En préambule, il me semble judicieux de commencer par un peu d’histoire. Voici quelques éléments qui nous permettront de comprendre depuis quand la notion de temps existe et ce que l’homme en a fait à travers les années.
Evolution
Le temps se mesure depuis l’Antiquité. L’homme a cherché petit à petit à évaluer son écoulement. Au fil des siècles, nous avons trouvé différents moyens de chronométrer les années, les saisons, les jours et les nuits.
L’une des motivations essentielles de la mesure du temps fut la subsistance. Les civilisations antiques usaient de calendriers pour savoir quand planter et récolter… . En l’absence d’horloges fiables la vie était rythmée par ce que les sociologues appellent « le temps naturel ». Les gens accomplissaient les choses quand ils l’estimaient bon et non parce qu’une montre au poignet leur en intimait l’ordre. Ils mangeaient lorsqu’ils avaient faim et dormaient quand la fatigue les gagnait. (Honoré, 2004, p. 31)
La mesure du temps, qui ne date pas d’hier, est donc une pure invention de l’Homme. Voici deux outils que les Grecs utilisaient pour mesurer le temps (Chronos et Kaïros) :
Chronos, c’est le temps programmé, le temps linéaire, le temps répétitif, celui qui fait le jour, qui fait les saisons. C’est en quelque sorte un temps très prévisible et qui fonde le calendrier. Chronos nous permet d’avoir des rendez-vous, d’organiser notre agenda, de diviser notre semaine en travail et en loisirs : c’est à chronos qu’on fait référence quand on parle aujourd’hui de gestion de temps et d’atteinte des objectifs. Par ailleurs, les Grecs désignaient un autre temps pour le mot Kaïros. Kaïros, c’est l’occasion, l’événement qui vient déprogrammer chronos. Il y a, dans Chronos, un temps pensé, temps qu’on remplit d’avance avec le calendrier qu’on a, et, dans Kaïros, un temps vécu, inédit, irréversible, en rupture. (Pelletier, 2001, p. 8) .
L’homme d’autrefois accordait plus d’importance au temps Kaïros, qui représente l’imprévu et la spontanéité. Aujourd’hui, chronos a pris le dessus, dans notre façon d’aborder, de rythmer et d’organiser le temps qui passe. C’est donc notre rapport au temps qui a changé. Souvent, une sensation d’accélération se fait sentir dans notre société occidentale.
Combien de fois, dans la vie de tous les jours y compris en structure d’accueil de l’enfance, nous entendons: « Va vite te laver les mains, je vais vite aux toilettes, je vais vite téléphoner ». Ou encore des propos comme : « Je n’ai pas assez le temps, le temps passe trop vite, etc. ». À combien de reprise dans nos journées, sommes nous en train de nous occuper de plusieurs éléments en même temps ?
Effectivement, cette sensation d’accélération est devenue une réalité et concerne chacun d’entre nous. Tentons alors de comprendre depuis quand, nous ressentons cette augmentation de la cadence de la vie.
L’accélération des rythmes
En guise d’introduction à son ouvrage intitulé: « Accélération, une critique sociale du temps », Harmut Rosa (2010), un sociologue et spécialiste de la question d’accélération, a écrit le passage qui suit :
Patience, avait jadis besoin de 6h de marche pour annoncer une nouvelle à son ami de la ville voisine. Lorsque la technologie est arrivée, il lui suffisait de décrocher le téléphone quelques minutes, ce qui lui laissait le temps de faire une sieste ou d’aller nager dans la mer. Au lieu de recopier des livres à la main, il fallait seulement appuyer sur le bouton de la photocopieuse. Plus besoin de passer des journées à couper du bois, le chauffage automatique se chargeant de chauffer la maison en hiver. Du coup, Patience avait enfin le temps de s’asseoir dans son jardin, de discuter avec sa femme et de faire de la musique. Il était heureux car il avait gagné du temps. (p. 5)
Ce passage me semble significatif en ce qui concerne l’évolution de la société quant à son rapport au temps. Les progrès de la société nous simplifient la vie à plusieurs niveaux et cela est fort louable. Effectivement, les technologies nous permettent de « gagner » énormément de temps. Estce qu’aujourd’hui, chacun d’entre nous parvient il à profiter de ce temps à disposition de la même façon que ce monsieur Patience ?
Quel est le déclencheur de cette augmentation du rythme de nos quotidiens ? Dans une revue de recherche, l’auteure d’un article sur l’accélération nous donne l’explication suivante :
Depuis que l’homme, pour se déplacer, a remplacé ses jambes par celles d’un cheval, puis par les roues d’une diligence, d’un train, d’une voiture ou les réacteurs d’un avion ou d’une fusée… . Cette accélération de la vitesse de déplacement a entraîné dans son sillage toutes les activités humaines… . La vitesse s’est rapidement métamorphosée en manière de penser, de pratiquer, de quantifier et de qualifier l’évolution de la société. (Grimm-Gobat, 2011, p. 8) .
Effectivement, la vitesse des transports et de la communication a accéléré nos rythmes de vie. De plus, l’ère industrielle, la société de consommation, le capitalisme, l’urbanisation et les avancées technologiques nous poussent à agir à un rythme effréné, même dans des situations comme les divorces ou les déménagements. Certains auteurs relèvent le fait qu’aujourd’hui, cette accélération amène une sensation d’urgence, dans nos façons d’aborder le quotidien.
Dans son ouvrage intitulé « Le culte de l’urgence », Nicole Aubert (2009), sociologue et psychologue, relève passablement d’éléments concernant l’accélération des rythmes de vie. En voici quelques exemples :
Nos sociétés occidentales vivent une mutation radicale dans leur rapport au temps. Les deux nouvelles mesures du temps sont désormais l’urgence et l’instantanéité, en raison de la mondialisation économique et financière et du développement des nouvelles technologies… .
La logique du marché, la mondialisation de l’économie et la révolution de l’instantanéité, rendue possible par les technologies de la communication, expliquent le règne de l’urgence et l’obligation de réagir « dans l’instant »… .Sur le plan individuel, cela se traduit par des individus qui veulent triompher du temps, en être maîtres. Or, les nouvelles technologies permettent de pouvoir réaliser ses désirs sans plus attendre, de jongler avec le temps, d’être joignable partout et tout le temps. Internet incarne la victoire de la technologie sur les limites du temps et de l’espace. Cela donne le sentiment de pouvoir rentabiliser le temps au maximum et de pouvoir le dominer. L’homme devient prisonnier du temps réel, avec l’exigence de réagir immédiatement… .
1. INTRODUCTION |
Bonjour ! J’ai besoin d’aide pour un thème de ma mémoire PFE concernant l’ administration financière j’ai une idée sur la digitalisation et l’allègement des procédures au niveau de l’administration à Madagascar . merci pour votre conseil !