Afin d’acquérir des connaissances approfondies en lien avec la question de recherche, trois concepts théoriques sont analysés. En premier lieu, le thème de la population cible est abordé, à travers trois pathologies psychiques, que sont la schizophrénie, le trouble bipolaire et le trouble borderline. Dans cette partie, il est démontré comment les symptômes de la maladie influent sur l’insertion professionnelle, mais également quels sont les obstacles que doivent quotidiennement surmonter ces personnes. La seconde partie est en lien avec les possibilités d’insertion offertes dans le premier marché et le marché complémentaire pour les personnes vivant avec un handicap psychique. Dans la troisième partie de ce cadre théorique sont abordées les compétences de l’éducateur dans l’insertion professionnelle de cette population.
Des troubles psychiques : schizophrénie, trouble bipolaire, trouble borderline
Le domaine du handicap psychique est un domaine complexe et varié. Les personnes souffrant de troubles psychiques peinent à trouver un travail qui correspond à leurs attentes, car elles ont besoin d’un environnement adapté et d’un accompagnement soutenu.
Dans un souci de déterminer les raisons de la nécessité d’un accompagnement vers la réinsertion professionnelle, il convient en premier lieu d’acquérir des connaissances sur les troubles psychiques et leur manifestation.
Le handicap psychique est défini par « un dysfonctionnement de la personnalité caractérisé par des perturbations graves, chroniques ou durables du comportement et de l’inadaptation sociale » (ZRIBI, 2003). Le handicap psychique regroupe une infinité de maladies. Il est complexe, que ce soit dans la connaissance de son origine et de ses causes, mais également dans les conséquences personnelles et environnementales. En effet, le handicap psychique a un impact sur tout ce qui compose la sphère de la personne.
« Le trouble psychique ne touche pas une partie de soi, mais il touche la personnalité dans son ensemble. Il met donc en cause l’identité de la personne, la blesse ; sa nature est souvent l’objet d’un déni par la personne elle-même, parfois par une partie de son entourage (…). Les causes du handicap sont diverses : troubles dépressifs graves, états psychotiques ou névrotiques, états limites, détérioration mentale liée à l’âge, à des intoxications ou à des affections neurologiques. » (CHARZAT, 2002, p.5)
Avant de se pencher sur les caractéristiques des troubles psychiques, il est intéressant de connaître et comprendre les structures de la personnalité. Chaque individu, du fait de son environnement, de son fonctionnement biologique, de son hérédité, de ses relations ou encore de son expérience, développe une personnalité qui lui permet de vivre autour des siens, dans la société à laquelle il appartient. Cependant, il est doté également de certaines fragilités, qui l’amènent, selon certaines caractéristiques, à décompenser ou non. La psychogénèse (qui peut se définir comme l’étude et l’évolution du phénomène psychique) est importante afin de déterminer quels stades du développement humain sont à prendre en considération afin de pouvoir identifier le moment du phénomène psychique à étudier.
A travers trois maladies psychiques, que sont la schizophrénie, le trouble bipolaire et le trouble borderline (chacune de ces maladies touchant 1 à 2% de la population mondiale), nous verrons comment la manifestation de la maladie influe sur les comportements, pensées et émotions des personnes.
La schizophrénie
Définition
La schizophrénie est une maladie psychique chronique, persistante, qui apparaît durant l’adolescence même s’il est possible qu’elle se développe durant l’enfance ou l’âge adulte. Elle peut être défini comme une « pathologie de la relation au sens où la transmission de la pensée, des émotions et des affects est perturbée. Le patient ne pouvant pas filtrer les évènements de façon cohérente et structurée à cause d’un déficit instrumental neurologique » (DE NAYER, 2001). Le terme « schizophrénie » trouve son origine dans les travaux de BLEUTER (1911): schizophrénie provient du grec « schizo » (séparé) et « phrên » (esprit), signifiant « séparation du cerveau ». Cette maladie est considérée comme une des 10 maladies les plus invalidantes car ses symptômes entravent le fonctionnement social et professionnel de l’individu. Elle a un impact important sur la trajectoire développementale et l’avenir du patient, et est considérée comme un obstacle à une insertion sociale et professionnelle.
Symptomatologie/ description clinique
Le délai entre les premiers symptômes et le diagnostic est souvent compté en années, en premier lieu du fait d’une méconnaissance de ces symptômes par la famille, difficiles à déceler aux premiers stades de la maladie, et en second lieu par l’apparition de symptômes de troubles bipolaires ou de consommation abusive de substances qui peuvent s’apparenter aux symptômes de la schizophrénie. Trois grandes catégories de symptômes sont présentées ci-dessous (SOLIOZ, 2013) :
1. Les symptômes positifs (ou florides) sont des choses qu’il y a en trop : nous trouvons principalement dans ces symptômes les idées délirantes (idées de persécution, de possession) et les hallucinations. « Il s’agit de perceptions sans objet: elles sont le plus souvent auditives, olfactives, gustatives et cénesthésiques (corporelles) » (LLORCA, 2004, p.6). Ces hallucinations sont fréquemment à caractère religieux ou de persécutions.
2. Les symptômes négatifs sont regroupés en 4 catégories : l’émoussement affectif (difficultés à exprimer ses émotions, émotions absentes, enfouies), l’alogie (peu ou trop de paroles), l’avolition (manque de motivation), et l’anhédonisme (absence de plaisir).
3. Les symptômes de désorganisation ont également une grande importance dans la définition de la maladie : la communication est frustrante (discordance entre le langage verbal et le langage non-verbal), la pensée illogique, et le discours hors de propos. Sur le plan moteur, les mouvements sont désorganisés, catatoniques.
Le trouble bipolaire
Le trouble bipolaire est utilisé depuis les années 1980, et a été énoncé dans les classifications de l’OMS en 1992. Cependant, la maladie n’est pas récente. Hippocrate, au 5 ème siècle avant J.C., fut un des premiers à décrire une pathologie qui est définie par une transformation de la manie en folie. En 1899, Emil Kraepelin, médecin allemand, donne un nom à ce trouble : la maladie maniaco-dépressive, qui, plus tard, deviendra le trouble maniaco-dépressif, avant d’être appelé le trouble bipolaire.
Le trouble bipolaire est un trouble de l’humeur, caractérisé par une variation anormale de l’humeur: phases d’alternance de périodes d’excitation (phase maniaque ou hypomaniaque) et de dépression (phase dépressive). Ce terme trouve son origine dans le fait que les symptômes de la maladie sont regroupés entre deux pôles, ceux de la manie et ceux de la dépression. L’impact sur la vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle est la conséquence des changements dans l’humeur de l’individu.
1. L’UTILITÉ D’UN ÉDUCATEUR SOCIAL DANS LA RÉINSERTION PROFESSIONNELLE DES PERSONNES EN |