produits auprès des consommateurs.
– Location/leasing. Le fabricant reste propriétaire du produit, le client achète un service sous forme de contrat de location ou de leasing. Thierry et al. (1995) soulignent que les retours de location sont plus prédictibles que les autres types grâce à l’information disponible pour l’entreprise.
– Contrat de service. Ce type de relation est similaire à celui de location sauf que le client devient propriétaire du produit. Il se fait à travers la signature, avec le client, d’un contrat de réparation, de maintenance et de remise à neuf.
– Demande directe. Le client envoie le produit à « l’entreprise de remise à neuf» en payant les frais de service. En contrepartie, il reçoit le même produit remis à neuf (p. ex., cartouches d’encre).
– Échange standard. Pratique courante dans l’industrie automobile. Quand le client achète un moteur remis à neuf, il est obligé de retourner l’ ancien.
– Crédit à l’achat. Quand le client retourne son produit usagé, il reçoit un crédit à utiliser pour l’achat d’un produit remis à neuf.
– Rachat. Le fabricant rachète le produit auprès de son client selon la qualité estimée du produit.
– Dépôt volontaire. Le client donne volontairement le produit au refabricant. Ce cas est rare lorsque le produit possède encore de la valeur.
À cette étape, une première inspection technique préliminaire de la qualité des retours pourra avoir lieu afin de déterminer le montant à rembourser ou à créditer au client.
Collecte
C’est une démarche visant à détourner les produits utilisés et à les diriger vers un centre d’évaluation/tri. Elle comprend des opérations de transport et de stockage. Les méthodes de collecte sont variées. Kumar et Putnam (2008) identifient trois méthodes de collecte pour le fabriquant d’origine: la récupération directe du produit chez le client, la collecte par les détaillants et la collecte par une entreprise prestataire. Encore, le client peut ramener le produit à retourner à un centre de collecte autorisé.
Évaluation/tri
Ce processus est très critique car la sélection des options de traitement (disposition) des produits aura un impact direct sur la rentabilité de tout le système de logistique inverse. Puisque les activités de traitement retenues vont déterminer la viabilité et la structure du réseau, il est nécessaire d’accorder plus d’ attention à ce processus (Chouinard, 2007). Les produits sont identifiés et leur condition est évaluée afin d’estimer leur valeur résiduelle et la possibilité de leur traitement. C’est toutefois une tâche complexe étant donné que l’état du produit retourné n’est pas connu et nécessite une inspection ainsi que la multitude des facteurs à considérer (Thierry et al. , 1995; Ziout, Azab et Atwan, 2014).
En s’inspirant de Krikke, Van Harten et Schuur (1998) et de Thierry et al. (1995), Chouinard (2003) recense les différents éléments à prendre en compte lors du choix du mode de traitement.
– La faisabilité technique:
• caractéristiques du produit récupéré: spécificités techniques, raison du retour, état, loi de dégradation;
• procédures de désassemblage;
• ressources disponibles: équipements, main-d’ œuvre, etc.
– La faisabilité commerciale:
• débouchés au niveau de la boucle d’approvisionnement (boucle ouverte ou fermée);
• politique de l’organisation;
• impact de la réintégration des produits sur le marché.
– La faisabilité environnementale:
• respect des contraintes législatives;
• disposition propre des produits et de leurs composants.
– Les conditions du réseau logistique:
• quantité de produits retournés;
• demande pour les produits, les composants ou les matériaux valorisés;
• niveau des stocks;
• capacité des sites;
• les coûts et les bénéfices économiques et environnementaux.
CHAPITRE 1 – Introduction |