En 2011, la prévalence de la surdité chez les enfants était de 1 à 6 pour 1000 (Rajendran et Roy, 2011). 800 millions d’entre eux avait une surdité inférieure à 50 dB (Rajendran et Roy, 2011). De ce nombre, certains développent un retard de développement moteur qui peut devenir vite handicapant. Pour la surdité provenant d’une origine neurosensorielle, 20 à 85 % des enfants acquièrent un retard de développement moteur comparé à des enfants normo-entendants (Maes, De Kegel, Van Waelvelde et Dhooge, 2014). La plupart des pertes auditives neurosensorielles sont idiopathiques et ont une prévalence deux fois plus élevée dans les pays développés (Rajendran et Roy, 2011).
De plus, The American Speech-Language-Hearing Association reporte que 3% des nouveaux nés naissent avec une déficience auditive neurosensorielle, et que ce nombre augmente pour atteindre les 6% en grandissant. Des déficits du système vestibulaire se retrouvent chez environ 70% de ces enfants, dont, pour 20 à 40% d’entre eux, il y aurait une atteinte vestibulaire bilatérale sévère. En effet, Effgen (1981) affirme que 50% des enfants sourds ont une problématique vestibulaire associée. Ainsi, les déficiences vestibulaires entraînent des déficits d’équilibre et un retard de développement moteur (Maes et al. 2014). D’ailleurs, Rajendran et Roy (2011) émettent comme hypothèse que le déficit vestibulaire est la première cause de retard de développement moteur pour cette population. Malgré ces observations, il n’existe toujours pas de dépistage automatique des déficits de développement moteur pour cette population. De plus, l’efficacité du traitement mis en place pour de tels déficits reste largement inconnue.
Anatomie et physiologie du système auditif
Description de l’oreille
L’oreille est déclinée en 3 parties : l’oreille externe, l’oreille moyenne et l’oreille interne. L’oreille externe est composée principalement du pavillon et du conduit auditif externe, l’oreille moyenne, des osselets (marteau, enclume et étrier), et finalement, l’oreille interne, des labyrinthes osseux et membraneux (canaux semi-circulaires et cochlée). Le tympan permet le passage entre l’oreille externe et moyenne, tandis que la fenêtre ovale constitue le point d’entrée de l’oreille interne depuis l’oreille moyenne (Marieb, Hoehn, Moussakova et Lachaîne, 2010) .
De plus, l’oreille est le lieu de deux fonctions fondamentales à l’humain : l’audition et l’équilibre. Ces fonctions sont assurées par la périlymphe et l’endolymphe présentes dans les labyrinthes osseux et membraneux de l’oreille interne. Ces deux substances transmettent les vibrations sonores pour l’audition et réagissent aux forces mécaniques produites lors des changements de position et de l’accélération du corps pour l’équilibre (Guiraud, 2007).
Mécanisme de l’audition
L’audition se fait en 3 grandes étapes :
1) Orientation des ondes sonores par le pavillon dans le méat acoustique externe (oreille externe).
2) Transmission des ondes sonores du milieu aérien au milieu liquide ainsi qu’aux structures de la cochlée .
3) Réception des ondes par l’organe de Corti et transmission au cortex auditif primaire.
La 3ème étape fait référence à la transmission nerveuse de l’audition : le nerf cochléaire (ramification du nerf vestibulo-cochléaire) est excité par l’organe de Corti et transmet ses afférences au ganglion spiral de la cochlée, puis aux noyaux cochléaires du bulbe rachidien et ensuite au noyau olivaire supérieur. La voie auditive passe ensuite par le lemnisque latéral, le colliculus inférieur, le noyau géniculé médial pour arriver au cortex auditif primaire (Marieb et al. 2010). Ainsi, un dommage à l’organe de Corti ou au nerf vestibulo-cochléaire entraîne une déficience neurosensorielle (Rajendran et Roy, 2011).
Anatomie et physiologie du système vestibulaire
Tout comme le système auditif, le système vestibulaire est logé dans la cavité de l’os temporal. Il est divisé en deux parties : le système vestibulaire central (SVC) et le système vestibulaire périphérique (SVP). (Stokes, 2004).
Le SVC est composé des noyaux vestibulaires. Ce dernier transmet les informations sensorielles par le nerf vestibulo-cochléaire au cortex auditif primaire. Ces noyaux innervent directement les motoneurones responsables du contrôle des muscles posturaux, des muscles extra-oculaires ainsi que des muscles du cou. Leur rôle est de maintenir la stabilité du corps (Purves, 2005).
Le SVP est constitué des labyrinthes osseux et membraneux. Le labyrinthe osseux est divisé en canaux semi-circulaires, vestibule et cochlée. Le labyrinthe membraneux tapisse le labyrinthe osseux et forme le conduit cochléaire ainsi que les deux organes otolithiques (saccule et utricule). Enfin, le labyrinthe membraneux est tapissé d’un épithélium sensitif, de même composition, qui joue un rôle de transducteur autant dans l’audition que dans le maintien de l’équilibre (vestib.org, 2009). Le saccule, l’utricule et les ampoules (bases des canaux semi-circulaires) sont faits de maculas .
Les maculas sont les organes récepteurs de l’équilibre qui encodent les changements de position de la tête et réagissent à la force de gravité (Marieb et al. 2010).
Le système vestibulaire a deux grandes fonctions : une première qui consiste à stabiliser l’image sur la rétine lors des mouvements grâce au réflexe vestibulo-oculaire et, une seconde qui correspond au maintien du tonus postural et de l’équilibre grâce au réflexe vestibulo-spinal. Une troisième fonction peut aussi lui être attribuée : celle de l’intégration des différentes afférences sensorielles au niveau des noyaux vestibulaires qui jouent un rôle dans l’insertion du corps dans l’espace. Les organes du système vestibulaire évoluent et deviennent matures lorsque l’enfant atteint l’âge de 15 ans (Maes et al. 2014).
Cette citation de Maes et al. (2014) résume bien le rôle du système vestibulaire : « La fonction vestibulaire joue un grand rôle dans la perception des changements de positions du corps et dans la construction de l’espace égocentré. » .
1 Introduction |