Les glandes salivaires accessoires (GSA) sont des glandes exocrines, de petite taille, très nombreuses, dispersées dans la muqueuse buccale au niveau des joues, des lèvres, de la langue et du palais[1]. Les tumeurs des GSA touchent plus souvent les adultes et représentent 5 à 10 % de l’ensemble des tumeurs des glandes salivaires[2]. Il existe sur ce sujet peu d’études cliniques comportant des séries importantes[2], et les publications rapportent souvent des cas cliniques isolés. Ces tumeurs peuvent se présenter sous différentes formes anatomopathologiques, la classification OMS 2005 distingue au sein des tumeurs primitives des glandes salivaires,12 sous-types de tumeurs bénignes dont plusieurs types d’adénomes[3], et 24 sous-types de carcinomes[4]. Les présentations cliniques sont variées selon le type de tumeur[2]. L’objectif de notre travail est d’exposer notre expérience à propos de 15 cas de tumeurs des GSA colligés au service d’O.R.L de l’hôpital militaire Avicenne (HMA) de Marrakech, en essayant de discuter les différents aspects épidémiologiques, cliniques, et para cliniques de ces tumeurs, nous tenterons également d’effectuer une synthèse des différentes attitudes adoptées en matière de prise en charge thérapeutique.
Les tumeurs des glandes salivaires sont rares, l’incidence annuelle est de 1/100 000 personnes, et représente 3 à 5 % des tumeurs de la tête et du cou [5, 6] Une étude rétrospective, descriptive et analytique menée sur 10 ans dans les services d’ORL et d’Anatomie Pathologique du CHU de Lomé au Togo[7] a rapporté les résultats suivants :
• Les tumeurs des glandes salivaires ont représenté 17,19 % des tumeurs ORL.
• Les tumeurs des glandes salivaires accessoires ont représenté 26,84 % des tumeurs des glandes salivaires.
L’étude libyenne de Jaber [8] a rapportée que les tumeurs des GSA représentent 2 à 3 % de toutes les tumeurs de la tête et du cou, et moins de 20 % de toutes les tumeurs des glandes salivaires. Dans notre série, l’incidence des tumeurs des GSA a été estimée à presque 3 nouveaux cas par ans durant les six ans de l’étude.
Certains auteurs ont observé une prédominance féminine. Les femmes étaient concernées dans :
– 62 % des cas dans l’étude de Pires
– 59 % des cas dans celle de Jaber
– 66 % des cas dans celle de Toida
Dans notre série on a noté une prédominance féminine.le sexe ratio M/F a été de ‘’0.6’’.
L’âge d’apparition des tumeurs des glandes salivaires selon les données issues de la littérature est compris entre 30 et 70 ans, le pic de fréquence observé se situe entre 50 et 60 ans .
Pires (2007) a observé que la moyenne d’âge des patients affectés était un peu plus élevée dans les tumeurs malignes que dans les bénignes : 62 ans contre 58 ans [9] Pour l’ensemble de nos 15 malades, la moyenne d’âge a été de ‘’51 ans’’ avec un pic de fréquence à la ‘’5ème décade’’, un seul cas pédiatrique a été décrit (âgé de 10 ans).
Dans la littérature, il n’existe pas de facteurs de risque de développement de tumeurs de glandes salivaires clairement définis. Dans nos 15 cas présentés, on a constaté également une absence de facteur de risque particulier.
Strick M. et coll (2004) [13] ont rapporté que dans la majorité des larges séries d’études rapportées dans la littérature, l’adénome pléomorphe, le cystadénome, l’adénome canaliculaire, le carcinome mucoépidermoïde, et le carcinome adénoïde kystique sont les plus répandues des tumeurs des glandes salivaires accessoires .
Une étude tunisienne (2008) menée par Moatemri [14] dans le service de chirurgie maxillo-faciale au CHU de sousse a rapporté que l’adénome pléomorphe est de loin le type histologiue le pus fréquent (47 %) suivi du carcinome adénoide kystique (9,6%) et le carcinome mucoépidermoide (6,4 %).
Dans notre série, l’adénome pléomorphe a été de loin le type histologique le plus fréquent (53 %) suivi du carcinome mucoépidermoide (13 %).
Le palais apparaît comme le site de prédilection des tumeurs des GSA[7, 15].Pires et coll. (2007) [9] ainsi que Toida (2005)[10], a rapporté que le palais était le site le plus atteint, suivi des lèvres puis du reste de la muqueuse buccale (annexe 5). Dans notre série, le palais osseux a été le site de préférence des tumeurs (33 %) suivi du voile du palais, les lèvres et l’oropharynx (13 %).
Comme dans notre série, la tuméfaction représente le motif de consultation le plus fréquent dans toutes les séries. Selon Jaber [8], la tuméfaction a été le signe révélateur le plus fréquent (59 %), suivi des aphtes buccaux (21 %), douleurs (12 %) et autres signes (8 %). Selon Auriol et Charpentier [16], les tumeurs malignes se manifestent par une simple sensibilité ou des douleurs, une ulcération plus ou moins hémorragique, une adénopathie. Dans notre série, la douleur a été relativement fréquente (40 %).
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