Diagnostic biologique
Prélèvements
La qualité des prélèvements, effectués autant que possible au laboratoire, et des renseignements cliniques conditionnent la pertinence des résultats bactériologiques. Les prélèvements effectués au laboratoire, par le biologiste permettent de noter l’aspect des lésions et des leucorrhées (en particulier l’aspect et l’odeur évocateurs d’une vaginose ou d’une candidose). Quelle que soit la bactérie recherchée, il est nécessaire de recueillir par écouvillonnage un maximum de sérosité et de cellules. Chez la femme, l’une des précautions majeures dans le diagnostic des infections hautes visera à éviter les contaminations de l’échantillon par les germes du bas appareil. Les sites anatomiques susceptibles de contenir des bactéries plus fragiles (gonocoque, Chlamydia) doivent être prélevés, non pas avec des écouvillons à extrémité en coton, mais à l’aide d’écouvillons à extrémité en dacron ou en alginate. Ces derniers doivent être placés dans un milieu de transport.
Prélèvement dans les deux sexes En présence d’urétrite – Pour la recherche de gonocoque, prélever le pus urétral à l’écouvillon en dacron ou en alginate et le placer dans un milieu de transport de type Stuart. – Pour la recherche de Chlamydia trachomatis, utiliser un écouvillon ayant une extrémité plastique sous forme d’ogive rainurée ou une brosse stérile (chez la femme) ou un écouvillon en dacron ou en alginate monté sur tige plastique (chez l’homme et la femme).
Prélèvement du tractus génital chez la femme (enceinte ou non) Chez la femme, les prélèvements génitaux se font sous spéculum avec un éclairage adapté. – Recherche de cervicite due à une IST Pour la recherche de gonocoque, prélever le col à l’aide d’un écouvillon en dacron ou en alginate et le placer dans un milieu de transport de type Stuart. Pour la recherche de Chlamydia trachomatis, nettoyer d’abord correctement l’exocol avec un écouvillon ou un tampon stérile imbibé d’eau physiologique stérile. Puis prélever l’endocol avec un écouvillon plastique ayant une extrémité sous forme d’ogive rainurée ou avec une brosse stérile ou avec un écouvillon en dacron. L’écouvillon ayant servi au prélèvement est retiré en évitant tout contact avec les parois du vagin. La recherche de gonocoque et de Chlamydia trachomatis doit être systématique en cas de cervicite en raison du portage asymptomatique de cette bactérie chez la jeune femme. La présence de ces bactéries peut même n’occasionner aucune cervicite. – En présence d’une leucorrhée ou d’une vulvo-vaginite On procède à un écouvillonnage (extrémité en coton ou en dacron) des sécrétions des parois de la moitié inférieure du vagin jusqu’au vestibule et la vulve.
Prélèvements particuliers chez la femme enceinte
Streptococcus agalactiae est recherché au niveau du tiers vaginal inférieur lors de la dernière consultation avant la date prévue pour l’accouchement (34-35e semaine). Sa présence permet de mettre en place une antibiothérapie préventive au moment de l’accouchement. – En cas d’antécédents d’accouchement prématuré Effectuer un frottis vaginal à l’écouvillon de coton en début de grossesse pour la recherche systématique d’une vaginose. – En présence d’une vulvo-vaginite, d’une menace d’accouchement prématuré ou d’une rupture prématurée des membranes Rechercher les principaux microorganismes à risque pour l’enfant : Streptococcus agalactiae, Escherichia coli, Haemophilus influenzae. – Suspicion d’infection chorioamniotique ascendante L’infection chorioamniotique ascendante commence par une colonisation de l’endocol. L’examen d’un prélèvement d’endocol correctement réalisé (sans contamination vaginale) peut permettre d’identifier la bactérie responsable de la colonisation, voire de l’infection. La technique de prélèvement est déterminante pour éviter les contaminations vaginales. Il faut d’abord nettoyer correctement l’exocol avec un tampon stérile et imbibé d’eau physiologique stérile, puis prélever l’endocol avec un écouvillon qui sera tourné plusieurs fois dans l’endocol et retiré en évitant tout contact avec les parois du vagin.
Examen bactériologique
Les renseignements cliniques et épidémiologiques, la description de la localisation des lésions et de leur aspect sont indispensables à l’orientation du diagnostic bactériologique. Cette orientation se traduit par le choix des techniques diagnostiques mises en œuvre : examen cytobactériologique, culture en conditions particulières, techniques de biologie moléculaire et examen sérologique. La recherche de bactéries anaérobies dans les prélèvements vaginaux ne présente généralement pas d’intérêt.
Examen microscopique L’examen cytobactériologique des prélèvements est fonction du contexte clinique. De façon systématique, une coloration de Gram sera réalisée sur tous les échantillons biologiques. – Vaginites, urétrites et cervicites L’examen microscopique à l’état frais, entre lame et lamelle, permet d’observer la présence de Trichomonas vaginalis ou de Candida albicans et de cellules vaginales superficielles recouvertes de très nombreuses bactéries (Gardnerella vaginalis et/ou anaérobies par exemple) avec disparition du contour visible de la cellule. Cette association caractéristique entre bactéries et cellules (cellule dites clue-cells) est spécifique des vaginoses. La coloration de Gram permet le diagnostic de candidose à Candida albicans et surtout d’étudier la flore bactérienne vaginale et son équilibre. Elle permet aussi d’observer chez les patients suspects de gonococcie, la présence de polynucléaire contenant des diplocoques à Gram négatif ; ces bactéries sont observées facilement à l’examen microscopique du pus urétral chez l’homme et plus rarement chez la femme dans un prélèvement de cervicite. Dans le cas des vaginoses, elle permet également d’observer la présence de Gardnerella vaginalis (bacilles à Gram variable) fixées sur les cellules vaginales, de Mobiluncus spp (Bactéries affectant la forme d’un coup d’ongle) et de morphotypes bactériens faisant évoquer des bactéries anaérobies strictes. Il est à noter que Mycoplasma hominis (non observable à la coloration de Gram) est aussi fréquemment associé aux vaginoses. – Vaginites Les microorganismes les plus fréquemment isolés au cours des vaginites sont Candida albicans, Trichomonas vaginalis. On y recherche aussi systématiquement Neisseria gonorrhoeae. En cas d’urétrite et de cervicite associée, on ajoute la recherche de Chlamydia trachomatis Il est important de savoir que Candida albicans peut exister chez des femmes totalement asymptomatiques.
– Vaginoses Le diagnostic de vaginose repose essentiellement, pour le clinicien, sur l’association de 3 des 4 critères suivants : présence de sécrétions homogènes dites « grisâtre », odeur d’amines de poisson renforcée par la potasse (test à potasse), pH >4,5, présence de « cluecells » à l’examen direct après coloration de Gram. A l’examen microscopique, on observe la présence de « clue-cells » accompagnées d’une disparition ou d’une réduction importante du nombre de bacilles à Gram positif de type Lactobacillus. Ces Lactobacillus sont remplacés par une flore dominante constituée de bactéries corynéformes à Gram variable et/ou de morphotypes bactériens évoquant des bactéries anaérobies et/ou de bacilles incurvés de type Mobiluncus (Tableau 2). En pratique, l’examen direct par la coloration de Gram permet le diagnostic de vaginose. La culture n’est pas utile pour réaliser ce diagnostic.