Le trouble de la personnalité borderline est défini par l’APA (2013) comme étant un modèle général d’instabilité au niveau des relations interpersonnelles, de l’image de soi, de l’affect et marqué par de l’impulsivité qui commence dès l’âge adulte [traduction libre] (p. 663). Selon Carros (2009), « la notion d’état-limite est utilisée dès 1884 pour décrire des troubles mentaux qui ne relèveraient ni de la névrose, ni de la psychose, mais qui se situeraient à la frontière » (p. 26). Toujours selon Carros, « vers la fin des années 1980, le trouble de la personnalité borderline a été intégré comme maladie psychique dans les systèmes de classification utilisés en psychiatrie» (2009, p. 7). Le terme « borderline » se traduit par la « ligne frontière ». Cette traduction rejoint la définition de Carros de la limite : « la limite, c’est le chemin de traverse, la lisière, la frontière, la ligne de démarcation. En mathématique, on peut s’y approcher indéfiniment, sans jamais pouvoir la surpasser. […] La limite, en tant que garante de bornes, est donc structurante » (2009, p. 26).
D’après l’Institut universitaire en santé mentale Douglas (2013) :
Le trouble de la personnalité limite (TPL) ne peut pas être attribué qu’à un seul facteur. Toutefois, il est possible que des facteurs environnementaux et génétiques jouent un rôle dans le développement des symptômes. Les résultats de la recherche semblent démontrer que de nombreux individus atteints de TPL présentent des antécédents d’abus physique ou psychologique, ont souffert de carence affective ou de séparation tôt dans l’enfance, et qu’ils ont subi des événements stressants à l’âge de l’adolescence ou adulte. Cependant, plusieurs personnes atteintes d’un TPL n’ont pas subi d’abus, de négligence ou d’événement stressant.
Selon Zanarini, Frankenburg, Reich, Silk, Hudson et McSweeney (2007), il existe plusieurs symptômes qui sont dit « aigus » ou plus durables dans la maladie, ces principaux symptômes sont de l’impulsivité, de la colère (qui se manifeste le plus fréquemment par des automutilations), de l’anxiété, la difficulté à gérer les relations interpersonnelles qui peuvent mener à un sentiment d’abandon et à des problèmes de dépendances. L’instabilité se manifeste dans les relations amicales, amoureuses, dans les comportements sexuels ou encore dans les valeurs propres à la personne. Leurs desseins professionnels ou de carrière en sont parfois modifiés. Enfin, les personnes atteintes du trouble borderline sont sujettes à un sentiment de vide intérieur et/ou d’ennui. De plus, elles se sentent incomprises par leur entourage. Afin de résumer cela, Pinkofsky (1997) a proposé un moyen mnémotechnique sous forme d’acronyme afin de présenter les symptômes principaux du trouble de la personnalité borderline: A.M SUICIDE.
A : abandonment : abandon
M : mood instability : humeur instable (réactivité de l’humeur marquée)
S : suicidal behavior : comportement autodestructeur
U : unstable and intense relationships : relations instables et intenses
I : impulsivity : impulsivité
C : control of anger : maîtrise de la colère
I : identity disturbance : trouble de l’identité
D : dissociative symptoms that are transient and stress related : symptômes dissociatifs qui sont transitoires et liés au stress
E : emptiness (chronic feelings of) : sentiment chronique de vide. [traduction libre] (p. 1198) .
Comme pour la plupart des troubles psychiatriques, les traitements comportent deux grands axes :
psychothérapeutiques et pharmacologiques. Ceux-ci sont essentiels dans le processus de rétablissement et sont interdépendants. De plus, il a été recommandé que le pilier du traitement pour le trouble de la personnalité borderline doit être la psychothérapie (Dean, 2001 ; APA, 2001 ; Krawitz & Watson, 2003). Le traitement psychothérapeutique, qu’il soit individuel ou en groupe, pour Zinder, Dermirici et Kollate (2014) :
Permet à plus de 50% des personnes concernées de se rétablir et a un effet bénéfique sur de nombreuses autres, en leur permettant de mieux contrôler les symptômes tels que les changements d’humeur, les sentiments de colère intense, les comportements d’automutilation ou les pensées suicidaires (p. 19).
Selon Knuf (2014) :
À ce jour, plusieurs traitements sont considérés comme particulièrement efficaces : les plus connus sont la thérapie comportementale dialectique (TCD) et la thérapie focalisée sur le transfert (TFT). Cependant, d’autres études en cours soutiennent également l’efficacité de certaines interventions telles que la thérapie basée sur les schémas (TBS) et la thérapie basée sur la mentalisation (MBT) qui font partie de certains programmes de prise en charge dans des institutions romandes (p. 19).
La Société Suisse de Thérapie Comportementale et Cognitive (n.d.) soulève que :
Il n’existe pas de médicaments spécifiques pour traiter le trouble borderline. Le but de la TCD est d’amener le patient à maîtriser lui-même son problème à l’aide de ses propres compétences. Par contre, il est possible de soulager certains symptômes par une médication. C’est pourquoi, plus particulièrement en début de traitement, des médicaments peuvent être ordonnés pour diminuer les états de tension, les tendances à la dissociation ou améliorer le sommeil ou encore combattre un trouble parallèle tel que la dépression par exemple. On évitera toutefois la prescription de médicaments provoquant une dépendance, comme la benzodiazépine, qui risquent de compromettre durablement les facultés d’apprentissage et la volonté de développer des compétences pour faire face aux propres problèmes.
Les différentes psychothérapies et la question pharmacologique ne seront pas détaillées davantage dans ce travail.
Un grand nombre de personnes atteintes de trouble de la personnalité borderline sont affectées par des comorbidités. Ainsi, selon Biskin et Paris (2013), d’autres troubles psychiques, notamment les troubles de l’humeur, touchent jusqu’à 96% des patients ayant des troubles borderlines. Sont aussi reportés de fréquents troubles dépressifs (de 71 à 83% des patients), des troubles anxieux (jusqu’à 88% des patients atteints de troubles borderlines). De plus, 47 à 56% des personnes présentent un état de stress post-traumatique. Enfin, l’abus ou même la dépendance à l’alcool ou à diverses substances sont associés aux troubles de la personnalité limite dans 50 à 65% des cas. On trouve aussi des troubles du comportement alimentaire, des troubles paniques, des difficultés de sommeil ou encore d’autres troubles de la personnalité mais dans une moindre mesure.
Concernant l’évolution et le pronostic du trouble borderline, dans les symptômes dits « aigus » (automutilations, actions et menaces suicidaires, relations instables et dévalorisations), Zanarini et al. (2007) relèvent que lors d’un traitement approprié, les symptômes se résorbent en 6 mois. Un taux de 95% de rémission complète est atteint après 16 ans de suivi rigoureux du traitement préconisé. La diminution de ces symptômes est valorisant pour les patients et les motive dans la poursuite du traitement. Selon Gunderson (2011), toutes les thérapies psychothérapeutiques ont prouvé une efficacité supérieure aux soins habituels. En effet, une réduction de 80 à 90% des besoins d’autres traitements et une diminution de 50% des épisodes d’automutilation et de tentamen ont été observées.
1. Introduction |