Chaque année dans le monde, l’épidémie de tabagisme tue plus de 7 millions de personnes (1). L’OMS estime également que le tabac a tué prématurément 100 millions de personnes au XXe siècle et qu’il en tuera probablement un milliard au XXIe siècle si rien n’est fait (2). La consommation de tabac est ainsi l’une des plus graves menaces qui ayant jamais pesé sur la santé publique mondiale, et la lutte contre cette épidémiologie devient un combat international prioritaire pour l’OMS qui appelle les Etats à renforcer les mesures antitabac (1).
Les nombreux plans de lutte contre le tabac mis en place par les gouvernementsn’ontpas d’impacts significatifs, le sevrage des patients fumeurs n’est pas aisé ainsi de nouveaux produits de substitution dont le rapport bénéfice/risque pourrait être favorable sont apparus sur le marché plus récemment, et c’est là que la cigarette électronique fait son entrée : Un dispositif électrique destiné à simuler l’acte de fumer une cigarette classique sans la combustion de tabac. Elle génère un brouillard de fines particules appelé « e-vapeur » destiné à être inhalé en vaporisant un mélange appelé « e-liquide », qui peut être aromatisé et contenir ou non de la nicotine (3)(4). Brevetée en 2005 en Chine, l’e-cigarette est commercialisée à grande échelle comme une aide au sevrage tabagique ou comme un substitut du tabac moins nocif pour la santé. Et selonun organisme de recherche spécialisé dans les habitudes de consommation, Euromonitor, les ventes de cigarettes électroniques dans le monde en 2012 ont atteint 2 000 millions d’euros avec une consommation de 7 millions de vaporisateurs. Au Maroc, nous n’avons aucune statistique quant au nombre exact des utilisateurs de l’e-cigarette.
La vie juridique qui entoure la cigarette électronique a jusqu’ici favorisé l’essor du marché et le produit lui-même. Sauf qu’en 2014, l’OMS a invité ses Etats membres à réglementer ou à interdire l’e-cigarette en préconisant qu’elle soit soumise aux mêmes restrictions que tous les autres produits contenant de la nicotine dans la mesure où aucune preuve scientifique n’a été convaincante à ce jour (5). Aucun pays, ne recommande donc pas – officiellement – l’usage de la cigarette électronique en tant que dispositif médical de sevrage tabagique et certains pays (l’Argentine, l’Australie, le Brésil, Hong-Kong, Singapour…) le considèrent comme un produit illicite, d’autres comme l’Arabie Saoudite et Israël envisagent une interdiction (6). Au Maroc, à ce jour, rien n’interdit l’usage de la cigarette électronique en tant que produit de consommation courante, dans n’importe quel lieu : Il est donc tout à fait licite d’importer les cigarettes électroniques et les liquides, et la vente de ces derniers, quel que soit leur teneur en nicotine. Et il serait quand même étonnant que l’on se préoccupe aujourd’hui alors que le tabac est encore un grand problème surtout que la loi n°15-91 interdisant la publicité et la consommation du tabac dans les lieux publics peine toujours à être appliquée .
Les connaissances scientifiques ne permettent toujours pas d’établir formellement la dangerosité de la cigarette électronique (7): On connait encore peu de choses de l’impact sur la santé de ce dispositif devenu populaire ces dernières années, chose qui divise fortement le milieu médical : Certains professionnels de santé encouragent l’utilisation des e-cigarettes qui sont d’après eux moins nocifs que les cigarettes (8), d’autres, au contraire, sont plus réticents (7). Et selon, l’OMS, même si aucune conclusion ferme ne peut être dressée sur la sécurité des cigarettes électroniques, il y’a un ensemble croissant d’évidences indiquant un risque pour la santé. De ce fait, le succès de la cigarette électronique auprès des patients soulève autant d’espoirs que d’incertitudes: vapoter, est-il vraiment dangereux pour la santé? Nous tenterons de répondre à cette question au cours de ce travail d’étude qui a été fortement motivé par de nombreux questionnements de vapoteurs au cours de nos consultations de sensibilisation contre le tabac et dans notre entourage.
Nous nous sommes donc intéressés à l’étude des effets indésirables avérés et potentiels de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique au niveau de la ville de Marrakech en 2016. L’intérêt de ce travail de recherche permet non seulement de suggérer des associations entre les variables liées aux différents profils et usages des utilisateurs de l’e-cigarette et effets indésirables de la cigarette électronique mais il réside également dans la nécessité de poursuivre les recherches concernant la nocivité ou l’innocuité à long terme du produit, l’élaboration des conseils d’utilisation à destination des professionnels de santé et de proposer de nouveaux contrôles sanitaires et sécuritaires des méthodes de fabrication de la cigarette électronique. Enfin, il nous parait également important de savoir reconnaitre et prendre en charge une addiction à la cigarette électronique au même titre que les autres addictions.
Contenant de la cigarette électronique
La cigarette électronique comporte trois éléments principaux, contenus dans une enveloppe plastique ou métallique :
– une batterie ;
– un atomiseur qui permet de vaporiser l’e-liquide ;
– une cartouche contenant l’e-liquide et/ou un support imbibé d’e-liquide.
Actuellement, il existe trois types d’e-cigarettes :
– « Cigalike » : elles ont l’aspect et la taille d’une cigarette classique et contiennent une petite batterie (jetable ou rechargeable) associée à un cartomiseur (cartouche + atomiseur). Les modèles «cigalike » plus récents ont plus d’autonomie et des cartomiseurs remplaçables.
– E-cigarettes de deuxième génération : elles ont des batteries rechargeables (de type « Ego ») plus performantes que les premiers modèles associées à des cartouches remplaçables ou des réservoirs de type « tank », qui peuvent être rechargés avec des e-liquides vendus séparément. Plus récemment, de nouveaux dispositifs ont fait leur apparition : les « MOD » (pour modifications). Leurs composants sont interchangeables et leurs batteries permettent de moduler le voltage et la puissance délivrée à l’atomiseur .
– Les modèles de troisième génération : ce sont des modèles plus perfectionnés, avec des batteries rechargeables de très haute capacité et des réservoirs plus gros (contenant jusqu’à 10 ml). Ces modèles sont le plus souvent reconstructibles, c’est- à-dire que l’utilisateur combine lui-même les différents éléments pour construire son appareil.
Anatomie de la cigarette électronique :
La batterie (ou pile) :
Les batteries des cigarettes électroniques sont rechargeables, sauf sur les rares modèles d’e- cigarettes jetables. Ces batteries rechargeables sont principalement de type Lithium-Ion et fonctionnent comme des accumulateurs à basse tension. Elles peuvent être rechargées de 300 à 700 fois selon les modèles. Leur tension nominale est comprise entre 3,0 et 6,0 volts en pleine charge et peut être réglable selon les modèles (9) ; il est aussi possible de monter deux accumulateurs en série pour générer jusqu’à 8,0 volts (10). La quantité d’électricité délivrée (capacité en milliampères-heure) est très variable selon les modèles, allant de 150 à 3500 mAh (pour les MOD), et de 650 à 1300 mAh pour les modèles utilisés.
Les batteries peuvent intégrer un interrupteur contacteur, un coupe-circuit (sécurité), une diode électroluminescente (LED) et un dispositif de recharge par USB. Pour limiter les risques de surchauffe, de plus en plus de modèles ont une ouverture dans l’enveloppe et une sécurité électronique qui coupe automatiquement le courant après 10 secondes .
L’atomiseur (ou « vaporisateur ») :
L’atomiseur est le petit élément qui contient la résistance de la cigarette électronique, il permet de chauffer l’e-liquide pour le convertir en e-vapeur. Il est constitué d’une spirale ou d’un treillis métallique (principalement en kanthal, acier inoxydable, cuivre, nickel, chrome ou alliages) et d’un support pour acheminer l’e-liquide. La résistance des cigarettes électroniques varie de 1,25 à 2,8 ohms dans les modèles les plus utilisés. Il est possible de monter deux résistances en parallèle (« dual-coil ») pour obtenir des résistances plus basses (<1 ohm). Au fil du temps, le filament ou la tresse de l’atomiseur se couvre de dépôts et doit être changé ou nettoyé régulièrement.
L’atomiseur est activé :
– soit manuellement par un contacteur que l’on actionne sur l’e-cigarette (dans la plupart des modèles actuels) ;
– soit automatiquement par une micro-valve sensible à la dépression provoquée par l’inspiration lorsque l’utilisateur tire une bouffée.
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